Bientôt, les élèves des classes intermédiaires et ceux des classes d’examens vont composer les différentes épreuves qui permettront leur admission en classe supérieure ou d’avoir le Brevet de Collège et le Baccalauréat. Il est encore temps pour ces derniers de se donner à fond dans les révisions afin de décrocher dignement leurs diplomes. Mais, ces élèves sont-ils prêts pour relever ce défi ? Loin de là car le danger est multiple et vient de tout côté.

Aujourd’hui, on ne cesse de décrier la baisse de niveau académique en Centrafrique. Le département de l’éducation nationale se confronte à plusieurs défis pour résoudre ce problème. Ce qui met en danger l’avenir du pays qui doit se tenir sur une ressource humaine qualifiante. Dommage que depuis les parents en passant par les élèves et les enseignants pour arriver chez le gouvernement, on note une chaine de complicité négative qui contribue malheureusement à la faillite de l’éducation nationale.

L’appui familial, le premier support à l’éducation nationale

La base de l’éducation est d’abord familiale. Les parents doivent donner le goût des études à leurs enfants en les mettant dans les conditions adéquates : Conseil, achat des fournitures, suivi de leur devoir à la maison et de leur bulletin des notes au niveau des enseignants et responsables académiques.  Ceci pour s’assurer si les enfants sont assidus et studieux.

Ce contrôle parental doit s’inscrire dans le cadre de la lutte contre la corruption et la fraude organisées parfois par les élèves en complicité avec certains enseignants. Les parents doivent apprendre à leur enfants qu’une chose est d’admettre en classe supérieure ou de décrocher un diplôme mais une autre chose c’est d’être compétent afin de se valoir sur le marché de l’emploi.

Les élèves et la conscience estudiantine

Ils sont d’ailleurs le centre de la galaxie éducative. Ils sont les premiers acteurs car c’est à cause d’eux qu’on parle d’école. Malheureusement, avec l’explosion de l’internet, les élèves sont dans une mauvaise pratique et de manière abusive sur les réseaux sociaux : Méta, WhatsApp, Instagram et surtout Tik-Tok. Ils y vont sur ces différentes plateformes que pour se livrer à des pratiques intimes, se dénuder, chercher des partenaires sexuels en exposant leur corps. Certains élèves sont tout le temps dans les bars dancings, dans des petits coins qu’ils appellent « QG » pour fumer de la cigarette ou la chicha. Par conséquent, ils n’ont plus le temps de participer aux cours, d’effectuer des exercices et d’étudier leurs leçons. Alors qu’ils devraient profiter pour passer du temps sur les moteurs de recherche (Google, Chrome…) pour compléter les leçons apprises à l’école.

D’ailleurs, après le moment de folie dans les QG, ils viennent pour se moquer des enseignants ou faire du bruit en classe et perturber le bon déroulement des cours.  Ces derniers n’ont pas peur ni honte de dire à l’enseignant « nos parents ont de l’argent, ils viendront payer pour favoriser notre admission à l’examen ».

Malheureusement c’est la vérité car certains parents sont doués dans cette mauvaise pratique. Ils sont les maîtres dans la confection des faux carnets ou bulletins des notes.

Les enseignants et les responsables académiques, les acteurs clés

Ils sont le moteur du système éducatifs, les enseignants, les responsables académiques sont encore des grands contributeurs dans la descente en enfer du système éducatifs centrafricains. Si certains n’ont pas le niveau, d’autres baignent dans la corruption et la pratique des Notes Sexuellement Transmissibles (NST). On s’interroge s’ils ont été réellement les ressortissants de l’Ecole Normale des Instituteurs ou de l’Ecole Normale Supérieure ? Ils encouragent vivement ces pratiques qui sont devenues leur moyen de gagner de l’argent ou de tirer le plaisir de leur libido.

On ne s’étonne pas de voir les élèves et leurs enseignants aujourd’hui dans les buvettes. C’est dans ces lieux qu’ils discutent sur les sujets des évaluations, du remplissage des bulletins de notes… Devant ces pratiques, nous sommes désarmés et on voit déjà au loin la grande chute du navire éducative qui coule silencieusement. Et, avec cette allure, les élèves seront-il à la hauteur des épreuves ? Ou bien c’est une stratégie pour les enseignants de tirer profit pendant les examens ? 

Le gouvernement face à sa responsabilité

De la présidence de la République, en passant par l’Assemblée nationale pour chuter à la Primature, tous les chefs de ces grandes institutions sont des enseignants. Mais, sont-ils au courant ou sont-ils des observateurs impuissants de ce qui se passe dans le domaine éducatif ? La réponse est oui mais juste qu’ils nous diront : « La prioritaire actuelle c’est la sécurité et non l’éducation ». C’est tristement le cas car les preuves attestent qu’il y a aucune volonté politique pour donner une chance à l’éducation de reprendre sa lettre de noblesse. Quand ils disent que :« La prioritaire actuelle c’est la sécurité », ont-ils oublié que ce sont eux qui créent « l’insécurité ?». C’est la mauvaise gestion, l’injustice, le mal gouvernance et la soif du pouvoir qui sont à l’origine des crises politiques dans le pays. Malheureusement, ces crises font mal encore à l’éducation nationale car les enfants ne peuvent pas aller à l’école sous les crépitements d’armes.

En outre, les écoles primaires et les établissements secondaires manquent des bibliothèques. Comment peut-on étudier si l’établissement ne dispose de temple des livres ni de connexion internet à l’ère du numérique ? Plusieurs observateurs et analystes du domaine éducatif ont mentionné aussi des déficits dans l’établissements des manuels et des programmes scolaires.  C’est un manque à gagner pour les élèves qui vont accumuler des insuffisances. Les établissements manquent des infrastructures et des table-bancs. Les enseignants ont un salaire de catéchiste. Le comble est que certains enseignants sont recrutés au niveau du Brevet des Collèges. Il suffit de faire un tour dans les Centres Pédagogiques Régionaux (CPR) à l’ENI de Bambari et à l’ENS de Bangui pour comprendre que longue est la nuit du système éducatif centrafricain. Si on veut parler du phénomène des « maîtres parents », c’est encore la descente en enfer.  

En bref,

Nous sommes dans les dernières minutes. Les examens arrivent au pas des géants. Tous les acteurs : les élèves, les parents, les enseignants et le gouvernement doivent se mobiliser pour sauver le système éducatif du pays. Il s’agit de l’avenir de la République. Les conséquences sont nombreuses car on compte plusieurs bras cassés dans la fonction publique. C’est le résultat de la baisse de niveau qui entraine le sous-développement du pays. Le manque d’une main d’œuvre qualifiés est la chute du pays. Le capital humain doit être au centre des réflexions.                                  

 Rayms Yanguere