Lors de l’assemblée générale des membres de la plateforme du syndicat des enseignants du fondamental 1 et 2 ainsi que de l’enseignement technique le samedi 18 février dernier à la bourse de travail  à Bangui, il a été question de prolonger leur grève pour huit jours à compter du mardi 21 février au 1er mars 2023. Mais, un préavis de grève doit être déposé ce lundi à la table du gouvernement.

Quelles en sont les raisons ?

Pour rafraîchir la mémoire,  ce syndicat était en grève de trois jours pour réclamer en principe du gouvernement Centrafricain la validation du statut particulier, mais par rapport à la situation difficile que traverse le pays, les autorités leur ont demandé de mettre leurs points de revendications dans un mémorandum qui prévoit le paiement obligatoire du  salaire de base des enseignants, l’augmentation de  l’indemnité des craies, de logements, des transports, de dépaysement pour les enseignants affectés en provinces, l’indemnité de recherche, de risque pour leurs collègues du Lycée Technique, l’indemnité des chefs de service, des directeurs de service et la mise en place d’un budget pour les enseignants lors de la surveillance des différents examens et concours…

Cette grève de trois jours avait paralysé les activités scolaires dans les établissements publics car le mot d’ordre est respecté sur toute l’étendue du territoire, nous a rapporté Innocent Kereguele, leader de cette plateforme. Mais par rapport à la gravité de la situation, le gouvernement Centrafricain avait demandé la suspension de ce mouvement en vue d’entrer en négociation avec les grévistes.

Selon Innocent Kereguele, la négociation s’était déroulée quelques jours après la levée de la grève de trois jours dont l’ouverture du dialogue a été très bien passée par la représentation du ministère des finances et du budget et celui de l’éducation nationale ainsi que quelques membres du syndicat.

Un rendez-vous a été donné pour entamer les négociations quelques jours après, la partie du pouvoir n’est pas venue. Et le vendredi 17 février dernier, une autre réunion est convoquée par le gouvernement pour poursuivre les négociations, mais malheureusement encore la présidente de la séance qui est la directrice de la fonction publique et les représentants du ministère de l’éducation nationale ne se sont pas présentés à cette réunion sauf le syndicat et quelques cadres du ministère des Finances et du budget. A Innocent Kereguele de poursuivre qu’il n’y avait même pas une salle de réunion réservée à la négociation, car tous sont assis sous un arbre.

Selon lui, ces cadres du ministère des finances et du budget présents ce jour-là, lui clarifient que leur département ne dispose pas l’effectif global des enseignants Centrafricains, des responsables administratifs et c’est ce qui bloque le processus.

C’est ainsi qu’une assemblée générale est organisée le samedi dernier à la bourse de travail à Bangui pour faire la restitution. « Nos camarades étaient mécontents de la manière dont les choses se retardent et apparemment on est en train de nous tourner au rang. La base demande qu’on puisse notifier la grève de huit jours et déposer le préavis ce lundi à la table du gouvernement et nous commençons à observer la grève à partir du mardi 21 février jusqu’au 1er mars », a-t-il expliqué.

A la question de l’Oubangui Médias de savoir si le gouvernement veut encore négocier avec le syndicat pendant le dépôt de ce préavis en vue de suspendre cette grève, Innocent Kereguele répond : « Vous savez, le dialogue est prioritaire dans tout État et l’on ne peut pas fermer la porte au dialogue. Mais pour l’heure, nous allons maintenir notre position jusqu’à l’obtention de nos points de revendications. Cela veut dire que nous ne reprenons pas le travail jusqu’à ce que nous ayons gain de cause », a-t-il mentionné.

Enfin, Innocent Kereguele demande aux responsables de l’éducation nationale dans les villes de province de ne pas menacer leurs collègues  pendant ce temps de grève : « Ceux qui menacent nos camarades sur le terrain, je dirais que c’est de l’incompétence parce que tout ce qu’on défend aujourd’hui c’est le bien être d’un enseignant y compris ces chefs qui sont en train de menacer nos collègues sur le terrain », a-t-il insisté.

Cette grève ne va-t-elle pas impacter le calendrier scolaire de l’année en cours ? Déjà le niveau de l’éducation des élèves en Centrafrique surtout dans les établissements publics est en baisse. Les autorités du pays devraient prendre leur responsabilité pour dialoguer avec ces enseignants en vue de trouver une solution durable.

Tout se passe comme si ces derniers temps, la grève est devenue monnaie courante dans certains départements ministériels de la place en commençant par l’éducation en passant par la santé puis les eaux forêts, chasse et pêche avec des conséquences néfastes sur la population. Mais ce qui est sûr, le gouvernement brandira toujours la tension de trésorerie qu’il fait face depuis 2020.

Judes Romain Koualet