Après les récentes crises militaro-politiques qui ont secoué la République Centrafricaine, plusieurs villes ont été touchées.  La ville de Bakala située à 70 KM de Bambari dans la Ouaka n’est pas épargnée. Mais aujourd’hui, cette ville a repris son cours normal, c’est ce qu’a témoigné Martin Kadangou, Maire de la ville de Bakala lors d’une interview accordée par Oubangui Médias de passage dans la ville. Ce dernier a appelé le gouvernement et les organisations humanitaires à soutenir la relance agricole et à renforcer la sécurité alimentaire.

Oubangui Médias : Bonjour Monsieur le Maire. Qu’en est-il au redéploiement de l’autorité de l’État à Bakala ?

Martin Kadangou : Bakala après les récents événements depuis l’année 2018 jusqu’aujourd’hui, nous vivons dans la tranquillité totale parce que les Russes sont venus très tôt chez nous ici. Les casques bleus étaient là avant mais ils sont répartis et la gendarmerie et les FACA sont arrivés après c’est pour cela qu’il y a une totale tranquillité à Bakala. Tous les services décentralisés de l’État sont en place notamment, les écoles primaires, les infirmiers, l’ACDA, le service des Mines, le service du secteur scolaire.

Oubangui Médias : En ce qui concerne les services sociaux de base notamment la santé, l’éducation etc. Qu’est-ce qu’on peut retenir là-dessus ?

Martin Kadangou : Les services sociaux de base fonctionnent 5/5 à Bakala, il n’y a pas de problème là-dessus. Les gens font leur travail comme il se doit.

Oubangui Médias : Vous êtes le premier citoyen de la ville de Bakala, dites-nous quels sont les problèmes récurrents auxquels fait face la ville de Bakala ?

Martin Kadangou : La ville de Bakala est beaucoup plus confrontée aux problèmes de la nourriture, la nourriture est rare à Bakala. Depuis toujours, les habitants de Bakala aiment la chasse, la pêche et l’agriculture et à un moment donné l’histoire de l’or est arrivée. Depuis lors, tout le monde se concentre sur les travaux de l’or si bien qu’on abandonne l’agriculture, il n’y a plus de chasse, il n’y a plus de pêche alors la nourriture est devenue difficile ici.

Oubangui Médias :  Face à cette situation, quelles sont selon vous les pistes de solutions ?

Martin Kadangou : C’est un peu difficile, qu’est-ce qu’on peut faire nous ? Vous pouvez les réunir pour leur dire de revenir au village lancer les activités champêtres mais eux, ils ne veulent pas. Ils veulent seulement aller chercher de l’argent à travers l’or. Beaucoup ne trouvent même pas cet argent mais ils sont là, ils souffrent, ils creusent mais ils n’arrivent pas à avoir ce qu’ils veulent. Au lieu de revenir au village cultiver pour avoir suffisamment de quoi à manger, ce n’est pas leurs problèmes.

Oubangui Médias :  Parlons de l’aspect sécuritaire. Quelle est la situation sécuritaire de la ville de Bakala ?

Martin Kadangou : La sécurité à Bakala, elle est bonne. La sécurité est vraiment tenue depuis 2018 jusqu’ici, on n’a jamais parlé de la présence des Seleka et autres à Bakala. On est en sécurité totale.

Oubangui Médias :  Et pour ce qui concerne le processus électoral à Bakala ?

Martin Kadangou : Le processus électoral est bien suivi ici. Quand on parle de l’élection, les gens soutiennent beaucoup le gouvernement en place parce qu’ils disent que c’est grâce au Président Touadéra qu’ils ont la paix maintenant parce qu’à un moment donné quand la guerre était déclarée ici, il y avait aucune personne dans la ville. Il y avait que des Seleka qui sévissaient ici, ils ont chassé tout le monde et ils étaient en train de piller toutes nos bêtes. On était vraiment dépourvu de tout, ils allaient même dans les champs arracher nos tubercules de manioc pour venir manger. Beaucoup se sont déployés à Grimari, d’autres à Bambari. C’est à partir de 2017 que nous avions fait des efforts pour revenir à Bakala.

Oubangui Médias : En tant que représentant administratif de cette localité, quel est votre plaidoyer à l’endroit des ONG et du Gouvernement afin de pallier à ces problèmes que vous venez de citer ?

Martin Kadangou : Aujourd’hui, notre ville traverse une situation préoccupante. La population a pour la plupart, abandonné l’agriculture au profit de l’activité minière. Cela a entraîné une pénurie progressive de vivres, rendant l’accès à la nourriture de plus en plus difficile pour les familles. En tant que maire, j’en appelle à la solidarité du gouvernement et des organisations humanitaires pour soutenir des initiatives de relance agricole et renforcer la sécurité alimentaire dans notre localité. Il est temps d’agir pour que nos populations puissent se nourrir dignement.

Oubangui Médias : Sur ce, nous vous disons merci.

Martin Kadangou : C’est à moi de vous remercier.

Interview réalisée par Dieu Beni Anderson Kabou, de retour d’une mission à Bakala