« Seul ceux qui n’ont rien dans la tête et qui ne savent pas dialoguer ont recours à la violence » me disait mon père. Depuis plusieurs décennies, notre pays traverse d’innombrables crises empruntes de violence, tant physique que verbale. Le seul recours que s’est donné le Centrafricain pour résoudre ses problèmes est de prendre les armes et de faire couler le sang.

Considérez la manière dont les Occidentaux ont développé leurs pays. Ils ont su se rassembler et prendre des décisions communes sans passer par la guerre civile. De même, malgré les différences spécifiques de nos régions, lorsque vient le moment de développer notre pays, contribuer, nous sommes supposés nous mettre ensemble.

Malheureusement, bien souvent, force est de constater que notre seule manière de chercher à résoudre une situation est de sortir de bâton, et c’est ainsi que nous faisons reculer notre pays. Jusqu’à quand cette manière de réagir va-t-elle durer ? Ce que nous semons est dangereux.

« Lorsque les éléphants se battent, ce sont les herbes qui souffrent » nous dit un autre adage. Cela signifie qu’il y a des conséquences à la violence et que des innocents le paient au prix de leur vie. La violence ne peut nous aider à régler un problème et permettre à notre nation de se développer.

A cela, cette violence aura de terribles répercutions sur les futures générations. N’avez-vous jamais remarqué qu’un enfant qui a grandi dans la violence finit par devenir lui-même violent ? On ne transmet que ce que l’on a reçu.

Je me suis un jour entretenu avec un couple dont le mari frappait sa femme lorsqu’ils avaient un désaccord. En discutant avec lui, j’ai appris qu’il avait lui-même été battu par son père et ses oncles tout au long de son enfance. Ce qu’il faisait à sa femme n’était que le reflet de ce qu’il avait lui-même vécu. Une personne blessée ne peut que blesser en retour.

Cet homme ignorait l’échange courtois et n’avait rien d’autre à proposer que la violence. Il ne parvenait pas à comprendre que d’autres personnes pouvaient penser différemment de lui. Centrafricains, centrafricaines, qui a dit que la violence était la solution ? Il est temps de renoncer aux armes parce qu’ainsi nous détruisons l’avenir de notre pays. Cela se répercutera sur les générations futures, qui reproduiront indéfiniment ce schéma destructeur, maintenant continuellement notre pays dans le désordre et le chaos.

Chacun revendique sa culture, son ethnie, son point de vue, mais acceptons que tout le monde ne pense pas comme nous. Mettons de côté cet orgueil qui nous pousse à penser que nous sommes les seuls à détenir la vérité. Comprenons que les autres ne sont pas obligés d’être d’accord avec nous.

Nous pouvons exprimer un point de vue contradictoire mais dans l’ouverture, la courtoisie et le respect. Il nous faut discuter, proposer, échanger et cesser de n’avoir que les armes comme seul recours. 

Révérant Cyriaque N’Dickini