Ouvert ce 16 janvier 2024, le procès dans l’affaire Procureur spécial contre Azor Kalith et consorts se poursuit et pour prendre fin au mois de février selon le programme établi par la Cour Pénale Spéciale (CPS). Après avoir vérifié l’identité des inculpés, ce lundi et mardi, c’est le tour de Soumaîne Abdel Afiz Imam de l’époque et un autre témoin qui est intervenu sous couvert de l’anonymat pour des raison de sécurité afin de faire leurs dépositions et permettre à la cour d’avoir une idée sur la responsabilité des accusés dans cette affaire qui remonte en 2020.

Le premier témoignage a été consacré à l’audition de Soumaîne Abdel Afiz âgé d’une cinquantaine d’années et leaders religieux, qui est le témoin oculaire de cet événement qui a lieu entre mars et avril 2020 à Ndélé dans le Bamingui-Bangoron opposant l’ethnie Goula et Rounga où une vingtaine de civil ont été froidement tués et plusieurs maisons incendiées.

Avant de prendre la parole, la cour a demandé aux témoins de jurer de ne dire rien que ce qu’ils ont vu et vécu lors de ces crises.

Main droite en l’air devant la cour,  ces derniers dit haut et fort « je le jure » après la lecture de texte de la prestation de serment par le greffier en chef de la CPS.

Selon lui, malgré que les deux parties aient signé deux accords différents, l’un sur la réconciliation et l’autre sur la non-agression, les belligérants n’ont pas respectés ces accords qu’ils ont signé eux-mêmes.

Il a ensuite retracé les faits, en tant que leaders religieux : « J’ai personnellement assisté aux négociations qui ont abouti à la signature de ces deux accords entre ces deux groupes mais grande est ma surprise de constater qu’au 6 mars 2020, certains éléments dont je ne maitrise pas leur visage ont quitté la ville de Bria et ont fait irruption dans la ville de Ndélé, sous prétexte qu’ils sont venus venger la mort de leurs frères Goula. J’étais à la résidence du Sultan maire et en ma présence, l’accusé Issouf Badjadjé a forcé le portail du Sultan et a commencé à tirer contre les murs de la maison après avoir tiré plus de dix balles, il est sorti en criant je les ai tous tué. Ensuite, le 29 avril lorsque j’étais à la mosquée, un jeune Sarah dont je ne maitrise pas bien son identité a reçu une balle à la cheville juste derrière la mosquée mais celui-ci a rampé pour atteindre la mosquée mais il a été abattu par Issouf Badjadjé malgré que j’ai levé ma main en signe de pardon, il ne m’a pas écouté. »

Plusieurs questions lui ont été posées par les avocats des deux parties et le parquet spécial. Et sur la question de savoir si le témoin Soumaîne Abdel Afiz reconnait les accusés qui sont en détention provisoire, il a répondu qu’il a seulement écouté parlé d’eux sauf Issouf Badjadjé qui était son voisin de quartier.

L’audience a été suspendue après un débat contradiction entre le parquet spécial et les conseils des accusés.

Reprise ce mardi avec l’audition d’un autre témoin qui a choisi de témoigner sous couvert de l’anonymat pour des raisons sécuritaires.

Dans une cage, ce dernier s’est focalisé sur le drame du 29 avril qui s’est produit devant lui.

A l’écouter, après les violents affrontements qui ont eu lieu fin mars et au début du mois d’avril 2020, occasionnant le déplacement massif de la population de Ndélé dans les camps des déplacés, étant père de famille, il était obligé de braver la peur pour chercher de quoi à manger pour sa famille. C’est ainsi qu’il décidé de sortir du camp le 29 avril : « J’ai assisté à l’incendie des maisons et le pillage des biens par des éléments du FPRC venus de Bria pour soutenir leurs frère d’armes qui sont présents dans la ville de Ndélé. Et lors de cet événement douloureux j’ai reçu une balle à la cheville.» 

Contrairement à son prédécesseur, ce témoin n’a pas cité un nom mais il a confirmé que les dégâts qui ont lieu le 29 avril ont été perpétrés par des Goula qui étaient venus de Bria.

Christian-Stève SINGA