En début de cette saison sèche qui marque le temps de la transhumance, les éleveurs peuhls et les agriculteurs entrent toujours en conflit. Au village Mardochée, un acte de réconciliation vient faire taire un conflit qui pouvait dégénérer.

Les bœufs dévorent souvent les champs et les agriculteurs de leurs côtés sont régulièrement accusés de vol des bétails. Ce qui débouche souvent à un conflit. Plusieurs cas ont été enregistrés ces derniers temps au village Mardochée distant de 10 km de Boali sur l’axe Bangui.

Selon les faits recueillis auprès des témoins oculaires, tout est parti au moment où ces peuhls se sentent en insécurité dans la brousse car des hommes en armes les rackettent nuit et jour. Pour chercher un lieu de refuge en vue de paître leurs troupeaux, ils ont choisi de regagner le village Mardochée. C’est de là où s’est déclenché le problème puisque leurs bœufs de mettent à détruire les jardins et les champs évalués à plusieurs hectares.

De leur côté, un des propriétaires des parcelles détruites a tué un bœuf de 9 mois en représailles. Cela a suscité la réaction de deux camps qui ont saisi les autorités locales afin d’informer le maire de Boali pour une intervention d’apaisement.

Un acte de réconciliation

C’est ainsi que le mardi 27 décembre dernier aux environs de 9 heures, le maire de Boali Pierre Poutou et le président de la jeunesse sous-préfectorale de Boali, en même temps président du conseil local de la méditation Aristide Ouangobi, se sont rendus au village Mardochée en vue de traiter ce différend.

Dans son intervention, Pierre Poutou a indiqué que le Chef de l’Etat Faustin Archange Touadera prône le vivre ensemble et la cohésion sociale entre les communautés. Donc, tous et chacun doit respecter ces principes pour le développement du pays. « Tous les responsables de cet acte doivent dire la vérité en face pour nous permettre d’enterrer définitivement cet esprit de haine et de division. Je vous prierais de ne rien cacher, car la vérité libère », a-t-il demandé avant l’acte de réconciliation.

En effet, parole a été donnée d’abord à Ahamat Ibrahim, représentant des éleveurs de donner sa version des faits. A lui d’expliquer que leur vie dans la brousse était en danger, puisqu’il y a une catégorie de peuhls appelés  « Houlda », lourdement armée et très dangereuse qui vole leurs troupeaux de bétail, viole leurs femmes et filles et soutire sur eux des sommes d’argent. En vue de préserver leur vie et celle de leurs animaux, ils sont obligés de sortir au village Mardochée. Mais arrivée dans ce village, la population locale ne veut pas les accueillir,  pensant que leur présence est dangereuse pour la simple raison que leurs troupeaux détruisent les champs des agriculteurs. « Nous demandons pardon à tous ceux à qui nos bœufs ont dévoré leurs champs et nous sommes prêts à payer », s’est-il justifié tout en demandant à la population de Mardochée de ne pas les considérer comme des étrangers mais plutôt des Centrafricains.

Après sa réaction, le président de la séance a donné l’opportunité à Innocent Kamba, l’un des agriculteurs de parler sur ce qui s’est passé. Pour lui, le vrai problème se situe au niveau des enfants qui le plus souvent font le pâturage à côté des champs. Une fois les champs détruits, leurs réactions ne favorisent pas le pardon et le vivre ensemble.  « A mon humble avis, ces jeunes doivent être éduqués sur la notion de la tolérance et du pardon. Je pense qu’en faisant ainsi, on n’arrivera pas à ce niveau », a-t-il dit avant de demander également pardon aux peuhls.

Fort de ce qui précède, Aristide Ouangobi, président de la jeunesse sous-préfectorale de Boali exhorte les éleveurs à s’éloigner des champs de ces agriculteurs et aux jeunes de mettre fin au vol des bœufs. « Si chacun s’efforce à respecter les droits de l’autre, nous parviendrons à une véritable réconciliation entre les deux camps », a souhaité Aristide Ouangobi.

Enfin, le Maire de Boali, Pierre Poutou a attiré l’attention des éleveurs et des agriculteurs de la localité afin que ces faits ne se reproduisent plus. Cet acte de pardon constitue déjà un signal fort pour le gouvernement Centrafricain qui devrait les exploiter pour gérer les conflits issus de la transhumance ou tout simplement de les prévenir.

Judes Romain Koualet