Depuis le début de la crise du carburant en Centrafrique, les interventions humanitaires souffrent énormément. En conséquence, les personnes vulnérables deviennent de plus en plus affectées.

Les interventions humanitaires tournent au ralenti depuis plus de deux mois en Centrafrique. Plusieurs acteurs ont réduit considérablement leurs mouvements dans les villes de provinces à cause de cette pénurie qui n’a que trop duré. Les vols humanitaires ont été aussi considérablement réduits. Nous venons d’assister à une journée sans vol il y a quelques jours.

Selon les informations Oubangui Médias, plusieurs acteurs humanitaires ont carrément suspendu leurs activités de terrain, non seulement à cause de l’insécurité mais aussi à cause de la pénurie du carburant. Faute du carburant, la Minusca ne peut pas faire des patrouilles pour rassurer les humanitaires qui doivent faire des axes afin d’apporter de l’aide à des milliers de personnes dans le besoins. En conséquence, plusieurs milliers de personnes sont privées d’assistance humanitaire.

En effet, la classification intégrée des phases de sécurité alimentaire avait projeté à partir de mai 2022, qu’au moins 2,29 millions de la population centrafricaine soit 47% feront face à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aigüe. Ce qui place la Centrafrique au troisième rang au monde en termes de prévalence après le Yémen et le Sud Soudan. Parmi ces personnes, 633.000 seront probablement en situation d’urgence phase 4. Les personnes vulnérables dont les déplacés devraient connaitre une situation encore plus dramatique à cause de la crise du carburant et la flambée de prix sur les marchés.

Même si déjà en temps normal, atteindre les personnes vulnérables sur tout le territoire pose un sérieux problème à cause de l’insécurité, de l’état des routes et maintenant la crise du carburant, les 658 265 individus composés respectivement de 163 551 personnes déplacées dans les sites (25%) et 494 714 personnes dans les familles d’accueil (75%) doivent encore subir les conséquences de ces différentes crises.

Dans le milieu humanitaire, on s’abstient de commenter cette pénurie du carburant qui affecte les interventions humanitaires. Pas de réaction surtout de la coordination humanitaire car le sujet serait jugé politique.

L’histoire du carburant semble être une affaire purement politique voire géopolitique. Mais, le plaidoyer de tous les acteurs devrait aider à soulager la souffrance de toute une population. Des centrafricains voient en cette une pénurie un complot politique voire un combat géopolitique car, le régime actuel ne serait pas en bonne odeur de sainteté vis-à-vis de plusieurs pays occidentaux ainsi que des pays voisins. Un isolement qui ne dit pas son nom à cause de plusieurs positions politiques et géopolitiques, prises par le gouvernement.

En attendant de voir la décrispation du climat délétère qui s’est installé, la population centrafricaine doit encore subir les conséquences d’une crise entre la Russie et l’Ukraine, laquelle crise qui a bouleversé l’ordre mondial. La Centrafrique pays non exploiteur du pétrole cherche son salut auprès des pays voisins dont les deux Congo, le Cameroun et le Tchad pour ravitailler sa population et faciliter les interventions humanitaires.

Fridolin Ngoulou