Après les violences qui ont repris en Centrafrique, le couloir humanitaire reste très difficile. Le CICR tire une sonnette d’alerte pour appeler au respect des soins médicaux.

République centrafricaine : tous les blessés doivent être épargnés et soignés

Le principe de l’inviolabilité de la mission médicale doit être soutenu par tous les acteurs sur le terrain – notamment quand il s’agit d’épargner et de traiter les blessés du camp adverse. Tous les acteurs doivent respecter et faire respecter les droits aux soins médicaux des blessés et des malades, ainsi que la protection des structures et des transports médicaux, et les personnes qui assurent les soins.

« Des signes inquiétants du non-respect de ce principe commencent à se manifester. C’est maintenant qu’il faut agir pour empêcher que de telles violations se reproduisent », affirme le chef de délégation pour le CICR en Centrafrique, Bruce Biber.

À la suite de la crise électorale en République centrafricaine depuis mi-décembre 2020, près de 100 000 personnes ont fui les combats opposant divers groupes armés et les forces étatiques. En dépit du contexte d’incertitude politique, de violence et d’instabilité, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) continue de négocier avec les porteurs d’armes son accès aux zones dangereuses afin de secourir les blessés et d’assister les milliers de familles dont la vie a encore une fois été bouleversée par les violences.

 Évacuation des corps et des blessés

Depuis le 15 décembre, 46 blessés ont été transportés aux hôpitaux à Bangui et à Bambari. « Le besoin le plus immédiat est d’assurer que les personnes les plus gravement blessées soient évacuées vers des structures de santé qui puissent les soigner », dit Aly Ouattara, coordinateur médical pour le CICR.

Les équipes du CICR, souvent ensemble avec les volontaires de la Croix-Rouge centrafricaine (CRCA), évacuent rapidement les blessés après les affrontements dans des situations souvent très dangereuses. « Nous sommes une des seules organisations capables d’assurer ce service vital qui consiste à négocier l’accès aux endroits où se trouvent les blessés », explique Bruce Biber.

Plusieurs hôpitaux et centres de santé à Bangui et dans les localités touchées par les violences ont aussi été soutenus avec des donations de médicaments et de matériel médical.

Grâce au soutien logistique et matériel du CICR, les volontaires de la CRCA ont recueilli près de 30 dépouilles mortelles sur les lieux des affrontements du 13 janvier à Bangui. « La collecte des corps sans vie laisse des traces psychologiques, mais aider à traiter dignement les dépouilles est un impératif humanitaire », poursuit Bruce Biber.

Des craintes pour la sécurité alimentaire des populations

En raison de l’insécurité, les routes commerciales qui relient la Centrafrique au Cameroun sont coupées depuis plusieurs semaines. En conséquence, sur les marchés de Bangui et de ses environs, on observe une augmentation du prix de certaines denrées alimentaires. Des convois humanitaires sont suspendus. « Nous craignons surtout pour la sécurité alimentaire des familles. Le temps ne joue pas en faveur des populations car leur situation ne fait qu’empirer », explique Bruce Biber.

Beaucoup de familles ont fui de manière préventive pour se cacher dans la brousse avant de regagner leurs foyers une fois que les combats terminés. On dénombre quelque 100 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays selon l’OCHA. Plus de 84 000 sont parties se réfugier dans les pays limitrophes selon le HCR.

Déjà avant la crise électorale, la criminalité généralisée et la multiplicité des groupes armés rendaient difficile la construction d’un dialogue structuré et l’obtention de garanties de sécurité fiables. En raison de l’aggravation de l’insécurité liée aux derniers affrontements, des localités sont isolées depuis plusieurs semaines mais les équipes du CICR ont pu accéder à certaines zones et malgré tout garder une proximité avec les personnes touchées.

« Il est difficile de prédire l’évolution de la situation mais nous savons que les besoins risquent de s’accroître avec le temps qui passe », déplore Bruce Biber. Le CICR continue de mettre tout en œuvre pour obtenir toutes les garanties de sécurité nécessaires pour rejoindre ces populations dont l’accès aux soins et aux biens de première nécessité est gravement compromis en cette période de confrontations.

Notes opérationnelles1 :

• Le CICR poursuit un dialogue avec les porteurs d’armes et les cercles d’influence.

• Une équipe du CICR rend visite aux personnes détenues en lien avec les affrontements dans différents lieux.

• Des médicaments et du matériel médical ont été distribués à cinq hôpitaux et un centre de santé qui accueillent les blessés des affrontements à Bangui.

• D’autres donations de médicaments et de consommables ont été effectuées aux hôpitaux de Boali, Bossembélé, Yaloké, Bouar et Kouango, à l’intérieur du pays. 1 Ces informations couvrent la période du 15 décembre 2020 au 15 janvier 2021.

• Le CICR continue à assurer un soutien technique et pratique à la Société de distribution d’eau en Centrafrique (SODECA), en charge de l’approvisionnement en eau potable à Bangui. Il a fourni des équipements hydrauliques pour réparer des fuites majeures.

• Le CICR a approvisionné en eau potable par camionnage la prison centrale de Ngaragba à Bangui pendant les deux dernières périodes de coupure d’eau municipale de la SODECA. Près de 5000 personnes déplacées qui se sont rassemblées autour de l’Église à Dékoa ont également eu l’accès à l’eau potable grâce à une donation de carburant pour la pompe à eau.

• Le CICR a fourni des équipements appropriés et soutenu la formation en premiers secours de 340 volontaires dans 19 comités de la Croix-Rouge centrafricaine.

• Des évaluations de besoins humanitaires ont été réalisées et d’autres sont en cours. Des distributions de vivres et de biens essentiels de ménage sont prévues dans les semaines à venir dans différentes régions du pays.

CICR