C’est à travers une grève de huit jours qui a démarré le lundi et qui prendra fin le vendredi prochain que le bâtonnier des avocats dénonce des agissements et menaces venus de certaines organisations proches du pouvoir de Bangui.

Même-si les magistrats n’ont pas pris part à cette manifestation, une centaine des professionnels du droit plus particulièrement des avocats centrafricains ont observé les mots d’ordre du bâtonnier, présidé par Me Emil Bizon.

Ces derniers se sont rendus dans la matinée du 19 septembre 22 à la Cour constitutionnelle à Bangui. L’objectif selon Me Emil Bizon est d’apporter un  soutien moral aux juges de cette haute juridiction dont certains font l’objet des menaces.

Oubangui a tenté échanger avec la présidente de la Cour constitutionnelle mais elle n’a pas souhaité se prononcer sur cette visite de ses pairs pratiquants du droit. Une source au sein de cette cour nous a indiqué que cette visite n’a rien avoir avec le climat actuel qui prévaut entre les leaders politiques de l’opposition et ceux du pouvoir en place.

Dans une entrevue accordée à la presse nationale, Me Emil Bizon bâtonnier des avocats centrafricains a indiqué que : « il est inadmissible que le corps judiciaire dans son ensemble puisse être victime des menaces et attaques de tout genre par un groupuscule des gens qui se disent proche du Chef de l’Etat Faustin-Archange Touadéra. Ils avaient commencé contre les avocats ensuite l’huissier de justice et pas plus tard la semaine dernière, c’était le tour de la plus haute institution judiciaire qui a fait l’objet des menaces. Nous avons dit que la justice centrafricaine est en danger et qu’il y a une stratégie qui a été mise en place pour affaiblir le pouvoir judiciaire. Et c’est pour cette raison que nous avons pris cette initiative d’entreprendre des actions auprès de tous les acteurs de la justice afin de faire valoir le droit en RCA ».

Il est important de souligner que cette visite des avocats à la Cour constitutionnelle n’est pas du tout appréciée par certaines organisations qui soutiennent le régime en place. Pour ces derniers, il s’agit d’une intention des leaders de l’opposition de faire la pression sur la Cour constitutionnelle en lui apportant tout le soutien moral nécessaire pour que la Cour réponde favorablement à leur requête en annulation du processus des réformes constitutionnelles enclenchées par le gouvernement et le parlement. 

Dans un communiqué de presse rendu public dans les après-midi du 19 septembre 22 par la coordination du Front républicain, coordonné par Héritier Doneng, cette organisation a souligné que cette visite initiée par le barreau des avocats est une tentative de corruption afin de soudoyer les juges de la Cour constitutionnelle : « le Front Républicain prend à témoins l’opinion nationale et internationale sur la présence des leaders de l’opposition ce matin à la Cour constitutionnelle, qui est d’une part stratégie de politiser le bâtonnier des avocats et d’autre part une pression suite à leurs multiples saisine », peut-on lire dans ce document. Le Front Républicain fait allusion à la présence de certains avocats reconnus membres de l’opposition démocratique dans cette démarche.

Le processus des réformes constitutionnelles fait naitre un climat de tension a sein de la classe politique. L’opposition réunie en Bloc des Républicain pour la Défense de la Constitution a déposé une requête pour l’annulation de ce processus. La décision de la Cour Constitutionnelle est attenue dans les prochains jours.

Christian-Stève SINGA