Il ne se passe pas un seul jour sans que l’on assiste à un scénario entre la classe politique centrafricaine et le régime en place. Des injures publiques et intimidations de l’autre camp et boycott des mouvements de manifestations. La question que l’on se pose est la suivante : quel  est l’intérêt du peuple centrafricain dans cette bataille ?

En tout cas, cette question mérite d’être posée. Le peuple qui a subi les effets dévastateurs du conflit dans sa chaire et son âme continue d’assister nuit et jour aux actes d’immaturité dont font preuve des hommes politiques de ce pays.

Même si aujourd’hui le régime se dit le vrai porte-voix du peuple centrafricain, l’opposition de son côté estime pour sa part que l’intérêt du peuple est au centre de ses actions. Bref, qui parle réellement au nom du peuple ? Sans ambiguïté, le peuple que tout le monde réclame sa paternité, est toujours classé au second plan.

Tout a commencé au lendemain de l’organisation des élections groupées de 2020 qui s’étaient soldées à la victoire du chef de l’État Faustin-Archange Touadéra et certains cadres et sympathisants du MCU, une victoire très contestée par l’opposition qui d’ailleurs n’a pas participé à sa prestation de serment le 30 mars 2021. Pour essayer de résoudre ce conflit, le Chef de l’État avait opté pour un dialogue républicain avec les forces vives de la Nation. Mais une partie de l’opposition s’est montrée insatisfaite et a décidé de ne pas prendre part à cette rencontre dont une centaine de recommandations ont été formulées par les participants afin de pacifier le pays. L’opposition demandait la participation des rebelles à ce dialogue, notamment le chef putschiste François Bozizé.

L’eau a débordé la vase suite à l’annonce de la modification ou la révision partielle de la loi mère centrafricaine. L’opposition voit à ce projet une porte-ouverte pour un troisième mandat qui permettra au président Touadera de s’offrir une présidence à vie. Nous savons que ce dernier ne s’est pas encore déclaré officiellement en faveur d’un troisième mandat, surtout qu’il a encore quatre années pour finir son deuxième mandat.

Pour contrecarrer les stratégies de chaque camp, les différentes parties organisent des meetings et manifestations pour avoir l’adhésion du peuple à leurs idéologies. Pas plus tard la semaine dernière, l’opposition avait annoncé un meeting le 3 décembre au point zéro pour demander le départ du Chef de l’État et son gouvernement. Cette mobilisation a été interdite par le ministère de la sécurité publique qui dans un communiqué de presse a souligné que : «  Le point zéro n’est pas un lieu de meeting ».

Une décision mal digérée par l’opposition qui qualifie de chasse aux opposants et demande par ailleurs la démission de Président Faustin-Archange Touadéra pour avoir violer son serment.

De son côté, le président Touadera attribue les actes à caractère terroriste aux opposants. Pour lui et en citant l’attaque de la base des Forces Armées Centrafricaines (FACA) et leurs alliés russes à Bossangoa, le président attaque directement l’opposition de vouloir déstabiliser les institutions de la République.

Dans les rouages du pouvoir, les prises de position de l’opposition sont systématiquement relayées par les multiples porte-paroles des groupes rebelles. Ce qui laisse des suspicions en ce qui concerne le lien entre les opposants à Touadera et les groupes rebelles dont la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) de François Bozizé

Mais ce qui est sûr, le Chef de l’Etat Faustin Archange Touadera fait face à deux oppositions : L’opposition démocratique et l’opposition armée. Ce conflit triangulaire se fait au nom du peuple déjà meurtrie par plusieurs décennies de guerre et de conflit politique inopportun alors que ce peuple a besoin de la paix et de la stabilité.

Christian Steve SINGA