A la veille de la campagne électorale qui s’ouvre le samedi 12 décembre 2020, tout indique une campagne mouvementée. Tous les ingrédients sont visibles sur les réseaux sociaux, quand l’on sait la puissance et l’influence de ces nouveaux médias sur le contexte politique.

Les élections de fin décembre 2020 s’organisent dans un contexte particulier lié à la pandémie de Covid-19 mais aussi la situation sécuritaire délétère malgré la signature le 6 février 2019 de l’accord de paix entre le gouvernement et les 14 groupes armés.

Une paix fragile est observée au bénéfice de cet accord de paix mais aussi des opérations de désarmement et surtout le redéploiement des Forces Armées Centrafricaines (FACA) ainsi que des forces de sécurité intérieure dans plusieurs villes autrefois occupées par les groupes armés. Malgré cette accalmie, le gouvernement a encore d’épines dans les chaussures.

La campagne qui s’ouvre ce samedi 12 décembre 2020 s’annoncent mouvementée au regard des publications et prises de position sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et Whatsapp. 

Dans ce pays où l’accès à la connexion Internet reste un luxe avec un taux de pénétration de 5% en 2020, quelques 110.000 Centrafricains sont abonnés sur Facebook soit 3,6% de la population. Le rapport mondial sur le digital 2020 de Hootsuite et We are Social prévoyait une évolution de 13% en 2020.

Ces réseaux sociaux dont les principaux animateurs restent la diaspora, les médias locaux et les groupes de soutiens politiques enregistrent des propagandes et certains dérapages qui engendrent déjà des messages violents de haine et de désinformation.

C’est le moment pour les influenceurs de faire de l’audience. Déjà, avant la publication de la liste définitive des  candidats, les programmes politiques, du moins les professions de foi des candidats ont circulé sur Facebook et Whatsapp. Des influenceurs et livers en font objet de débat sur ce réseau social, beaucoup plus utilisé en Centrafrique.

Facebook reste donc un véritable lieu de confrontation pour une classe sociale connectée mais constitue relativement un danger pour ceux qui ne respectent pas ses politiques d’utilisation. La campagne électorale qui s’annonce risque d’être plus virulente que les précédentes en raison de la multiplication des comptes et pages Facebook des candidats et de leurs groupes de soutien sans oubliés les positions parfois géopolitiques qui s’invitent dans les débats sur la vie politique en Centrafrique.

Parce que les informations, vraies ou fausses, publiées sur  Facebook influencent les diverses communautés, les prochaines élections risquent d’être jouées d’abord en virtuel pour influencer le physique.

Les journalistes des médias traditionnels, qui ont profité de plusieurs sensibilisations afin de couvrir et de favoriser une campagne électorale apaisée, resteront peut-être des seuls arbitres impartiaux de ce combat sans merci.

Une question demeure cependant : comment et avec quels moyens ces médias couvriront ces élections ? Pour le moment, plusieurs médias n’ont que des promesses et des journalistes-blogueurs et influenceurs, soucieux d’atténuer le climat délétère par la publication des informations vérifiées sont dans une position d’attente peu rassurante.

Des messages violents, d’incitations à la haine, la désinformation risqueront d’être le quotidien des internautes Centrafricains, à moins que la plateforme Facebook rappelle à ces usagers ses efforts d’intégrité électorale.

Analyse de Fridolin Ngoulou.