L’Assemblée Nationale de la République Centrafricaine a autorité le gouvernement à entamer les démarches de rapatriement des biens culturels volés ou illicitement exportés depuis la période la colonisation.

Un projet de loi introduit à l’Assemblée Nationale a été voté le 25 mai 2022 par acclamation par les élus de la National, autorisant ainsi le gouvernement à ratifier la Convention de Rome du 24 juin 1995, sur les biens culturels ou illicitement exportés.

Cette initiative portée par le Département de l’Union Africaine pour Culture, consistant à rapatrier les biens culturels des Etat africains fait partie des priorités de cette institution. Déjà, un chronogramme a été mis en place aux profits des Etats membres.  Le déroulement de ce chronogramme a commencé  par la formation des experts à Dakar au Sénégal sur les étapes de rapatriement. La Centrafrique a été aussi représentée à cette importante formation.

La ratification de la Convention dite « UNIDROIT » par les Etats membres de l’Union Africaine et la démarche collective de restitution sont aujourd’hui les priorités de l’Union Africaine.

La République Centrafricaine dans le souci de tenir à jour cet agenda de l’Union Africaine, et après plusieurs plaintes de la population et des élus de la Nation pour le rapatriement des biens culturels centrafricains volés ou pillés, a élaboré et soumis aux élus de la Nation, le projet de ratification de cette convention.

Le ministre des Arts, de la Culture et du Tourisme, Jennifer Saraiva Yanzere a indiqué lors de ce vote que le patrimoine culturel est, de nos jours, considéré comme un témoignage des réalisations de l’humanité, une source de connaissance que chacun se doit de préserver, d’en jouir et de transmettre aux générations futures.

« Malheureusement, le constat a démontré qu’au moins chaque jour, le patrimoine ne cesse de subir des menaces et des attaques de tous ordres, à savoir : les pillages sur les sites archéologiques, le vol des objets d’art dans les musées, les prélèvements illicites des biens sur les sites naturels, culturels et mixtes. Tous ces phénomènes de spoliation continuent de connaitre aujourd’hui une ampleur sans précédent au point qu’aucun pays au monde n’est épargné de ce phénomène », a-t-elle déclaré.

Ce projet de ratification validé ouvre une nouvelle voie au défi lié au processus de rapatriement. « Nous sommes vraiment ravis. Je pense que c’est un travail qui a duré un temps déjà pour arriver à la ratification de cette Convention. Nous sommes dans les normes maintenant, on a du pain sur la planche aujourd’hui, on a du travail à faire, c’est un processus », a souligné le ministre Saraiva.

Pour le membre du gouvernement, ce processus doit s’accompagner par la réhabilitation ou construction des infrastructures qui vont accueillir ces biens, aujourd’hui éparpillés dans plusieurs pays du monde et non seulement en France et en Belgique. « Beaucoup de ces patrimoines se trouvent énormément ailleurs. En France il y en a et ailleurs aussi. Il faut qu’on se prépare à rapatrier tous ces biens. Il faut qu’on fasse la réhabilitation de notre musée pourquoi pas en construire un autre, c’est cela le réel problème. Mais après, il faudrait recevoir les biens. On a beaucoup de travail à faire pour le rapatriement de nos objets d’arts », prévient le ministre.

A ce jour en Afrique francophone, seule la République du Bénin a pu déjà rapatrier une partie de ses biens culturels volés ou pillés lors de la colonisation.

Fridolin Ngoulou