Les jeunes centrafricains se spécialisent de plus en plus dans le métier de mécanicien motocyclette. Un apprentissage en mécanique qui intervient souvent après la déperdition scolaire.

Ces débrouillards finissent par être excellents dans ce domaine. Une manière pour eux de lutter contre la délinquance, la pauvreté et le banditisme. Ils sont nombreux dans le pays à se spécialiser dans la réparation des motocyclettes. Chacun est dans sa spécialité mais dans une équipe de dix ou quinze personnes. Ces jeunes réparent les moteurs, rassemblent les pièces, changent les batteries, allument les phares, les engrenages etc.

Les jeunes mécaniciens que nous avons rencontrés dans un atelier dans le secteur de l’étoile vers le km5, sont en train de démonter et de remonter le moteur d’une motocyclette Marque Haojue.

Ces jeunes devenus des experts sur le tas en mécanique des moyens roulants à deux-roues, ont pour rôle d’assurer la réparation et l’entretien des vélos, des mobylettes, des scooters et des motos. En effet, avec le développement de l’électromécanique pour les deux-roues, des compétences techniques du mécanicien motocyclette se sont largement élargies allant du simple diagnostic à l’entretien en passant par la réparation ou le dépannage sur tout type de motocyclettes et scooter quelques soient la marque de l’engins et sa cylindrée.

Mohamad Sied, un mécanicien motocyclette  du Km 5 nous raconte : « Nous faisons cette activité pour lutter contre la pauvreté. De nos jours, les jeunes ne veulent pas travailler, leur seule lutte est le braquage, le pillage et le vol à main armée. C’est à travers ce métier que nous vivons. Moi-même, j’ai construit ma maison à travers ce métier et j’ai débuté à faire la mécanique grâce à mon père. Il m’a appris lorsque j’étais en classe de 6ème, aujourd’hui nous formons aussi les jeunes qui veulent vraiment apprendre ce métier », a-t-il expliqué à Oubangui Médias.

Après le garage de l’étoile qui se situe au KM5,  nous nous sommes rendus dans le deuxième arrondissement de Bangui, précisément au quartier Sapeke 2. Dans un atelier de famille dit  « Tchengba », Julien Malengara, Chef dudit atelier nous explique : « Ma spécialité est l’électricité moteur. Donc, nous faisons le dépannage des motocyclettes, de groupe électrogène ainsi que d’autres engins. J’ai commencé à faire la mécanique tout petit avec mon grand frère. Par rapport aux conditions familiales qui sont difficiles, j’ai décidé personnellement de pratiquer ce métier ensemble avec mon grand frère pour survivre. C’est un métier qui nous a conduits à la vie active, je vis avec une femme ainsi que nos trois enfants. Je les nourris grâces à ce métier , de même que leur scolarité». a-t-il témoigné.

Ces jeunes rencontrés nous disent que les recettes sont partagées entre eux à la fin de la journée. Mais « nous avons prévu une caisse noire qui s’élève à 1000 FCFA chaque semaine en cas de maladie ou d’éventuel accident du travail », explique Sied Mohamad jeune mécanicien que nous avons rencontrés à l’étoile au KM5, dans le 3e arrondissement de Bangui.

Pour la plus part des jeunes que nous avons rencontrés,  avec l’importation de plus en plus des engins à deux ou trois roues, un marché important leur est ouvert. La mécanique motocyclette leur permet aujourd’hui de se faire un métier sur le tas pour la majorité, alors que quelque uns ont bénéficié de formation en mécanique dans certains instituts de la place.

Satisfaction pour les clients

La majorité des propriétaires de motocyclettes sont satisfaits, une satisfaction qu’on peut retrouver chez certains propriétaires des motos que l’Oubangui Médias a pu échanger avec eux. Même si d’autres clients se disent insatisfaits suite à leurs travaux, parfois la moto tend vers un amortissement et tombe en panne régulièrement. C’est ainsi que les réparateurs soutiennent qu’il faut changer certaines pièces de la moto pour que la moto reprenne sa voie normale. « Cela nous causent de problème parfois. Ils viennent souvent nous accuser que nous avons changé la pièce de leur moto. Malgré tout, nous avons toujours la maitrise de soi », a poursuivi Sied Mohamed.

Ces réparateurs des motos conseillent à ce que les utilisateurs fassent hebdomadairement des entretient de leurs engins afin d’éviter des pannes graves. Comme disent les médecins, ces jeunes conseillent que « mieux prévenir que réparer ».

Ces professionnels de mécanique demeurent et restent toujours incontournable dans la réparation des engins à deux-roues. Vincent Tocko a amené sa moto pour la réparation. « C’est souvent ici que j’amène ma moto pour le dépannage. Je félicite les efforts de ces jeunes. Nous devons les encourager à garder ce rythme afin de survivre. Le gouvernement doit également les encadrer dans les formations et les canaliser dans la bonne direction », a suggéré Vincent Tocko.

C’est surprenant que la plupart de ces « experts en mécanique » aient su s’adapter avec les évolutions technologiques, sans être formés adéquatement dans un centre de formation, même si plusieurs instituts ont ouvert des filières en mécanique.

Loïc Mbombo