La situation humanitaire en Centrafrique se dégrade de jour en jour.  Alors que la moitié de la population fait face à une crise alimentaire aigüe et manque de soin, la réponse humanitaire bien que disponible se heurte à des restrictions d’accès de la part des forces régulières d’une part et des groupes armés d’autre part ainsi qu’un défi logistique en cette saison des pluies.

La réponse humanitaire actuellement en Centrafrique, relève d’un miracle. Les acteurs humanitaires sur le terrain font face à une double restriction de mouvements de la part des forces régulières et leurs alliés, qui les soupçonnent de fournir des moyens létaux aux groupes armés, ainsi que des groupes armés qui  les accusent de livrer des informations sur leurs positions aux forces loyalistes. Ce déni d’accès couplé avec les défis logistiques pénalisent considérablement la population qui manque de tout.  

Déjà, le 27 juillet 2021, les G5+, un groupe d’Etats et d’institutions internationales partenaires de la République Centrafricaine, a exprimé  dans un communiqué leur grande préoccupation sur le développement d’une crise humanitaire aigüe en RCA.  Les membres du G5+, ont donc observé que plus de sept mois d’opérations militaires dans de nombreuses préfectures de la RCA ont déplacé des centaines de milliers de Centrafricains de leurs foyers, perturbé l’accès à la nourriture, à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène, et empêché l’aide humanitaire d’atteindre ceux qui en ont besoin.

Plus de 80 000 enfants en dessous de l’âge de cinq ans risquent une malnutrition sévère.

2,7 millions de personnes sont en situation de crise ou d’urgence en matière d’insécurité alimentaire. Environ 250 000 sont dans des zones inaccessibles pour les partenaires et institutions onusiennes et ONGs. Dans le même temps, les prix des matières primaires augmentent. Au-delà d’une crise alimentaire, la population de ces zones, qui se sont réfugiées parfois sur le site des déplacées ou souvent en brousse sont exposées aux risques de maladies, notamment à une crise de paludisme. 

Face à cette situation, la Banque Mondiale et le gouvernement centrafricain ont signé le 29 juillet 2021 à Bangui, un accord de financement d’un projet d’urgence à la crise alimentaire. Ce financement via le guichet spécial de financement de riposte à la crise de l’Association internationale de Développement (IDA), permettra à plus de 465.000 petits exploitants agricoles et personnes souffrant d’insécurité alimentaire de bénéficier d’une aide par le biais d’activités de travail contre rémunération, tout en réhabilitant les infrastructures agricoles à petite échelle dans les zones de mise en œuvre du projet.

Toutefois, la question de l’opérationnalisation sur le terrain de ces projets pose problème. En dehors de la capitale Bangui, le calvaire des acteurs humanitaires n’est loin de finir. Comme l’a indiqué le G5+ dans son dernier communiqué, les humanitaires sont disponibles pour fournir de l’aide multisectorielle flexible tablée sur les besoins grandissants. Néanmoins, ils continuent à faire face à des restrictions majeures sur la fourniture d’aide. Le personnel humanitaire a fait face à 267 incidents dans les premiers six mois de 2021, y compris les cas de violence contre leurs personnes, biens et autres outils de travail.

 Les infrastructures routières seront bientôt impraticables à cause des pluies.

En raison de ces incidents et des restrictions de circulation et d’accès, il existe un sérieux risque que les partenaires n’aient plus assez de moyens humanitaires pour continuer à apporter une réponse humanitaire adéquate dans les zones concernées.  Alors comment jugulé la problématique de déni d’accès et le défi logistique afin d’apporter de l’aide aux populations qui attendent beaucoup des acteurs humanitaires ? Le gouvernement centrafricain doit prendre conscience de la souffrance de la population et s’accordent avec ses alliés sur le terrain de l’indispensabilité de la réponse humanitaire pour le pays. Des mesures fortes doivent être prises pour faciliter l’accès humanitaires, libérer les barrières illégales érigées par les groupes armés. De leurs côtés, les groupes doivent respecter leurs engagements en ce qui concerne l’ouverture de couloir humanitaire pour que l’aide arrive facilement aux personnes vulnérables.

Ivann Gotoro