La sous-préfecture de Boda dans la Lobaye au Sud-ouest du pays a été durement touchée par le conflit armé de 2014. Les conséquences sont considérables à tous les niveaux de la société. Le CICR dans son programme de sécurité économique qui relève de l’assistance aux personnes affectées par les crises, apporte une aide afin qu’elles soient en mesure de subvenir à leurs besoins essentiels. Ainsi Oubangui Médias a pu s’entretenir avec  Marina Kamot, responsable du programme cash et de suivi des marchés en même temps facilitatrice de transfert monétaire au niveau du CICR. Elle nous explique comment cette unité de réponse appui des bénéficiaires de AGR dans la ville de Boda.

Oubangui Médias : Bonjour Marina Kamot. Dites-nous quels sont les appuis que vous apportez aux bénéficiaires d’AGR à Boda ?

Marina Kamot : Bonjour, au niveau du département sécurité économique (ECOSEC), il y a 5 piliers. Mais sur le volet AGR, on appui ces bénéficiaires pour que eux-mêmes réalisent des activités génératrices de revenu dans le cadre d’autonomisation des femmes. Ces activités leurs permettent d’avoir des revenus pour soutenir les besoins des ménages.

Oubangui Médias : quels sont les critères d’identification de ces bénéficiaires d’AGR ?

Marina Kamot : Nos bénéficiaires viennent du département protection, c’est des gens qui ont eu à perdre un membre de leurs familles. Et c’est cette personne disparue qui, auparavant soutenait les ménages dans les activités, le soutien matériel, financier et tout. Et du coup, sa disparition a rendu les ménages beaucoup plus vulnérables. Au niveau du département Ecosec, on a fait cette assistance pour leur permettre d’avoir des revenus afin de prendre en charge leurs familles respectives.

Oubangui Médias : Mais quel genre d’assistance que vous offrez aux bénéficiaires ?

Marina Kamot : Nous faisons l’assistance en cash enveloppe directement aux bénéficiaires pour leur permettre d’exercer les activités AGR que eux-mêmes ont choisies. Cela dépend de chaque bénéficiaire. Il en a qui ont opté pour la vente des produits de première nécessité : les sucres, les savons etc. d’autres ont opté pour la vente de l’essence, la vente des farines, du maïs et ça dépend de chaque bénéficiaire.

Oubangui Médias : Vous pouvez nous dire si ces bénéficiaires ont été formés sur les AGR ?

Marina Kamot : Avant de donner l’argent, on a dû faire des formations, parce que pour faire une activité génératrice de revenu, c’est comme une entreprise, c’est pour avoir l’argent. On a dû les former sur deux modules, le premier module s’articule sur la notion d’AGR. On leur a inculqué ce que c’est qu’une AGR. C’est comme une entreprise, ils doivent prendre ça comme leur activité qui leur génère de l’argent. Le deuxième module parle de la notion de marketing c’est-à-dire comme ils doivent vendre leurs marchandises. Cela les a beaucoup aidés. Ils ont gardé les consignes, ce qui fait qu’après l’assistance, un mois après je suis là et j’ai constaté qu’ils ont compris le système. Ils génèrent des revenus et épargne également.

Oubangui Médias : Quel est le montant du cash que vous octroyer aux bénéficiaires et pourquoi vous avez choisi Boda ?

Marina Kamot : On donne à nos bénéficiaires une enveloppe relativement raisonnable pour qu’ils démarrent leurs activités et la durée du projet avec les bénéficiaires est de 6 mois. Nous avons commencé en mois de juin. Nous allons clôturer entre le mois de décembre 2022 et janvier 2023. Pour la zone de Boda, nous avons 6 bénéficiaires par contre à Bangui nous avons 25 bénéficiaires. On n’a pas choisi cette localité mais c’est la protection qui a choisi ces deux localités vu les gens qui ont déclaré les membres de leurs familles disparus se trouvent beaucoup plus dans cette zone.

Oubangui Médias : Quels sont les perspectives après les 6 mois du projet ?

Marina Kamot : Nous avons commencé les discussions maintenant sur l’extension de ce soutien aux bénéficiaires. Ce qui est sûr, si la protection nous réfère encore les tas des familles des victimes disparues, nous au niveau du département, nous sommes prêts à le faire. Mais à une condition vue que la nouvelle approche pour nous n’est pas d’appuyer les familles d’une manière individuelle. C’est d’aller beaucoup plus sur le programme de crédit rotatif. Il faudrait que les bénéficiaires soient en groupement, c’est mieux, car il aura la pression du groupement qui va permettre aux bénéficiaires de rembourser le crédit. C’est pourquoi nous voulons opter pour le système de crédit rotatif.

Oubangui Médias : C’est quoi un crédit rotatif ?

Marina Kamot : c’est comme de l’AVEC (Association Villageoise d’Epargne et de Crédit), mais au niveau du CICR on appelle cela SLV (Groupe d’Epargne et de Prêt). C’est-à-dire que ce sont les bénéficiaires qui se mettent en groupe de 10, 20 ou 30, qui cotisent de l’argent ensemble et les gens qui désirent prendre du crédit le font dans ce groupe et remboursent avec un taux d’intérêt que eux-mêmes auront fixé.

Oubangui Médias : Quels les résultats attendus de ce projet ?

Marina Kamot : C’est depuis trois ans que le CICR suit ce projet et cela ne donne pas un très bon résultat. Les résultats sont toujours moyens. Pour ce projet, nous souhaiterions que la situation financière des bénéficiaires s’améliore, c’est l’objectif n°1. Et que ce qu’ils font comme activité se poursuivre 6 mois après notre intervention. Si cela se poursuit, ce qui justifie que nous avons donné l’assistance et les bénéficiaires ont réussi à avoir le niveau de finance acceptable.

Oubangui Médias : je vous remercie Marina Kamot

Marina Kamot : c’est à moi de vous remercier

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