Les habitants de Lambi dans le secteur Pama situé à 25 Km de Boali croisement  dans la préfecture de l’Ombella-M’poko, se disent désespérés de l’absence totale des forces de défense et de sécurité pouvant assurer leur sécurité.

Les raisons

Pour rappel, en mars 2022, il y’a un différend qui opposait les agriculteurs et les éleveurs peuhls de la localité au sujet du non-respect du couloir de la transhumance. Du coup, en plein marché hebdomadaire aux environs de 11 heures, quelques peuhls malintentionnés ont tiré à balles réelles sur les vendeurs et acheteurs faisant plus de quatre morts et plusieurs blessés.

Pris de colère, les habitants de Lambi ne voulant plus la présence de leurs bourreaux, s’en prennent à quelques-uns. Ce problème a entraîné la rupture de la viande de bœuf et les produits champêtres sur le marché, car les deux parties qui se regardaient en chien de faïence n’exercent pas leurs activités génératrices de revenu comme il se doit.

Il a fallu plusieurs pourparlers des autorités locales et grâce aux efforts de la section affaires civiles de la Minusca de Bouar pour que les belligérants puissent signer un pacte de non-agression le 23 janvier dernier lors d’une cérémonie qui s’est tenue à Lambi.

A l’issue de cette cérémonie, devant les autorités locales et les représentants de la Minusca, éleveurs peuhls et cultivateurs ont partagé un pot et se sont jurés de ne plus commettre un tel acte. Donc dorénavant, si les troupeaux des bergers détruisent un champ  d’un agriculteur et si un jeune abat un bœuf d’un éleveur, ces malfaiteurs seront automatiquement traduits devant la justice par le concours du groupe d’auto-défense de la localité.

Pour Éric Mokonou, conseillé à la municipalité de Boali et représentant du secteur Pama, le non-respect de ce pacte exposera les intéressés à des sanctions prévues par ce document.

Pourquoi la présence des forces de défense et de sécurité ?

Du moment où ce document a été signé entre les deux parties le 23 janvier dernier, la section affaires civiles de la Minusca de Bouar, a organisé une rencontre à Lambi le jeudi 16 mars 2023 pour faire le suivi.

Lors de ces retrouvailles, les peuhls et les cultivateurs témoignent qu’il existe déjà la cohésion sociale entre eux malgré la présence de quelques brebis galeuses. « Je sors chaque jour au marché pour acheter des condiments sans être agressée. Cela veut dire que nous vivons ensemble car nous sommes les filles et fils d’un même pays », témoigne  Amina Amadou, l’une des représentants des peuhls.

Selon Padiom Gbaguene,  l’un des responsables de la jeunesse de Lambi,  depuis la signature de cet accord, les habitants locaux sillonnent librement les brousses soit pour cultiver ou pour acheter le morceau de la viande de bœuf et leur lait qui est naturel. « A l’issue de cette réconciliation, j’ai une copine peuhle qui me fréquente tous les jours moi également je fréquente sa famille. Donc, nous ne voulons pas la guerre mais rien que la paix », a-t-il expliqué.

L’un des points culminants soulevés par la population aux autorités locales et aux représentants de la Minusca présents à cette réunion, c’est l’absence totale des forces de défense et de sécurité.

Selon Jean Nestor Bangue, chef du village Gbangoko, la gendarmerie avait installé un poste avancé au niveau de Lambi en mois de décembre  dernier. La présence de ces gendarmes avait rassuré la population, car leur professionnalisme a fait réduire le taux du banditisme dans le village.

Mais malheureusement, depuis le mois de février dernier, ces militaires sont retournés à leur base à Boali et la population ignore encore les raisons de leur départ. « Nous sommes obligés de mettre en place un groupe d’auto-défense pour nous protéger et ces enfants bénévoles sont ravitaillés chaque nuit avec les cafés et sucrés par la population locale, alors que ce n’est pas leur travail mais plutôt le rôle des gendarmes, policiers et FACA basés à Boali », a dit l’un des chefs du village Bio qui a requis l’anonymat.

La plupart des interventions assorties de cette rencontre sont axées beaucoup plus sur l’installation d’une base militaire dans la zone afin d’assurer la quiétude de la population locale. « Nous exhortons le gouvernement Centrafricain de nous envoyer les Hommes en tenue pour la sécurité des biens et des personnes dans le secteur Lambi, puisque nous ne sommes pas encore sûre du groupe d’auto-défense qui ne dispose même pas d’une arme », a indiqué Éric Mokonou conseiller à la mairie de Boali et représentant du secteur Pama qui réclame également le réaménagement de différentes routes de la zone pouvant faciliter la tâche aux patrouille militaires.

Pour votre gouverne, le secteur Pama est l’un des poumons économiques de la préfecture de l’Ombella-M’poko. Dans ce secteur se trouve le Parc de Bouboui. Pama dispose de plus de dix mille habitants, avec vingt-cinq villages. Mais, il n’a que deux centre de santé et ne dispose ni de collège ni un poste militaire en dehors de celui installé à Bouboui. Les populations locales sont à la merci de tous les dangers car selon les témoignages recueillis, les groupes armés y circulent tous les jours.

Judes Romain Koualet