La délégation centrafricaine conduite par la Ministre des Affaires Etrangères, Mme Sylvie Baïpo porteuse d’un message du Chef d’Etat, Faustin Archange Touadera a été reçu le 01 juin 2021 par le Chef d’Etat tchadien, le Président du Conseil Militaire de Transition, le Général Mahamat Idriss Deby.

Après échanges entre les autorités tchadiennes et leurs hôtes, les deux parties ont signé un communiqué conjoint les engageant à privilégier la paix pour un règlement pacifique de la crise. Ainsi, les autorités des deux pays se sont « convenues de la mise en place d’une Commission d’enquête internationale indépendante ».

Composée de partenaires traditionnels dont l’ONU, l’UA, CEEAC, les experts de la commission auront pour mission « d’établir les faits et déposer un rapport qui situera les responsabilités », lit-on dans le communiqué conjoint.

Pour éviter à l’avenir de pareils incidents qui compromettront les relations de bon voisinage, les deux pays « se sont engagés à mettre en application les conclusions du rapport de la commission internationale indépendante d’établissement des faits afin de travailler ensemble sur une nouvelle base pour renforcer la sécurité à la frontière commune et éviter que de tels incidents malheureux ne se reproduisent ».

Pareillement, tchadiens et centrafricains se sont accordés de « renforcer la coopération bilatérale dans tous les domaines conformément aux conclusions de la Commission Mixte tenue en décembre 2019 ».  

Se sécuriser mutuellement par la surveillance des frontières devra être une priorité de Bangui et de N’Djamena

Partageant ensemble des valeurs culturelles, historiques et géographiques, la relation entre les deux pays se sont dégradées à partir des années 2001 jusqu’à ce jour.

 L’opinion centrafricaine ne cesse de déplorer la déstabilisation du pays par le Tchad. Après leur mise en déroute par l’Armée Centrafricaine appuyée par des soldats rwandais et russe, les combattants armés de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) se sont repliés avec armes et bagages sur le territoire tchadien (base arrière).

Cependant, profitant de la porosité des frontières, ils se livrent à des opérations de coup de main et sabotage dans des localités centrafricaines, c’est ce qui a occasionné l’incident malheureux du 30 mai 2021

Pour éviter une telle crise, il est urgent que les deux pays décident de renforcer leur coopération sécuritaire par la présence des Forces de Défense et de Sécurité à leurs frontières communes pour neutraliser toute infiltration de bandes armées chez le voisin. La collaboration des deux forces pour éliminer des groupes qui menacent leurs sécurités communes est indispensable.

Aussi, N’Djamena et Bangui devront éviter d’être des boucs émissaires d’un conflit par procuration, surtout qu’on assiste à un regain de tension entre Paris et Moscou sur l’échiquier politique centrafricain.

Bangui et Ndjamena devra éviter l’escalade par procuration ?

Dans les années 1980 jusqu’en 1990, la RCA a toujours servi de plateforme à   l’Armée Française pour combattre les velléités de la Libye sur le Tchad. Des opérations conjointes sont aussi menées par les deux armées pour sécuriser leurs frontières communes. Cependant, deux Chefs d’Etat centrafricains (Ange Félix Patassé en 2003 et François Bozizé en 2013) ont été évincés du pouvoir par des rébellions soutenus par le Tchad.

Interrogé, un spécialiste de la région a déclaré à notre journal qu’il espère que « le Tchad n’osera pas attaquer la Centrafrique car, il ne prendra pas de risque sur sa frontière Sud en déployant son armada au détriment du Nord avec la présence du FACT qui était il y a un mois à 300 km de Ndjamena ».

L’autre facteur à prendre en compte par Ndjamena est la présence russe en Centrafrique, au Soudan et en Libye à ses frontières. Pareillement, la RCA qui après de longue années de conflit devra consacrer son économie à sa reconstruction et non à une déstabilisation de son voisin du Nord. 

Heureusement que les deux pays ont compris et ont évité la guerre de justesse.

Junior Max Endjigbongo