Doha, capitale du Qatar abrite du 5 au 9 mars 2023 la 5e Conférence des Nations-Unies sur les Pays les Moins Avancés (PMA). En haut de la tribune, le Président Centrafricain Faustin Archange Touadera a lancé des mots forts en faveur de son pays, l’un des PMA au monde fragilisé pendant plusieurs années des conflits armés et des prédations de ses richesses au profit des puissances obscures. Il invite les investisseurs à saisir l’immense opportunité dans ce pays très riche en ressources naturelles.

En effet, comme a déclaré António Guterres, Secrétaire Général de l’ONU, les pays les moins avancés sont laissés pour compte dans un contexte de crise, de dette, de chaos climatique et de profonde injustice mondiale. La Cinquième Conférence sur les pays les moins avancés est l’occasion pour le monde de réagir. Les pays qui ont le moins sont ceux qui en ont le plus besoin de soutien.

Pour le président Touadera, la République Centrafricaine est orpheline de l’aide publique au développement allouées aux Pays les Moins Avancés. Voilà pourquoi il appelle les partenaires internationaux à lever les mesures de suspension de l’aide budgétaire, accroître leur assistance au gouvernement, notamment par la mise à disposition du fonds vert pour le climat, afin de permettre la mise en œuvre des mesures d’adaptation nationales et la construction d’une économie résiliente, inclusive et durable.

Ci-après le discours du Chef de l’Etat.

Monsieur le président

Son Altesse Chelkh Tamin Bin Hamad Al Thani, Émir du Qatar, Cher Ami

Son Excellence Monsieur Lazarus McCarty Chakwera, Président de la République de Malawi, Président en Exercice des Pays les Moins Avancés

Excellence, Mesdames et Messieurs les Chefs d’États et de Gouvernements

Monsieur Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’organisation des Nations Unies,

Distingués délégués

Mesdames et messieurs.

La République Centrafricaine est honorée de prendre part à la 5eme Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, qui se tient dans cette merveilleuse ville de Doha, au Qatar.

Je voudrais donc expliquer toute ma gratitude au gouvernement et au peuple ami qataris pour la chaleur de l’accueil et l’excellence organisation de cette conférence.

Monsieur le Président

Notre conférence se tient à une époque particulièrement marquée par des chocs, tensions géopolitiques et des défis financiers, énergétiques, sanitaires, humanitaires et alimentaires sans précédent.

Le thème retenu à savoir : « Du potentiel à la prospérité » traduit notre volonté commune de sortir de la malédiction pour transformer nos potentiels naturels en véritables richesses en vue de répondre aux aspirations légitimes de nos populations à la prospérité.

Monsieur le président

Depuis le retour à l’ordre constitutionnel, le 30 mars 2016, la République Centrafricaine connait des avancés remarquables dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, la consolidation de l’État de droit, la lutte contre l’impunité, l’égalité des genres, l’autonomisation des femmes, la santé maternelle et infantile, l’éducation et la formation des filles, la promotion de la jeunesse, le développement du numérique, la bonne gouvernance, la sécurité et la réconciliation nationale.

Tous ces efforts sont amenuisés par l’embargo injuste et illégitime sur les armes à destination des Forces Armées Centrafricaines et sur le diamant centrafricain, depuis dix ans.

Victime des visées géopolitiques liées à ses ressources naturelles, la République Centrafricaine s’interroge sur le point de savoir comment les Pays les Moins Avancés peuvent-ils passer « du potentiel à la prospérité », s’ils restent confrontés aux ingérences étrangères qui les maintiennent dans la dépendance, l’insécurité et l’instabilité ?

Comment expliquer et comprendre que la République Centrafricaine, dotée d’un immense trésor géologique de plus de 470 Indices dont l’or, le diamant, les matières premières stratégiques comme le cobalt, le pétrole, l’uranium encore inexploités, de plus de 15 millions de terres arables favorables au développement de l’agriculture ; plus de 2,5 millions d’hectares de forêts représentant 6,75% des forêts tropicales humides du Bassin du Congo et 1,71% de la planète, demeure, plus de 60 ans après l’indépendance, l’un des pays les plus pauvres du monde ?

Vous le savez, monsieur le Président, Excellences mesdames et messieurs, la République Centrafricaine a toujours été considérée, à tort, par  certaines puissances occidentales, comme une réserve de matières premières stratégiques.
Elle est soumise depuis son indépendance à un pillage systématique, facilité par l’instabilité politique entretenue par certains pays occidentaux ou leurs compagnies qui financent des groupes armés terroristes dont les principaux leaders sont des mercenaires étrangers.
Les attaques récurrentes des groupes armés terroristes visent à rendre le pays ingouvernable, à empêcher l’État d’exercer son droit de souveraineté sur les ressources naturelles et son droit légitime à l’autodétermination, reconnus par les instruments juridiques internationaux pertinents.

Monsieur le Président

Comment un PMA peut-il passer du « potentiel à la prospérité » sans un accompagnement financier et technique des partenaires occidentaux ?
Depuis trois ans, l’Union européenne, le FMI et la Banque mondiale, partenaires clés de la République Centrafricaine, ont, sous la pression de certaines puissances occidentales, suspendu leur aide budgétaire, affirmant ainsi leur volonté de soutenir les luttes géopolitiques et géostratégiques.

Les campagnes de sensibilisation et de diabolisation menées par certains médias étrangers en vue de décourager les investisseurs sérieux, ont dépouillé l’État de ses immenses richesses et précieux moyens d’investir dans l’éducation, l’agriculture, l’énergie, les transports et la santé qui sont les secteurs essentiels pour le développement d’un PMA.

Le peuple centrafricain est donc pris en otage. Ses efforts de passer du « potentiel à la prospérité » pour atteindre les Objectifs du Développement Durable sont sérieusement compromis par les visées géostratégiques auxquelles il est totalement étranger.

Monsieur le Président

La République Centrafricaine est orpheline de l’aide publique au développement allouées aux Pays les Moins Avancés.

J’appelle les partenaires internationaux à lever les mesures de suspension de l’aide budgétaire, accroître leur assistance au gouvernement, notamment par la mise à disposition du fonds vert pour le climat, afin de permettre la mise en œuvre des mesures d’adaptation nationales et la construction d’une économie résiliente, inclusive et durable.

Je voudrais solliciter la mobilisation des pays les moins avancés, pour soutenir notre demande légitime de la levée totale de l’embargo sur les armes et les diamants afin de permettre au gouvernement de disposer de ressources financières nécessaires à la réalisation du Plan National de Défense et de Sécurité et des programmes de développement.

Je tiens à renouveler le soutien de la République Centrafricaine au Plan d’Action de Doha qui va régir pour la décennie à venir, nos actions de lutte contre la pauvreté dont le slogan retenu est : « Ne laisser personne pour compte ».

Je vous remercie