Un tournant décisif pour la CEMAC en prélude d’une rencontre de haut niveau sur les questions de FCFA, crypto monnaie, nominations, le 17 mars 2023, présidé par Paul Biya.

Paul Biya, président de la République du Cameroun et président en exercice de la CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale), a envoyé ses émissaires remettre des lettres d’invitation à ses homologues. C’est ainsi qu’il y a quelques jours, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a été reçu par le président Denis Sassou Nguesso du Congo, et le président Faustin Archange Touadera de la République Centrafricaine. Le ministre des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, a quant à lui été reçu par le président Ali Bongo Ondimba du Gabon, tandis que le président Obiang Nguema Mbasogo de Guinée équatoriale recevait un pli fermé porté par le ministre de l’Économie, Alamine Ousmane Mey.

Ordre du jour

Pour préparer les délibérations de ce sommet, un Conseil des ministres de l’Union monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) est prévu le 15 mars 2023. L’avant-projet d’ordre du jour du sommet à partir duquel les ministres vont travailler renseigne sur les sujets qui pourraient meubler la conférence des chefs d’État. Il s’agit de la mise en œuvre du Programme des réformes économiques et financières (Pref-Cemac), de l’évolution du processus de rationalisation des Communautés économiques régionales d’Afrique centrale (Communauté économique des États d’Afrique centrale -CEEAC-, Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale -Cemac-, et la Communauté économique des pays des Grands Lacs -CEPGL) ; de la réforme du FCFA ; des conséquences de la guerre en Ukraine et de la crypto monnaie sur les économies de la sous-région ; puis des nominations au sein de certains organes et institutions de la CEMAC.

Les dirigeants de plusieurs organes et institutions de la CEMAC sont en effet arrivés en fin de mandat. Il s’agit notamment du président la CEMAC, poste assuré depuis mars 2019 par le président Paul Biya, pour un mandat d’un an ; des six membres du gouvernement de la CEMAC, en fonction depuis février 2017 pour un mandat de 5 ans ; du président de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique Centrale (COSUMAF), en poste depuis décembre 2017 pour un mandat de 5 ans.

Principe de rotation en question

Pour l’instant, on ignore si le renouvellement de ces mandants se fera sur la base de la rotation en vigueur depuis l’abrogation du principe de Fort-Lamy en 2010. C’est-à-dire qu’il est prématuré d’affirmer que le Centrafricain Faustin Archange Touadera prendra la tête de la CEMAC, un camerounais les reines de la COSUMAF, ou un équatoguinéen la présidence de la Commission de la CEMAC.

En effet, il est prévu que la Conférence des chefs d’État évalue d’abord la mise en œuvre de ce principe, qui veut que les ressortissants des États de la Communauté se succèdent à la tête des organes et des institutions, selon l’ordre alphabétique des noms des pays. Il faut dire que malgré son existence, la nomination du président de la Banque de développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC) a été source de frictions entre le Cameroun et le Tchad l’année dernière. Chaque pays a en effet clamé que c’était son tour de présider aux destinées de cette banque de développement. Au finish, le poste est revenu au Camerounais Evou Mekou. Le Tchad a néanmoins obtenu la promesse d’« un poste de premier responsable dans l’une des institutions de l’UMAC ».

FCFA, Cryptomonnaie

À l’issue du sommet du 17 mars 2023, on pourrait enfin avoir une idée sur « l’évolution » que les chefs d’État de la CEMAC souhaitent donner au FCFA, la monnaie communautaire. Il est en effet envisagé que le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), Abbas Mahamat Tolli, présente le fruit de sa réflexion sur la question. Cette réflexion lui avait été confiée en compagnie de la Commission de la CEMAC, lors du sommet extraordinaire du 22 novembre 2019. Les chefs d’État avaient néanmoins pris soin de baliser le travail. Ils s’étaient dits attachés à « une monnaie commune stable et forte », et avaient demandé « une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération » monétaire avec la France.  

La crypto monnaie est l’autre sujet monétaire sur lequel l’arbitrage des chefs d’État de la CEMAC  pourrait être sollicité. Pour ce faire, une analyse de la situation et les conséquences des crypto monnaies sur les économies de la sous-région devraient leur être présentées. Il faut dire que la Centrafrique a adopté en avril 2022 le Bitcoin comme monnaie ayant cours légal. Pour le gouverneur de la CEMAC, cette décision viole les accords de coopération monétaire avec la France, les textes régissant l’union monétaire et les statuts de la Banque des États de l’Afrique centrale.

Programmes avec le FMI

Le sommet du 17 mars prochain tentera aussi de donner un coup de fouet à la mise en œuvre de Pref-Cemac. À l’issue de la rencontre extraordinaire du 18 août 2021, les chefs d’État avaient insisté sur la nécessité pour tous les pays de la sous-région de conclure, courant 2021, des programmes de seconde génération et finaliser les programmes de première génération avec le Fonds monétaire international (FMI). Objectif : accélérer les réformes structurelles en vue de faire face aux conséquences économiques de la pandémie de Covid-19, aggravées par la guerre en Ukraine.

Pourtant, à ce jour, seuls quatre pays sur six ont déjà conclu des programmes avec le FMI conforme aux objectifs du Pref-Cemac. Il s’agit du Gabon, du Cameroun, du Tchad et du Congo. La mise en œuvre des programmes de première génération de la RCA et de la Guinée équatoriale est même grippée.

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