C’est le cas de Samira Ibrahim, victime à deux reprises de violence sexuelle à Bangassou et Bria par des hommes en arme. Elle a pu surmonter les traumatismes grâce à un projet financé par Global initiative for justice trush an reconciliation (GIJTR) et qui est mise en œuvre par la Fondation Dr Denis Mukwege RCA.

Au menu des activités relatives au lancement de la campagne sur la lutte contre les violences basées sur le genre, le journal Oubangui Medias s’est entretenu avec Samira Ibrahim, une survivante des violences sexuelles liées aux conflits. Agée d’une vingtaine d’années, mère d’une fille de 6 ans où elle a conçu sa grossesse lors du premier viol commis selon elle, par des éléments de la Seleka à Bangassou en 2013.

Pour sauver sa dignité, sa mère biologique lui a ordonné de quitter la ville. Elle s’est rendue à Bria dans la Haute-Kotto chez sa tante maternelle avec sa première fille mais un autre événement douloureux l’attend dans cette ville qui est aussi secouée tout comme les autres villes de la RCA par le conflit intercommunautaire. Samira Ibrahim a été pour la deuxième fois violée par des bandits armés assimilés aux Anti-Balaka, un groupe d’autodéfense.

« Même mon père n’a pas voulu m’amener à l’hôpital car il s’est dit couver de honte et j’ai fini à avoir un enfant de ce viol », a raconté Samira Ibrahim.

Un véritable calvaire pour elle et ses parents. Samira Ibrahim a dû encore quitter la ville de Bria pour Bangui la capitale centrafricaine. Ici la situation de cette innocente fille va de mal en pire. Elle a été rejetée par sa communauté. Pour surmonter, elle se voit obligé de se droguer: « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter tout cela ? Ma tante m’a supplié de garder le secret mais pourquoi ? » s’interroge-t-elle en versant des larmes.

Après plus de trente secondes de silence, Samira Ibrahim a repris la parole. « J’ai abandonné ma fille qui se traînait dans les avenues de Bangui pour quémander et un jour, la coordonnatrice de MOSUCA à qui j’ai beaucoup d’estime, a pu rencontrer ma fille et elle l’a posé la question de savoir où se trouve sa mère. Ma fille lui a répondu « ma mère a été violée » et l’a conduite là où nous vivions. Je vous dis que la coordonnatrice m’a trouvé dans un état très critique. Elle est touchée par ma situation et elle m’a conduit à l’hôpital et après cela elle m’a amené à un psychologue avec qui j’ai échangé. Sans vous mentir au début ce n’était pas facile mais je me sens vraiment à l’aise actuellement avec mes sœurs et ma fille, prise en charge par MOSUCA », a témoigné Samira Ibrahim.

Samira Ibrahim a bénéficié d’une formation comme les autres survivantes sur comment monter des pièces théâtrales et celles-ci ont fait une démonstration lors des campagnes contre la VBG dans le cadre des 16 jours d’activisme. Un projet de la Fondation Dr Denis Mukwege RCA, financé par Global initiative for justice trush an reconciliation (GIJTR).

A en croire Dr Earvin Isumbisho Mazambi, Directeur-pays de la Fondation Denis Mukwege en RCA, cette initiative est une thérapie pour ces survivantes. Puisque selon ce dernier, à force de faire des répétitions en équipe et réfléchir comment monter des pièces théâtrales, ces victimes et survivantes des violences sexuelles liées aux conflits vont oublier au fil du temps ce qui leur est arrivé.

Christian Steve SINGA