La préfecture du Mbomou en général et la sous-préfecture Bangassou en particulier font face à un sérieux problème d’approvisionnement en produit de première nécessité. Les prix flambent de jour en jour. Pour cause, la dégradation très avancée de la route et quelques poches d’insécurité dans la région. Le sous-préfet de Bangassou Albert Cyrille Maleyao, préfet par intérim s’est livré à Oubangui Médias, lors d’une mission de presse facilitée par la Minusca.

Oubangui Médias : Monsieur Albert Cyrille Maleyao, bonjour. Vous êtes sous-préfet de Bangassou et donc préfet par intérim du Mbomou. La préfecture du Mbomou n’a pas été épargnée par la dernière crise. Quelle est la situation sécuritaire actuellement dans cette préfecture ?

Albert Cyrille Maleyao : Bonjour monsieur le journaliste. Je pense que la situation sécuritaire dans la préfecture du Mbomou et dans la sous-préfecture de Bangassou est au beau fixe, même si on dit qu’il y a encore des poches de résistance des rebelles vers Nzacko et Pombolo. Toutefois, nous cherchons des voies et moyens pour éradiquer ces poches d’insécurité. Chaque semaine, nous évaluons la situation sécuritaire avec les partenaires dont la Minusca afin de voir comment maitriser totalement la sécurité dans le Mbomou.

Parlant de Bangassou, vous êtes arrivés ici, certainement que vous vous êtes rendus compte que la ville est calme. Il y a la sécurité.

Oubangui Médias : Que faites-vous concrètement pour mettre hors état de nuire les rebelles dans les périphéries?

Albert Cyrille Maleyao : Il y a la présence des forces de la Minusca, il y a la présence des FACA, de la gendarmerie à Bakouma et ailleurs pour empêcher les avancées de ces rebelles. Pour dire que l’Etat est là pour veiller sur la sécurité de la population dans ces localités. Puisque c’est militaire, je ne peux dévoiler toutes les stratégies envisagées.

Ces hommes armés sont autours de Nzacko. Je pense que des mesures sont envisagées pour les empêcher de sévir et de progresser.

Oubangui Médias : La préfecture du Mbomou et la ville de Bangassou ont été secouées par des crises qui ont déchiré le tissu social. Les liens se sont-ils déjà ressoudés entre la population ? Surtout à Bangassou.

Albert Cyrille Maleyao : Oui effectivement. La cohésion sociale, le vivre ensemble revient déjà entre les communautés après un travail du gouvernement, de ses partenaires et de la population elle-même. Vous l’avez constaté. Tout le monde est ensemble, vendent ensemble, mangent ensemble, cultivent ensemble et habitent ensemble. C’est un mauvais vent qui est passé déjà. Les déplacés ont regagné leurs habitations, ceux de la communauté musulmane aussi. Tout le monde vague bien à ses occupations. Et, nous poursuivons ce travail pour renforcer la cohésion sociale et maintenir le climat de confiance entre les communautés.

Oubangui Médias : Monsieur le sous-préfet, l’un des problèmes majeurs de votre préfecture est la dégradation des routes depuis Bambari. Quelles en sont les conséquences sur la population ?

Albert Cyrille Maleyao : Vous aurez dû venir par la route pour connaitre la souffrance des habitants du Mbomou. S’il y a des fonctionnaires qui sont restés à Bangui, c’est en partie par rapport à cette dégradation. Ils attendent la planification par voie aérienne de leur redéploiement. Madame le préfet se bat actuellement à Bangui pour cela.

Cependant, les conséquences de ces dégradations sont nombreuses sur la vie socioéconomique. D’abord sur le plan alimentaire, il y a une flambée des prix. C’est une situation inquiétante. Les commerçants prennent des risques énormes pour ravitailler la ville en produits de première nécessité depuis Bangui. Ils sont parfois traqués par les bandits armés qui brulent leurs véhicules avec les marchandises. D’autres perdent leurs vies. C’est malheureux. En bref, ils connaissent trop de difficultés.

En saison des pluies, un véhicule peut passer un mois avant d’arriver à Bangassou. En conséquence, il y a la flambée des prix. Par exemple, un sac du ciment coûte actuellement 30.000 FCFA, le sac de farine 60.000 FCFA, le sac du riz 50.000 FCFA,  le sac du sel  11.000 FCFA, un litre d’essence 2.500 FCFA…C’est difficile pour la population de s’approvisionner en produit de première nécessité. Elle ne sait à quel saint se vouer. Elle ne peut pas s’en sortir si le gouvernement ne réagit pas pour réhabiliter cette route. Nous ne cessons d’apaiser la population mais à un moment donné, nous sommes limités dans nos actions.

Oubangui Médias : Avec ce cout de vie difficile et l’insécurité qui frappe par moment cette préfecture, dites-nous est-ce que tous les fonctionnaires et agents de l’Etat sont-ils en place ?

Albert Cyrille Maleyao : Oui, l’autorité préfectorale a fait beaucoup d’effort pour le redéploiement de tous les fonctionnaires ici. Je peux vous rassurer que tous les fonctionnaires ont été nommés dans tous les services déconcentrés de l’Etat. Tous les directeurs régionaux de chaque département ministériel sont là. Tous les services de l’Etat fonctionnent après les moments de crise que la région a connus.

Cependant, il y a quelques fonctionnaires qui ont effectué des déplacements à Bangui et qui ne sont pas encore rentrés. Avec l’aide de notre partenaire la Minusca, je pense qu’ils seront tous là dans bientôt. Seulement, les fonctionnaires affectés ici ont la crainte d’amener toutes leurs familles car l’insécurité survient de temps en temps et il est difficile de contenir toutes les familles affectées ici. C’est la raison qui les amène à venir seuls. La sécurité est là mais elle n’est pas à 100%. C’est pourquoi il faut prévenir. C’est la crainte de ces fonctionnaires.

Oubangui Médias : Vous dites que la Minusca vous appuie dans le cadre de redéploiement des fonctionnaires et agents de l’Etat, quelles sont d’autres réalisations de ce partenaire dans cette préfecture, du moins dans la sous-préfecture de Bangassou ?

Albert Cyrille Maleyao : La Minusca c’est notre partenaire privilégié. Depuis la crise qui est survenue dans le Mbomou, elle est toujours présente. C’est un partenaire qui nous accompagne en tout. Il l’a fait et il continue à le faire. La Minusca a réalisé beaucoup de chose, même la réhabilitation de cette sous-préfecture, les locaux de la police, de la gendarmerie, les bureaux des directeurs régionaux, la Mairie de Bangassou, le palais de la justice, la maison des jeunes, la maison des femmes… Je dirais en résumé tous les bâtiments administratifs de la préfecture. Il y a une très bonne collaboration entre l’administration et la Minusca.

Oubangui Médias : Monsieur le sous-préfet, quels sont réellement les besoins de la population du Mbomou actuellement ?

Albert Cyrille Maleyao : La population émet le vœu de voir réhabiliter le tronçon Bambari-Bangassou. Si cette route est réhabilitée, je pense que la souffrance de la population de Bangassou et celle du Mbomou va être apaisée. C’est la préoccupation fondamentale.

Oubangui Médias : Monsieur le sous-préfet Albert Cyrille Maleyao, nous vous remercions.

Albert Cyrille Maleyao : C’est à moi de vous remercier d’avoir fait un déplacement vers nous. Bonne année à vous et à vos lecteurs.

Interview réalisée par Fridolin Ngoulou