« Je souligne que l’embargo n’empêche pas, bien entendu, la République Centrafricaine d’acquérir les moyens de se défendre », a déclaré  Nicolas de Rivière, Représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, jeudi 29 juillet lors de la réunion de Conseil de Sécurité de l’ONU qui a vu un assouplissement sur l’embargo qui pèse sur les Forces Armées Centrafricaines depuis 2013.

A New York ce 29 juillet 2021, dans sa Résolution 2588, le Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies a reconduit les sanctions sur la République Centrafricaine y compris l’embargo sur les armes jusqu’au 31 juillet 2022.

Une dérogation pour la dotation en mortier 60 mm

«Je souligne que l’embargo n’empêche pas, bien entendu, la République centrafricaine d’acquérir les moyens de se défendre, puisque le Conseil de sécurité a accédé à toutes les demandes qui lui ont été formulées. Et le but final est bien de lever l’embargo pour les forces centrafricaines : c’est pour cela que le Conseil a mis en place des objectifs pour accompagner les progrès de la République centrafricaine », a indiqué le responsable français dans ses remarques à la presse.

«C’est un embargo qui vise à empêcher les groupes armés d’acquérir un arsenal et de l’utiliser contre les civils, les forces armées centrafricaines ou la Minusca. Dans le même temps, les possibilités d’exemptions sont étendues pour que les autorités de République centrafricaine puissent continuer à former et équiper leur armée », a-t-il fait observer.

Aussi, il est autorisé à la RCA de se doter de mortiers de 60 mm. « A la différence dans ses neuf dérogations, le Conseil inclut pour la première fois les livraisons de mortiers de 60 mm et de munitions spécialement conçues pour ces armes », a précisé l’ONU. C’est donc à défaut d’une levée totale de l’embargo, le Conseil de Sécurité a assoupli la sanction.

Pas de droit de véto – Indignation des Centrafricains :

C’est depuis des mois que les Centrafricains ont battu le pavé devant le siège de la Minusca à Bangui pour exprimer leur ras-le-bol de cette décision onusienne qui prive les Forces de défense et de sécurité nationale de ses moyens d’action. Pareillement au lobbying du gouvernement que beaucoup juge « insuffisant », le Président angolais au nom de la Conférence internationale sur la région des grands lacs a plaidé au siège de l’ONU pour la levée de ces sanctions afin que le gouvernement puisse combattre « à arme égale » avec les rebelles qui se ravitaillent impunément.

C’est donc par rapport à ces mobilisations que le peuple attendait cette date avec optimiste – levée totale de cet embargo-. Mais le résultat du vote l’a très vite déchanté. Dans les rues de Bangui et sur les réseaux sociaux, l’on s’étonne que des alliés de la RCA, notamment la Chine et la Russie n’aient pas fait usage de leur droit de véto. Sur les quinze (15) membres du Conseil de sécurité, quatorze (14) ont voté la reconduction et seule la Chine s’est abstenue.

Quelle chance donnée au renouvellement de cette sanction ?

Exaspérée et unanimement, pour les centrafricains, le maintien de l’embargo est « inique » car les groupes armés s’approvisionnent à volonté et disposent de mortier de 120 mm en ce temps, l’armée centrafricaine ne peut s’équiper « à armes égales » avec ses ennemis. Mais à lire les remarques du diplomate français, il a souligné que «l’embargo n’empêche pas, bien entendu, la République Centrafricaine d’acquérir les moyens de se défendre, puisque le Conseil de sécurité a accédé à toutes les demandes qui lui ont été formulées ».

C’est-à-dire, à défaut de la levée totale de cette mesure onusienne, la RCA pourra s’approvisionner en armes en cas de nécessité. La Fédération de Russie qui a un Accord de défense avec la RCA et dont la contribution en conseil, en hommes et armes n’avait pas hésité a brisé l’embargo en livrant du matériels militaires permettant aux Forces armées centrafricaines (FACA) d’avoir une forte posture pour briser l’étau autour de Bangui et lancer la contre-offensive pour mater la rébellion de la CPC.

Le gouvernement a toutes les chances, dans la légalité à disposer des moyens nécessaires pour la défense de la patrie. Mais, il doit en même temps prendre avec beaucoup d’optimiste les remarques du conseil pour répondre aux exigences en matière de la protection des armes. Même si des armeries ont été inaugurées ou en construction, la décision du Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas un échec diplomatique.

Junior Max