Après au moins quatre an de mise en œuvre du Projet de Relance d’Agriculture pour le Développement Agricole de Centrafrique (PRADAC), le constat reste amer suite à sa gestion. Juste 28 millions de FCFA sur 3 milliards 366 millions de FCFA ont pu être décaissés. Quels sont les raisons de cette lourde machine qui pénalise les exploitants agricoles Centrafricains  à un an de fin du projet?

Le ministre de l’agriculture Mathieu Éric Rokosse-Kamot a laissé parler son cœur à la presse puis échanger des conversations le jeudi 21 avril 2023 sur ce projet dont l’une de ses composantes est le développement des infrastructures productives communautaires plus axé sur développement des compétences pour l’entrepreneuriat agricole et rural.

En effet, dans le cadre Plan National de Relèvement et de Consolidation de la Paix en Centrafrique (RCPCA) adopté à Bruxelles en Belgique en 2016, en ce qui concerne le secteur rural, il a été prévu la mobilisation 95 milliards de FCFA pour mettre en œuvre neuf projets dont deux en cours. Parmi ces projets, Il y a le PRADAC dont le coût total s’élève à 14 milliards FCFA  et qui vise à augmenter la productivité agricole de petits agriculteurs et à promouvoir les micros, les petites et moyennes entreprises agricoles dans le domaine de l’agrobusiness.

Cette sous composante de développement des compétences pour l’entrepreneuriat agricole et rural bénéficie d’une enveloppe de 3 milliards 366 millions de FCFA y compris tout ce qui a trait à l’ingénierie des cabinets études, pour accompagner les bénéficiaires à constituer les dossiers et soumissionner leurs projets à la Banque Mondiale. Les micros entreprises devrait bénéficier de 2.800.000 de FCFA, les petites entreprises 5.400.000 de FCFA et moyennes entreprises 20.000.000 de FCFA.

Le constat est amer après quatre ans d’existence du PRADAC

Selon le ministre de l’agriculture Mathieu Éric Rokosse-Kamot, c’est avec beaucoup de regret que la Banque Mondiale est en voie de réorienter ces fonds destinés aux financements à coût partagé vers les marchés et autres infrastructures communautaires. « Le constat est amer après quatre années d’existence de ce projet. Il y a seulement 28.498.000 millions de FCFA qui sont décaissés pour financer dix petits exploitants sur 3 milliards 366.000 millions de FCFA . Il y a toute une succession de défaillance à relever dans la gestion du PRADAC », a-t-il déploré.

En poursuivant, le ministre rappelle que le fondement du PRADAC est la création et l’utilisation à bon escient de ces fonds qui doivent aller à la direction des promoteurs de l’agrobusiness. « Si on ne réussit pas cette composante, cela veut dire que le PRADAC est dépouillé de tout. Il faut un engagement de pouvoir suivre ce dossier de près avec la coordination nationale. Il faut faciliter l’accès aux compatriotes qui ont besoin de financement, qui ont un minimum d’expérience dans le domaine, qui ont fait déjà des investissements. Donc, il est important d’identifier les facteurs bloquants, d’apporter les solutions parfois politiques et d’enlever les barrières pour faciliter l’accès  au financement» rassure le ministre de l’agriculture.

Comment prétendre à ces subventions ?

Les bénéficiaires qui sont des entrepreneurs agricoles, les coopératives et les groupements agro-pastoraux doivent répondre aux conditionnalités de la Banque Mondiale. Il s’agit essentiellement des projets qui se trouvent dans les zones de PRADAC entre autres, Bamingui-Bangoran, Ombella Mpoko, Ouham, Ouham Pendé, Ouaka , Vakaga, Bangui et ses environs, et qui œuvrent dans les filières d’activités telles que l’élevage, la production du maïs, de manioc, du coton y compris certaines productions vivrières répondant à l’objectif de PRADAC.

Les soumissionnaires doivent s’enregistrer au registre du commerce au guichet unique pour les entreprises, les groupements agro-pastoraux. Ils doivent obtenir un récépissé du ministère de l’administration territoriale afin de donner une existence juridique. Ils doivent avoir un compte bancaire pour une traçabilité de transactions dans la transparence. Ils doivent faire preuve de l’existence des réalisations antérieures, avec des actifs numéraires ou des investissements déjà réalisés.

En ce qui concerne les sociétés coopératives, les autorités centrafricaines ont facilité l’ouverture du registre à la Chambre d’agriculture afin que celles-ci s’enregistrent.

Ceci étant, le PRADAC est limité dans le temps. Deux cents cinquante-deux dossiers sont à enregistrer. Il faut de l’engouement des acteurs privés qui interviennent et s’intéressent à l’agrobusiness pour développer les compétences nécessaires dans l’agrobusiness en milieux urbains et ruraux.

La Banque Mondiale a aussi émis des conditions d’inéligibilités pour les personnes morales et de droit public. Ces catégories ne peuvent accéder aux subventions accordées aux petits producteurs et exploitants privés.

Pour le ministre de l’agriculture, le Président de la République Faustin Archange Touadera accorde plus d’intérêt au secteur rural. Mais le gouvernement doit chercher des moyens à faciliter l’accès à ces financements de peur de les perdre.

Ce projet a été miné depuis 2021 par une crise de compétence, ralentissant ainsi la mise en œuvre réelle au profit des bénéficiaires. Du coup, le pays n’a pas été à mesure d’absorber les fonds alloués. Les conséquences risquent d’être la réorientation de ces fonds au profit d’autres projets communautaires.

Zarambaud Mamadou