Oubangui Médias a rencontré une jeune femme trentenaire du nom Diana Koguereguengba, issue d’une famille modeste, chrétienne, toutes des filles. Cette dernière se démarque de ses sœurs, avec un calme olympique et très enthousiaste, elle se lance dans le monde des affaires des articles en plastique et se veut une actrice pour le développement économique et social de son pays. Elle nous raconte sa vision et donne sa perception de la place de la femme centrafricaine dans la société actuelle.

Oubangui Médias : Bonjour. Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours scolaire et professionnelle ?

Koguereguengba: Je m’appelle Koguereguengba Diana, j’habite aux 92 logements et je vends mes marchandises au marché Sango dans le deuxième arrondissement de Bangui. Concernant mes études, j’ai raté trois fois de suite le baccalauréat et donc j’ai cessé les études en classe de Terminale. Ma scolarité est tellement perturbée lorsque je commençais à avoir des enfants c’est pour cela que j’ai arrêté les études.

Malgré ces multiples échecs, je ne me suis pas limitée là. J’ai pensé qu’il y a une autre voie, c’est ainsi que je me suis lancée dans des activités génératrice de revenu, plus précisément dans la vente des articles en plastique.

Oubangui Médias : Comment arrivez-vous à gérer un établissement de commerce général spécialisé dans la vente des objets ne plastique ?

Koguereguengba: Tout au début, je réfléchissais comment développer un commerce et j’ai opté pour la vente des objets en plastique. C’est un business que ma défunte mère est promotrice dans la famille. Ensemble avec elle, j’ai appris comment passer les commandes, gérer le stock, entretenir les relations avec les clients et faire des activités connexes.

Ce qui est le plus important c’est de tenir son cahier de journal de vente, développer un carnet d’adresse des fournisseurs et partenaires, et être correcte dans la conformité d’avoir tous les papiers de votre établissement, de payer ses impôts, taxes et douanes. Cela fait déjà neuf ans d’expérience que je pratique ce commerce. J’ai trois employés et c’est ensemble avec eux que nous faisons tourner notre boite.

Oubangui Médias : Il est toujours difficile pour une femme de concilier la vie professionnelle et la vie conjugale. Comment faites-vous pour vous en sortir ?

Koguereguengba: Dans cette situation, il faut s’organiser, ce n’est pas toujours facile, lorsque je me réveille le matin, je m’occupe de mes enfants pour qu’ils partent à l’école puis je pars à la boutique vendre mes marchandises. En même temps, je dois appeler les fournisseurs et les partenaires, livrer des commandes et aussi recevoir des bons de commandes.

Je rentre le soir à la maison prendre un temps avec mes enfants, contrôler leurs cahiers et s’il y a des devoirs à faire à la maison, je les aide dans les exercices. C’est important de veiller sur les études des enfants, car ce sont eux qui vont prendre la relève demain. Voici ce que je fais presqu’au quotidien par la grâce de Dieu.

Oubangui Médias : Quelles sont les difficultés auxquelles vous rencontrez avec vos clientèles ?

Koguereguengba: Les problèmes ne manquent pas du tout entre nous et nos clients. Il y en a des clients qui sont incompréhensifs, d’autres nous comprennent lorsque que les prix des articles sont en hausse et le dédouanement des marchandises surtaxées font grimper les prix. Ce que nous pouvons faire, c’est d’amener nos clients à la raison avec plus de confiance de comprendre la réalité du marché.

Comme on dit dans un adage, je cite « le client est roi » nous faisons tout pour garder la relation avec les clients.

Oubangui Médias : Quel est la mission que vous vous êtes assignées pour atteindre votre objectif ?

Koguereguengba: Je prie Dieu de m’aider à m’épanouir dans mon commerce. C’est une activité que j’aime et je veux devenir une grossiste des articles en plastique en Centrafrique capable de fournir en grande quantité des chaises et tables de qualité supérieure, des chaises alaises et bistrot sans accoudoirs, des chaises accoudoirs, des futs plastiques et aussi être capable de commander et livrer des tanks vertical à eau de 200L à 1000L…

C’est cela être une grande opératrice économique, qui contribue au développement de son pays dans le secteur de l’économie.

Oubangui Médias : Les femmes se préparent à commémorer la journée internationale de la femme, le 08 mars prochain. Que représente pour vous cette journée ?

Koguereguengba: Le 08 mars est la journée où nous femmes devons réfléchir sur des sujets qui marchent ou qui ne marchent dans notre pays. Nous parlons de la parité 50/50 entre les hommes et les femmes alors nous n’avons rien vu de concret. Nous devons aussi parler des difficultés auxquelles nous commerçantes sommes confrontées dans les voyages d’affaires pour notre commerce en payant plus de taxes.

La douane qui ne favorise pas l’avancement dans nos affaires par contre on favorise plus les étrangers par la corruption. C’est ce jour-là que nous devons redéfinir et débattre de ces choses qui nous empêchent d’avancer. Malheureusement d’autres femmes passent plus leur temps à se livrer à la boisson, s’habiller et faire la beauté.

Je crois qu’il est normal de demander au gouvernement en lui faisant une proposition globale à l’endroit de toutes les femmes centrafricaines, afin de faire sortir les femmes de la pauvreté que chaque femme doit réfléchir de manière positive pour sa vie et sa famille.

Le message que je voudrai lancer à l’endroit des femmes qui n’ont aucune activité, il faut que les femmes se lancement dans l’entreprenariat afin d’aller véritablement vers 50/50.  Pour celles qui étudient encore,  je leur dis de s’accrocher aux études car le bonheur viendra certainement après le dur labeur.

Oubangui Médias : Vous évoluez dans le domaine de l’entrepreneuriat ; quel message lancez-vous aux autres femmes qui attendent tout de leurs maris ou soit du gouvernement à travers la fonction publique ?

Koguereguengba: J’apprécie beaucoup de femmes qui se lancent dans des affaires, font face à l’adversité et de s’auto prendre en charge au lieu d’attendre du gouvernement. Nous voudrions faire évoluer le pays. J’encourage celles qui sont à leur début et ça ne sert à rien d’avoir la honte de demander si tu ne connais pas, rapproche toi auprès de l’autre et tu demandes comment ça se fait.

Il y a des femmes entrepreneures qui sont dans d’autres domaines techniques, scientifiques, artistiques et culturelles,  nous les encourageons à ne pas baisser les bras et à regarder droit devant car l’avenir est prometteur dans ce qu’elles font au quotidien.

En marge de cette catégorie, nous conseillons ces femmes qui ne font rien à la longueur de la journée de se préoccuper en faisant quelques activités que ce soit dans l’artisanal, le commerce, l’apprentissage de métiers tels que la savonnerie, la maroquinerie, la menuiserie, la maçonnerie, la mécanique auto, l’électricité et l’informatique… La femme doit faire quelques choses tout comme l’homme.

Oubangui Médias : Directrice, nous vous remercions

Koguereguengba: Je vous remercie

Interview réalisé par Assimby Komodou