« Nous, les personnes handicapées, sommes des citoyens à part entière, mais nos droits ne sont pas respectés », dit Theresa, jeune fille centrafricaine souffrant de surdité.

Née au quartier Fatima, à Bangui, Theresa a été atteinte de surdité comme conséquence de la méningite à l’âge de deux ans. Sa nouvelle réalité a fait qu’elle ne pouvait pas fréquenter l’école comme les autres enfants du quartier. Sa famille a donc décidé de déménager afin qu’elle puisse continuer son éducation dans le Centre d’éducation des Sourds de Benz-Vi.

Grandir avec une infirmité n’était pas facile pour elle. « Bien que ma famille m’ait soutenue, je sentais leur angoisse en beaucoup de moments. J’étais confrontée au quotidien par les regards de jugement et de marginalisation d’autrui. Les autres pensaient que je n’étais pas capable de réussite à cause de mon handicap », continue la jeune leader.

Toutefois, Theresa n’a jamais abandonné. A l’âge de 24 ans, elle est activiste dans deux associations que se battent pour les droits des jeunes filles vivant avec surdité ou déficience auditive.

« Je voulais être un acteur de changement positif dans ma communauté. Je ne voulais pas voir les autres filles sourdes souffrirent. Et c’est à ce moment où j’ai décidé de devenir activiste et de me mobiliser pour leurs droits, » ajoute-t-elle.

Pour atteindre son objectif, à travers son organisation « Association Nationale la Main des Sourds » et avec le soutien des comités des sourdes-muettes au sein de U-Report, elle organise régulièrement des causeries éducatives et de sensibilisation de masse pour encourager les filles sourdes à ne pas être timides ou soucieuses mais au contraire de se faire entendre pour se bâtir un meilleur avenir et apporter leur voix sur le développement de leur pays.

« En République Centrafricaine, une grande partie des jeunes filles sourdes qui ne vont pas à l’école et elles sont souvent maltraitées. Pourtant, le pays dispose d’une loi fondamentale, promulguée en 2000, qui consacre la promotion et la protection des personnes handicapées. Plus récemment, le Code de la Protection de l’Enfance en RCA, de 2020, proclame dans son article 68 que les enfants vivant avec handicap ont le droit à une protection spéciale », explique-t-elle.

Theresa ne cache pas sa frustration. « Le problème », dit-elle, « est que souvent ces lois sont méconnues non seulement de la population, mais aussi des autorités et par conséquent les gens ne sont ni éduqués sur nos droits, ni réprimandés lorsqu’ils portent atteinte à nos droits».

« Les gens nous considèrent comme des demi-personnes, mais nous sommes capables de grandes choses. Nous avons des rêves mais ce qui nous manque c’est un environnement favorable au développement de nos capacités et à notre réussite ».

Theresa affirme qu’elle continuera de lutter pour la réalisation des droits pour les personnes sourdes ou malentendantes, surtout les filles : « Je suis dédiée aujourd’hui et pour toujours à porter la cause des jeunes femmes sourdes jusqu’à ce que nous obtenions tous nos droits et que nous nous épanouissions ».

UNICEF