Le projet de la modification de la Constitution du 30 mars 2016 se précise. La proposition de la loi se retrouve désormais sur la table de l’Assemblée nationale. L’opposition est montée au créneau pour dénoncer ce coup que la loi mère va subir et promet des actions avec des conséquences regrettables au cas où le gouvernement tient à ce projet.
L’idée de la modification de la Constitution a été officiellement lancée lors du dialogue républicain qui s’est achevé le 27 mars 2022. Elle devrait être inscrite à l’ordre du jour des discussions mais bottée en touche suite à une position radicale de certains leaders de l’opposition démocratique qui étaient dans la salle mais surtout la société civile de Gervais Lakosso.
Cette idée, portée par le Front République du jeune Héritier Doneng a poursuivi son chemin, cette fois-ci avec d’autres stratégies. Une pétition a été lancée et signée dans plusieurs villes du pays. Comme la Constitution elle-même prévoit des procédures en cas du projet de révision, le Front Républicain a déposé sur la table du bureau de l’Assemblée Nationale un mémorandum jugé recevable.
Quelques semaines plus tard, le député de Mbaiki 1, Brice Kévin Kakpayen, alors président de la Commission Loi à l’Assemble Nationale passe en action en proposant un projet de modification de la Constitution. Même si dans sa proposition se trouve des points jugés importants et des innovations jugées utiles pour la RCA, le fait de sauter le verrou du mandat présidentiel, en prônant la jurisprudence des pays de la CEMAC met en alerte l’opposition démocratique qui n’a pas attendu deux jours pour riposter par un communiqué conjoint signé par certains principaux opposants actuel du régime de Touadera. Le député Kakpayen soutient que dans tous les pays membres de la CEMAC, sur les six, c’est seule la RCA qui a inscrit dans sa Constitution la limitation des mandats du Président. L’Une des cause de l’instabilité politique par ricochet de son sous développement.
Notons que la société civile ne saura pas tarder à entrer dans la danse tandis que la population dans sa majorité n’a pas encore dit son mot sur ce combat visant la modification ou non de la Constitution. Le concerné, notamment le chef de l’Etat Faustin Archange Touadera ne s’est pas encore prononcé depuis que ce projet fait la Une des débats politiques dans le pays.
Oubangui Médias
Ci-après la déclaration de l’Opposition
Déclaration de l’opposition démocratique relative á la volonté de rupture de l’ordre constitutionnel du régime en place
Le jeudi 26 mai 2022, à l’hôtel LEDGER PLAZZA de Bangui, Monsieur Brice Kévin KAKPAYEN, député de la circonscription de Mbaïki 1, membre de la majorité présidentielle, a tenu une conférence de presse, en présence d’éminents membres du cercle restreint du Président TOUADERA.
L’objet de cette conférence de presse était d’officialiser l’initiative du régime en place de modifier la Constitution du 30 mars 2016 afin de permettre au Président TOUADERA de rester au pouvoir au-delà du terme prévu par la Constitution et d’exclure du jeu politique certains Leaders de l’Opposition Démocratique.
Face à cet acte d’une extrême gravité aux conséquences imprévisibles pour notre pays, l’Opposition Démocratique dénonce fermement ladite initiative de rupture de l’ordre constitutionnel qui annonce la fin de la démocratie chèrement acquise au prix de multiples sacrifices dans notre pays et l’établissement d’un pouvoir autocratique, clanique et mafieux.
Cette remise en cause fondamentale des engagements irrévocables du serment fait solennellement par le Président de la République lors de ses investitures des 30 mars 2016 et 2021 constitue un acte de haute trahison et de parjure ainsi qu’une souillure de la mémoire de ceux de nos compatriotes qui ont sacrifié leurs vies pour qu’advienne une société démocratique, juste et solidaire.
En laissant prospérer cette forfaiture, le Président TOUADERA, dont la légitimité et la légalité du mandat actuel restent pourtant sujettes à caution, prend le risque d’ouvrir une véritable boite de pandore.
Aussi, l’opposition Démocratique :
– appelle instamment les députés à avoir le sens de l’histoire ;
– informe l’opinion nationale et internationale qu’elle compte s’opposer sans faiblesse à cette initiative ;
– demande au peuple centrafricain de se mobiliser massivement comme il a déjà su le faire au travers de l’histoire tant ancienne que récente de notre pays, depuis KONGO WARA, 1979 et en 1990 (4 CN) ; – appelle le peuple à se tenir prêt et attendre le signal du dépôt à l’Assemblée Nationale de ce texte pour une résistance populaire.
Fait à Bangui, le 27 mai 2022
Ont signé
Anicet Georges Dologuele (URCA), Me Crépin Mbouli Goumba (PATRIE), Mahamat Kamoun (BTK), Samson Ngaibona (PCUD), Jean de Dieu Sepokpode Bobanzengue (MDI-PS), Martin Ziguele (MLPC), Me Nicolas Tiangaye (CRPS), Salomon Kobo (KNK), Marie-Claire Mbolidi (UNDPC), Ferdinand Alexandre N’Guendet (RPR).
Commentaires récents