Alors que le pays s’apprête à organiser la deuxième édition du festival « Bangui Fait Son Cinéma » du 20 au 28 novembre à Bangui, Sylviane Gboulou, cinéaste et fondatrice dudit festival a déclaré dans une Interview accordée à Oubangui Médias que la Centrafrique doit avoir son industrie du cinéma, à l’exemple de plusieurs pays d’Afrique. Pour la cinéaste, le Cinéma centrafricain aussi doit se développer et asseoir une notoriété.

Oubangui Médias : Bonjour Sylviane Gboulou. Dites-nous, pourquoi organisez-vous le festival Bangui Fait Son Cinéma ?

Sylviane Gboulou : Bonjour à vous. Je suis Mme Sylviane Gboulou, je suis cinéaste, Déléguée Générale et fondatrice du festival « Bangui Fait Son Cinéma ». La première chose qui me vient à l’esprit en réponse à  » pourquoi organisez ce festival » est : parce qu’il y avait un besoin. Ce Festival est en effet une première en République Centrafricaine. C’est un Festival International de films africains et afro-descendants, un festival au cours duquel divers cinéastes vont se rencontrer en toute convivialité pour la présentation des meilleures productions de l’heure, avec des compétitions sur quelques catégories dédiées et aussi une opportunité pour nos cinéastes d’apprendre des autres.

Oubangui Médias : Vous êtes à la deuxième édition, que pouvons-nous retenir de la première édition à Bangui ? Les temps forts et les raisons de continuer.

Sylviane Gboulou : La première édition a été un grand succès, et par le succès j’entends le rêve accompli de beaucoup des centrafricains dont moi-même je fais partie. Savez-vous qu’il y a une génération des centrafricains qui ne savent pas ce que sait que aller s’asseoir dans une salle de cinéma pour regarder un film ? Nous devrions continuer parce que cela permet non seulement de donner une visibilité à ce beau pays que nous avons mais surtout :

 – Donner de la visibilité aux films réalisés par Centrafricains ou pour les Africains dans le monde, dans le but de promouvoir une image positive de l’Afrique et faire rêver la jeune génération ;

– Mettre en lumière le professionnalisme dans le métier du cinéma parmi les Africains et Afro-descendants ;

 – Encourager la mise en réseau des professionnels africains et afro-descendants de tous bords ayant un lien avec la profession de cinéaste ;

– Identifier des nouveaux talents et des making-of de films africains et afro-descendants ;

– Ancrer le festival en République Centrafricaine pour contribuer au dialogue entre les cultures et booster l’économie du cinéma.

Oubangui Médias : Qu’est-ce qui vous a poussé à créer un tel projet en Centrafrique, toujours en proie à des conflits armés et dont le contexte politique et humanitaire est toujours difficile ?

Sylviane Gboulou : La République Centrafricaine se reconstruit, le pays revient dans le concert des nations et montre au monde qu’il tient, qu’il résiste et met tout en œuvre pour assurer un avenir à sa population. Les Centrafricains renaissent, reprennent espoir. Comme si la nature savait qu’ils avaient beaucoup soufferts et sont restés coincés et prisonniers des multiples conflits qui les ont dévastés, ils se réinventent une vie, leur vie et se l’approprient. Et il faudra que, d’ici quelques années, la République Centrafricaine arrive au même niveau que ses frères d’Afrique, se trouve aussi en tête de pelletons dans la musique, le sport, la mode, la littérature… et le cinéma, et pour cela, elle a besoin de tous ses enfants. Tout le monde doit mettre la main à la pâte, ce n’est plus qu’une question des politiques…

Oubangui Médias : Quels sont vos attentes concernant la diffusion du Festival à Bangui?

Sylviane Gboulou : Je souhaite que cette deuxième édition soit aussi une réussite et que nous puissions la pérenniser. La population doit se l’approprier et savoir que chaque année, les Centrafricains organisent Bangui Fait Son Cinéma. Du plus profond de mon cœur, je souhaiterai voir une école de cinéma ouvrir en Centrafrique et voir le monde du cinéma se développer. La RCA doit avoir son industrie du cinéma. Nous avons de bons acteurs et actrices, de bons réalisateurs. Il nous faut avoir des producteurs et des diffuseurs. Que ce Festival Bangui Fait Son Cinéma puisse nous pousser à nous dépasser et croire en nos capacités et compétences.  

Oubangui Médias : Vous êtes une cinéaste très attachée à la Centrafrique et qui s’est toujours efforcée de casser les préjugés concernant ce pays à travers le cinéma…Quels sont vos futurs projets allant dans ce sens?

Sylviane Gboulou : Comme je vous l’ai dit précédemment, le Cinéma centrafricain doit se développer et asseoir une notoriété. Comme la Côte d’Ivoire a pu le faire, le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Cameroun et autres, nous devons prouver à l’Afrique que la Centrafrique aussi fait son cinéma. Seule, elle ne le pourra. C’est avec le concourt de ceux qui ont réussi et connaissent tous les rouages, avec l’amour du métier ancré dans notre cœur que nous professionnels de cinéma centrafricain pourront relever ce défi. Bangui Fait Son Cinéma trouve là tout son sens. Pour ma part, je vais continuer à réaliser mes séries et autres et suis disposée à faire mieux, à faire plus, avec l’appui et le soutien de tous. Seule l’on ne peut pas aller loin, mais c’est avec ceux qui pensent et agissent comme moi que j’y arriverai. Mon pays la RCA n’est pas mort et le monde du cinéma centrafricain respire toujours et l’oxygène devient de plus en plus frais et nous vivifie de plus en plus!

 Oubangui Médias : Silviane Gboulou, nous vous Remercions

Sylviane Gboulou : C’est à moi de vous remercier pour cette opportunité.

Interviews réalisée par Fridolin Ngoulou