Le 17 juillet est un jour où, à travers le monde, toute l’humanité s’unit contre les pires crimes du monde: les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et le génocide.

Pourquoi faisons-nous cela le 17 juillet? Car à cette date, en 1998, des pays du monde entier, dont la République Centrafricaine, se sont réunis pour créer la première cour pénale permanente au monde. Cette cour s’appelle la Cour Pénale Internationale (CPI).

La République Centrafricaine était un pays membre fondateur de la CPI. Mais la République Centrafricaine et la CPI ne sont pas seules à lutter contre l’impunité. La célébration de cette année de la Journée de la Justice Pénale Internationale reconnaît l’importance vitale que jouent tous les membres de la communauté de l’État de droit. Ces acteurs se réuniront, de manière unique, pour participer au premier «Grand Tour de la Justice à Bangui».

La CPI a toujours été destinée à compléter, et non à remplacer, les systèmes judiciaires nationaux. En RCA, la CPI travaille aux côtés de nombreuses autres organisations dans la «maison de justice». Bien que sous le même toit et bâtie sur les mêmes fondements juridiques, chaque organisation, y compris la CPI, travaille dans sa propre chambre car, comme toutes les juridictions, la CPI est et doit être perçue comme indépendante.

Qui occupe les autres chambres de la maison de justice?

Enfin, d’autres juridictions: les Tribunaux de Grande Instance, à Bangui, Bambari et Bouar, et la Cour Pénale Spéciale (CPS). Mais aussi d’autres éléments essentiels de la justice: la Police, les Gendarmes, l’ Unité Mixte d’Intervention Rapide et de Répression des violences sexuelles (UMIRR), l’Assemblée Nationale -où sont faites les lois qui sous-tendent la justice-, le Barreau indépendant, et bien sûr, le Ministère de la Justice.

D’autres occupants sont en dehors du système de justice directe, mais occupent toujours une chambre dans la maison de justice. Leur soutien à la justice est vital. Il s’agit notamment de: des bailleurs de fonds, tels que l’Union Européenne et la France; ceux qui fournissent une assistance technique, tels que le PNUD, la MINUSCA, l’American Bar Association; les médias, qui diffusent des informations sur le processus judiciaire à la société civile; Les ONGs, telles que COOPI, qui mettent en œuvre les programmes d’assistance du Fonds au Profit des Victimes de la CPI; la société civile elle-même, souvent représentée par des organisations telles que l’Association des Victimes des Evènements de 2012-2014 (AVED) et le Collectif des Jeunes pour l’Éducation et le Développement (CJED), des victimes et des plateformes religieuses.

Toutes ces organisations, et plus encore, jouent un rôle vital dans l’environnement judiciaire de la RCA.

En cette année olympique 2021, le tout premier Grand Tour de la Justice à Bangui, remplace la torche olympique par la balance emblématique de la justice – telle qu’elle est représentée sur le drapeau international de la justice. Le drapeau sera porté d’une institution judiciaire à une autre, symbolisant le chemin vers la responsabilité et la fin de l’impunité.

A l’image des athlètes centrafricains qui porteront le drapeau, les institutions judiciaires doivent être fortes et fiables. Au fur et à mesure que les athlètes s’entraînent et concourent, ils deviennent plus forts. Il en va de même pour les acteurs de l’État de droit. Les avantages d’une communauté forte et de l’État de droit sont clairs. L’Objectif de Développement Durable 16 des Nations Unies reconnaît que le renforcement de l’État de droit et la promotion des droits de l’homme réduisent toutes les formes de violence et aident à trouver des solutions durables aux conflits et à l’insécurité. Car en effet, comme l’a dit le père de RCA, l’ancien Président Boganda, “il n’y a pas de paix sans justice, et pas de justice sans développement”. Comme le président Touadéra l’a proclamé dans son discours d’investiture en mars 2021, “la justice et l’État de droit sont l’épine dorsale sur laquelle tout le reste repose”.

Comment fonctionnera «Le Grand Tour de la Justice à Bangui»? Regardons de plus près.

Le relais du drapeau de la justice, et le parcours qu’il suivra, ne pourrait être plus symbolique. Le drapeau quitte l’Assemblée nationale où les lois sont faites. Il sera transmis à la CPI, de la même manière que la RCA a demandé à la CPI d’ouvrir des enquêtes sur les événements qui se sont déroulés ici en 2002 et 2013/14. Porté par un athlète centrafricain, signifiant les rôles fédérateurs du sport et le désir de la jeunesse centrafricaine d’un monde plus juste, il porte le drapeau à la radio Ndeke Luka. Cela symbolise l’importance que jouent les médias dans la fourniture d’informations sur le système judiciaire à la population -et à travers cette information, leur permettant d’accéder à la justice. Par la suite, le drapeau sera porté aux organisations de développement telles que le PNUD et l’American Bar Association; aux acteurs de la société civile tels que l’AVED et la CJED; aux donateurs internationaux, dont l’UE, et l’Ambassade de France, et, bien sûr, la Police, la Gendarmerie, l’UMIRR et les tribunaux. Un représentant de chaque organisation signera le drapeau, soulignant son soutien à la justice. Et enfin, le drapeau sera présenté conjointement par la CPI et la CPS au Ministre de la Justice – symbolisant le rôle central et de premier plan que l’État joue dans la justice pour le peuple de la République Centrafricaine.

L’itinéraire que suivra le drapeau le 17 juillet est montré sur la carte ci-dessous:

Si vous voyez le relais du drapeau de la justice lors de son passage à Bangui, n’hésitez pas à manifester votre soutien à la lutte contre l’impunité en applaudissant et klaxonnant!

Mike PJ Cole                         

 Représentant de la Cour Pénale Internationale