Le Conseil du parti d’opposition Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), a lors d’une conférence de presse samedi 20 mai 2023 demandé aux juges de référé de prendre des mesures conservatoires pour faire cesser les troubles au sein du parti, avant de traiter le fonds de l’affaire.

Pour prévenir tout dommage imminent, le MLPC à travers son conseil, dirigé par Me André Olivier Manguéréka a saisi la justice pour traiter les questions de fonds qui divisent aujourd’hui le parti.

Le premier juge s’est déclaré incompétent. Le dossier est transféré à la Cour d’Appel qui a jugé irrecevable en ce sens que l’affaire ne devrait pas être débattue en fonds et demande au plaignant de fournir des éléments complémentaires. Selon le MLPC, à ce niveau, personne n’a encore gagné le procès. Le MLPC a alors repris son dossier pour saisir à nouveau la Cour d’Appel et le dossier suit la procédure en la matière.

C’est dans ce contexte que le MLPC a demandé aux juges en référé de prendre des mesures pour faire arrêter les troubles, résultats de mauvaise interprétation avant de reprendre l’affaire en fonds.

Pour Me Manguéréka, « la justice ne peut pas demander au MLPC qui est légalement reconnu, qui exerce ses activités selon la loi d’arrêter toutes ses activités, à moins que cela concerne le Courant Originel qui crée des troubles. C’est pour cela que nous avons saisi la justice pour que ces troubles-là cessent ».

Selon lui, le parti MLPC n’a jamais reçu la notification d’une quelconque interdiction d’exercer ses activités politiques. « Le MLPC exerce toujours ses activités. Sinon, c’est le MLPC qui a constaté que ses activités sont enfreintes  par ce MLPC Courtant Originel et a saisi la justice. La justice ne peut pas aussi interdire le MLPC de jouer son rôle d’animation de la vie politique ».

« Si les leaders du Courant Originel veulent se retirer du parti après leur suspension, ils auraient dû se retirer pour créer leur propre parti avec un autre nom, mais pas celui du MLPC. Mais le parti se demande pourquoi ils veulent toujours conserver le nom du MLPC », a souligné Me André Olivier Manguéréka.

Ce qui divise le MLPC aujourd’hui

Le MLPC dirigé par son président Martin Ziguele, après avoir quitté en 2020 la majorité présidentielle s’oppose à tout projet de modification de la Constitution qui pourrait ouvrir la porte à un troisième mandat à l’actuel président de la République, Faustin Archange Touadera.

Le MLPC Courant Originel de Gabriel Jean Edouard Koyambounou s’est rallié au pouvoir après le Dialogue Républicain qu’une partie de l’opposition démocratique a boycotté. Ce leader ainsi que plusieurs autres ont représenté le MLPC avant d’être alors sanctionnés par le parti. Ils signent un manifeste pour destituer le président Ziguele et créer le MLPC Courant Originel.

Ce Courant ainsi que d’autres leaders dissidents de l’Opposition créent l’Union des Forces Démocratiques. Cette plateforme politique qui se positionne entre l’Opposition et la Majorité apporte publiquement son soutien au projet de révision Constitutionnelle, participe aux manifestations publiques visant le soutien aux initiatives du gouvernement.

Même si la guerre interne de leadership fait partie des raisons de ce dissidence, le véritable objet de division de MLPC est le projet de modification de la Constitution.

Aujourd’hui, cette confusion règne car, le MLPC affiche une position radicale au pouvoir, le MLPC Courant Originel affiche pour sa part une opposition participative. C’est dans contexte que la justice devrait jouer son rôle indépendamment des influences politiques et politiciennes.

Fridolin Ngoulou