Elise Jeannine Lugo, directrice des programmes à radio Centrafrique, âgée d’une cinquantaine est mère de 11 enfants dont un adoptif. Elle a passé 26 ans dans le métier du journalisme et rassure que ce  métier est noble, mais il faut du temps. Pour cela, les hommes doivent cesser de penser que les femmes sont incapables d’exercer ce métier. Alors, elle nous explique.

Pourquoi les hommes considèrent toujours les femmes comme sexe faible ne pouvant pas faire des métiers comme eux ? Depuis quelques décennies, les femmes se sont levées pour dire non aux inégalités que certains hommes veulent imposer aux femmes, en se justifiant maladroitement que des femmes sont des vulnérables et qu’elles ne doivent pas avoir des responsabilités comme eux mais doivent tout dépendre des hommes.

Elise Jeannine Lugo, directrice des programmes à radio Centrafrique est dans ce domaine depuis 1997. Elle explique à Oubangui Médias ces débuts dans ce métier, bien qu’elle n’a pas été à l’école de journalisme et qu’elle n’ait jamais fait la radio au paravent.

Elise Jeanine Lugo : « je suis arrivée dans la corporation de manière accidentelle. Pourquoi je dis accidentelle? Tout est parti d’une simple visite de courtoisie pour rencontrer l’un de mes anciens beaux-frères, le feu Victor Deto Teteya alors Directeur de Radio Notre Dame. De passage, quand je m’entretenais avec lui, j’ai attiré l’attention d’un de ses collaborateurs qui a été séduit par ma voix et qui s’est dit mais c’est bien ! À cette époque, il y avait qu’une seule femme à Radio Notre Dame. Il a proposé à son directeur séance tenante que je puisse être la seconde femme qui travaillerait pour la radio. Il me dit parler à la radio, c’est comme vous parler dehors. On va vous apprendre à parler à la radio et c’est comme ça que j’ai atterri dans la corporation».

Madame Elise Jeanine Lugo a parcouru deux stations radiophoniques avant d’aller à Radio Centrafrique. Après Radio Notre Dame, elle est passée par la Radio Evangile Néhémie. Dans ces radios, elle a travaillé comme productrice-animatrice mais également présentatrice des journaux: «  En 1997, j’ai commencé mes petits pas sur la station catholique et ensuite je suis allée à la radio Evangile Néhémie et aujourd’hui, je me retrouve à radio Centrafrique. Après ce petit parcours, je crois que je me suis retrouvée comme un petit oiseau dans son nid. Tellement à l’aise que j’ai préféré rester faire carrière dans cette profession. J’intervenais dans les journaux mais je me sens plus à l’aise au niveau de programmes qu’au niveau de la rédaction. C’est comme ça que j’ai préféré faire l’option du Département de la radio qui est celui des Programmes ».

 «  Au niveau des programmes, j’ai commencé comme simple animatrice d’antenne à radio Centrafrique et ensuite je suis devenue productrice de plusieurs programmes d’antenne  comme Lego ti Wali, Femmes d’Action d’Aujourd’hui et ensuite j’ai créé avec l’appui de l’Association des Femmes Professionnelles de  la Communication l’émission qui s’appelle Wali ti Béafrica. Aujourd’hui, dans la grille de programmes, vous pouvez entendre ma voix à travers la chronique du petit matin, la chronique APPR mais également l’émission sur le monde du tourisme (pendère ndo), je fais également de la cohésion sociale avec l’émission parlons de paix », a ajouté Madame Lugo.

Travailler à la Direction des programmes de la radio nécessite un temps plein. Madame Lugo affirme avoir toujours des journées chargées. Elle sait à quelle heure elle quitte la maison, arrive au bureau mais ne sait pas à quelle heure elle doit rentrer à la maison. Elle doit veiller aux contenus qui vont être diffusés sur les antennes de la radio dans la journée et même pour le jour suivant. Elle va suivre le contenu de ce qui est diffusé en directe sur les ondes. C’est depuis 2019 que Lugo est promue au poste de la Directrice des Programmes de Radio Centrafrique après avoir servi à partir de 2016 comme Chef Service de la production.

Elle nous raconte comment se passe sa journée : « Je reçois les partenaires qui viennent à la radio, je dois aussi réaliser mes productions, je supervise toutes les productions. Je travaille samedi et dimanche alors que les autres sont en week-end».

Concilier travail et vie de famille

Les difficultés ne manquent pas. En tant que femme au foyer, madame Lugo doit s’occuper de son foyer mais comme elle aime son travail elle fait tout pour qu’elle assure ses responsabilités : « Ma difficulté est de joindre ma vie familiale à la vie professionnelle. Ça veut dire qu’on est journaliste 24h sur 24. Du coup, cela joue sur ma vie familiale. C’est déjà un premier problème si tu n’arrives pas à créer un équilibre pour pouvoir trouver une place pour ta famille. En conséquence, on risque d’être séparé petit à petit de sa cellule familiale et d’être vu comme un méchant, quelqu’un de marginal».

Sur le terrain, on ne fait pas la différence entre un homme et une femme journaliste. Il n y a pas de travail spécifique pour les hommes et pour les femmes. Ce sont les défis auxquels les autres femmes se confrontent dans le métier de journaliste. «Il ne faut pas baisser les bras », encourage Madame Lugo.

Pour cette dernière, son avenir professionnel gravite petit à petit des échelons et elle ne peut plus changer le corps de métier même le jour où elle ne sera plus Directrice des Programmes de radio Centrafrique.

Madame Lugo a commencé ses études primaires en France avant de rentrer au pays où elle a fréquenté au lycée Marie-Jeanne Caron puis le Lycée Technique de Bangui, notamment la section Gestion Administrative. Elle a fréquenté l’Ecole Nationale des Arts, option entrepreneuriale et développement culturel. Madame Lugo aime la lecture et pratiquait le basket-ball, le football, le judo et le taekwondo.

Dorcas Bangui Yabanga