Dans le cadre de ce dialogue républicain, ouvert aujourd’hui le 21 au 27 Mars 2022, le Conseil National de la Jeunesse Centrafricaine (CNJCA), en vertu de son statut d’organe faitière et représentatif de la jeunesse centrafricaine, a organisé une large consultation de toutes les organisations de la Jeunesse afin de recueillir et de définir leurs principales attentes et recommandations conformément aux différentes thématiques retenues.

I. Dans le domaine de la Paix et de la Sécurité nationale

La question de la paix et de la sécurité nationale, n’est pas seulement l’affaire des forces de défense et de sécurité et le politique.

A cet effet, les jeunes Centrafricains estiment qu’il est urgent de :

– Créer les conditions nécessaires pour qu’un contrat social fondée sur la confiance soit rétablie entre les jeunes et les forces de défense et de sécurité ;

– Créer un cadre régulier du dialogue permanent entre les jeunes et les instituions pour permettre de résoudre certains problèmes sans recourir aux récurrentes grèves qui pourraient paralyser les administrations publiques et privées

– Démilitariser l’espace public afin de réduire l’insécurité pendante sur l’ensemble du territoire ;

– Conscientiser toutes les forces militaires afin qu’elles puissent considérer la population non pas comme leur ennemi, mais bien plus tôt un partenaire ;

– Réduire les tracasseries militaires à l’endroit de la population en général, et les jeunes entrepreneurs en particulier les transporteurs, les conducteurs de taxi-moto, bus et taxis.

– Mettre un terme définitivement aux phénomènes des groupes armés en évitant de faire place aux responsables des groupes armés dans le gouvernement et certains postes de responsabilité.

Car, Sans la justice, la paix et la sécurité ne sont que vains mots. Les auteurs des crimes et d’assassinat, quelque soient leur appartenance et obédience, doivent être traduits devant la justice et être condamnés.

II. Dans le domaine de la Gouvernance politique et l’Etat de droit

L’une des causes profondes de nos différentes crises est liée à la mal gouvernance et à la défaillance de l’Etat de droit.

C’est pourquoi, les jeunes estiment qu’il est important de :

– Rétablir l’égalité et la justice sociale. Car, une société fondée sur le clanisme, la, gabegie, la corruption et le clientélisme est une source de conflit et de trouble interminable. Tous les jeunes Centrafricains se valent et ne doivent pas être discriminés en fonction de leur appartenance ethnique, politique, religieuse, régionale, etc. Tous ont le droit d’avoir une place dans la société en fonction de leurs compétences…

– Définir des politiques publiques claires en votant une loi à l’exemple de la loi de la parité, qui favorisent l’implication et la participation des jeunes non seulement au processus de prises de décisions mais aussi dans les instances institutionnelles ;

– Les projets en faveur de la jeunesse centrafricaine ne doivent pas être que l’apanage des Nations Unies et ONG internationales. Il est de la responsabilité du gouvernement de s’impliquer davantage dans le financement des projets et des politiques publiques en faveur de la jeunesse ;

– Le Ministère de la jeunesse doit être autonome et détaché des sports. Pourquoi lier éternellement la jeunesse aux sports alors que les principaux problèmes des jeunes aujourd’hui sont, l’emploi, l’éducation la formation socio-professionnelle… Il est impérieux de rebaptiser la dénomination du Ministère de la jeunesse.

– Sauver l’Administration publique en rétablissant les concours comme modes d’admission à la Fonction Publique : La rentrée dans la fonction publique ne doit pas être que l’apanage d’un régime au pouvoir

– Réviser toutes les lois qui empêchent la participation effective des jeunes à la gestion de la chose publique en se basant sur des critères injustes tels que l’âge, l’expérience professionnelle, la fortune, etc.

III. Dans le domaine de Développement Economique et Social

Aucune société au monde ne peut prospérer si elle ne développe pas une politique basée sur le développement du capital humain. Les jeunes centrafricains sont unanimes sur les causes profondes de nos crises et pensent qu’elles sont liées en grande partie à l’effondrement surtout du système éducatif et à l’absence de la protection sociale efficace des enseignants. C’est pourquoi, ils proposent les mesures suivantes :

– Convoquer après ce dialogue les états généraux de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur pour sauver le système éducatif qui meure à petit feu ;

Le problème n’est pas seulement que l’insuffisance des infrastructures, mais aussi et surtout du personnel enseignant qualifiant et d’un système éducatif inadéquat aux besoins actuels du marché de l’emploi ;

– Lutter contre la corruption et le harcèlement sexuel en milieu scolaire et universitaire afin de garantir l’égalité de chance de nos jeunes sœurs ;

– Veiller au déploiement effectif, des enseignants sur l’ensemble du territoire national ;

– Créer d’autres Universités à l’intérieur du pays pour désengorger l’Unique Université de Bangui créée au départ pour 300 étudiants mais qui malheureusement comporte aujourd’hui plus de 15000 à 200000 étudiants ;

– Organiser un dialogue social permanent entre l’Etat et le secteur privé dans le but de protéger les jeunes centrafricains victimes de l’arbitraire des employeurs véreux et opportunistes : Les sociétés de placement avec la complicité de certains cadres de l’inspection de travail, organisent la torture et la double victimisation des jeunes Centrafricains ; elles exploitent la misère et l’ignorance des jeunes afin de bâtir leurs fortunes ;

– Favoriser l’entreprenariat des jeunes en mettant en place urgemment le fond de garantie tel que prévue dans la loi relative aux PME/PMI qui n’est pas vulgarisé jusqu’à ce jour.

– Exonérer les entreprises jeunes dans tous les domaines pendant aux moins une période de deux (2) ans car faute de soutiens publics, les jeunes entrepreneurs centrafricains sont défavorisés face à la compétition et surtout la concurrence étrangère. Tout profite aux expatriés qui arrivent grâce à leurs moyens, à contourner les difficultés administratives par le favoritisme de certains cadres de ce pays ;

– Mettre en place urgemment le Fonds du développement du Sport à travers l’exhumation de la Loi NGARSO abandonné dans le tiroir de l’Assemblée Nationale, pour soulager la souffrance des sportifs centrafricains.

– Réviser loi N0 00.007 du 20 Décembre 2000, Portant statut, Promotion et protection de la personne Handicapée en Centrafrique, ainsi que Décret d’application N0 02. 205 du 6 Aout 2002, pour une meilleure prise en charge holistique des personnes vivant avec handicap en RCA ;

– Décentraliser la délivrance de certains documents administratifs (Passeport, CNI, etc.). Car, Les jeunes éprouvent d’énormes difficultés quant à la délivrance des CNI à savoir la raquette par les responsables chargés de délivrer ces CNI. Quitter Birao, Obo, et des villages lointains pour venir à Bangui est un enfer.

Nous restons déterminés sur nos points de revendications concernant le retrait du marché de la confection des pièces administratives entre les mains des étrangers et la conformité des prix tels que définis dans les lois de finances, à savoir 4500 Fcfa.

IV. Dans le domaine de la Politique Etrangère et Coopération internationale

La République centrafricaine est au 21e siècle et à 62 ans de son indépendance et son accession à la souveraineté internationale. Pour ce faire, seuls les Centrafricains, de façon transparente et consensuelle, doivent et sont libres de choisir les partenaires bilatéraux et multilatéraux avec lesquels coopérer dans l’intérêt général et supérieur de la population.

Ainsi, les jeunes proposent à ce que :

– Tous les accords et les pactes secrets qui nous désavantagent sur la scène internationale soient révisés. Ce temps est révolu ;

– De nouvelles représentations diplomatiques dans les Etats qui garantissent les intérêts supérieurs de la nation, à l’exemple du Sénégal, du Burkina Faso, du Niger, de l’Algérie, Tunisie, etc soient ouvertes urgemment afin d’assurer la protection des jeunes étudiants et entrepreneurs Centrafricains.

– La Diplomatie culturelle, artistique, sportive et stratégique des jeunes centrafricains dans le monde doit être soutenues. Une nation devient grande aussi grâce à ce qu’elle vend de meilleur dans le monde, à savoir l’image de sa jeunesse… Le CNJCA vient d’arracher une place à la jeunesse centrafricaine au niveau continentale (Union Panafricaine de la Jeunesse). Nous attendons que la nation centrafricaine en fasse plus en soutenant la diplomatie des jeunes partout dans le monde.

– Quel est l’impact du couvre-feu à l’heure actuel?