Quand l’homme fort de Bangui s’est laissé convaincre par ses proches qu’il est temps de modifier ou écrire une nouvelle constitution de la République Centrafricaine, tout porte à croire qu’il aurait l’envi de s’éterniser au pouvoir alors que lui-même, ne s’est pas encore prononcé sur ce sujet.
Le peuple centrafricain se souvient encore comme hier du vibrant appel de Mme Darlan, présidente de la Cour Constitutionnelle au président Faustin Archange Touadéra lors de son investiture le 30 mars 2021 au sein de l’Hémicycle de l’Assemblée nationale : « Votre légitimité vous permettra d’accomplir votre noble mission. N’écoutez pas le chant des sirènes ! Cela a existé sous tous les régimes. N’oubliez pas que ces personnes n’agissent que pour servir leurs propres intérêts. […] Cependant, vous aurez à faire face à un lourd défi et que vous sentirez le poids des responsabilités et le besoin d’être conforté dans vos choix. Retournez vers ce peuple qui vous a choisi qui vous a confié un mandat. Adressez-vous à lui directement, vous aurez alors la réponse que vous cherchez, et vous serez soutenu dans vos actions ».
Après l’annonce du projet de la modification de la Constitution du 30 mars 2016, le peuple centrafricain a assisté à la mort de la Coalition de l’Opposition Démocratique en abrégé COD-2020 mais également à la naissance du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution du 30 mars (BRDC) qui a réuni en son sein les principaux leaders des formations politiques du pays, tous, des malheureux candidats aux élections présidentielles du 27 décembre 2020.
L’une des missions que le BRDC s’est assignée est de lutter géopolitiquement contre toute initiative de la révision ou de la réécriture d’une Constitution de la République Centrafricaine en général et en particulier l’article 153 qui limite le mandat du président de la République. Le BRDC fait savoir au peuple centrafricain que le MCU veut s’éterniser au pouvoir une fois qu’il aurait obtenu ce qu’il veut : une nouvelle constitution de la RCA et ainsi s’achève la carrière politique de plus d’un, au sein du BRDC.
Le peuple centrafricain est pour le moment perplexe et ne sait pas au juste, entre le MCU et le BRDC, qui a raison et qui a tort. Face à ce paradoxe, les Centrafricains s’interrogent : Est-ce que réellement le président Touadéra veut faire un troisième mandat s’il arrivait à réécrire une nouvelle constitution ? Est-ce qu’il va confier le pouvoir à un Centrafricain qui est à même de poursuivre ses visions politiques ? Va-t-il donner le pouvoir à l’un des leaders du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution ? De quoi le BRDC a-t-il peur de cette initiative de la réécriture d’une nouvelle loi fondamentale de la Constitution du 30 mars 2016 ?
Il est important que le Mouvement des Cœurs-Unis et le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution donnent des éclaircissements sur leurs véritables motivations à la réécriture ou non de la Constitution de la RCA au peuple centrafricain. Ce dernier, victime des manœuvres politiques et des crises militaro-politiques, sait pertinemment que les deux camps ont un agenda caché.
Par ailleurs, les Centrafricains espèrent que le MCU et le BRDC gardent encore à l’esprit cet extrait du discours de la présidente de la Cour Constitutionnelle lors de l’investiture du président Faustin Archange Touadéra le 30 mars 2021 : « La République Centrafricaine n’a jamais connu la paix depuis son indépendance. Les causes sont exogènes et endogènes. Notre responsabilité ne peut être dégagée. Nous devons assumer nos responsabilités pour nous améliorer et assumer nos devoirs. Le peuple est fatigué par toutes les agressions qu’il a subies. Rebâtissons ensemble notre pays pour qu’il devienne la ‘’ Suisse africaine’’ ».
Le Président Touadera, dans son discours du 12 aout 2022 où il a pris acte de la volonté de plusieurs centrafricains à aller au référendum constitutionnelle dit qu’il s’attache à son second mandat en mettant en œuvre les projets de société sur la base desquels il a été élu.
Les Centrafricains observent encore attentivement les manœuvres en cours et les positions de l’opposition pour barrer la route à ce projet.
Stéphane Nino KEMBI
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