Le Président français Emmanuel Macron reçoit ce mercredi 13 septembre 2023 à l’Elysée son homologue Centrafricain Faustin Archange Touadéra. Cette rencontre sonne comme une nouvelle ère de coopération après des années des brouilles diplomatiques.

De passage à Paris pour l’Assemblée générale annuelle des Nations-Unies, le Président Faustin Archange Touadéra est attendu à l’Elysée pour échanger avec son homologue sur les sujets d’actualité de l’heure, mais surtout l’avenir des relations diplomatiques entre ces deux pays, a confié à l’Oubangui Médias une source diplomatique française.

Même si l’ordre du jour officielle n’est pas connu, cette source souligne que le président Macron va avancer pour normaliser les relations Franco-Centrafricaines et évoquer avec le Président Touadéra la question de la désignation en janvier 2024, du prochain Gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) qui doit normalement revenir à un centrafricain.

Aussi, en tant que Président en exercice de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), le numéro un centrafricain vient d’être désigné par ses pairs de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrafrique (CEEAC) comme facilitateur de la crise gabonaise après le renversement du président Ali Bongo. La feuille de route de la transition au Gabon serait aussi de la partie.

Sur le plan interne, la Centrafrique vient d’accréditer le nouvel ambassadeur français Bruno Foucher après que le président Macron ait aussi accrédité le diplomate centrafricain Flavien Mbata. Des relations ont été tendues entre Paris et Bangui sur fond de la présence russe qui a déployé des mercenaires du groupe Wagner aux côtés de l’Armée Centrafricaine. La France a suspendu depuis 2019 son aide budgétaire à la Centrafrique et cette question reviendrait sur la table des discussions entre ces deux hommes d’Etats. Paris avait décidé du retrait de ses troupes en Centrafrique, dans la Minusca et tous ses coopérants du territoire centrafricain. Il ne restait que la fermeture de son ambassade en Centrafrique.

La nécessité de préserver un climat de paix et une relation diplomatique apaisée, gagnant-gagnant est l’objectif de cette rencontre alors que la France perd de plus en plus ses alliés en Afrique au profit de la Russie qui propose aux pays africains des appuis visant à stabiliser la paix et la sécurité afin de favoriser le développement de ces pays africains.

Même si la source de l’Oubangui Médias ne dit pas plus sur la question des mercenaires russes accusés des violations des droits de l’Homme en Centrafrique, un diplomate centrafricain a toutefois indiqué que ce n’est pas un sujet tabou. « Nous pouvons parler de tout et de rien, pourvu que le pays ne soit pas défavoriser. La Centrafrique reste un chantier et chaque partenaire a sa place. Donc, si la Russie cible la question de la sécurité et les USA les appuis humanitaires et la justice par exemple, nous ne voyons pas de problème à ce niveau », nous a confié ce diplomate.

La question du rapatriement des forces russes, proposée par les USA reste un problème pour la Centrafrique qui veut profiter de la présence de ces forces pour pacifier le pays et faire monter en puissance son Armée. Une source sécuritaire bien introduite admet l’idée selon laquelle, la « montée en puissance de l’armée permettra de réduire l’influence des alliés russes sur le terrain mais aussi des forces des Nations-Unies».

C’est autant des questions qui seront débattues entre le Président Centrafricain et son homologue français dont son équipe a bien préparé cet échange.

La France revient petit à petit !

L’une des annonces très importante qui marque cette normalisation est l’ouverture prochaine à Bangui du bureau de Campus France. Cette agence octroie ou gère des bourses d’études des étudiants et stagiaires. Mais depuis belle lurette, c’est une première que cette agence s’installe en Centrafrique pour s’occuper des dossiers des étudiants centrafricains qui désirent étudier en France.

Chaque année, le nombre des étudiants centrafricains bénéficiaires des bourses françaises reste très faible, comparativement aux autres étudiants des pays d’Afrique francophone et cela a été décrié par de nombreux ressortissants centrafricains des universités françaises.

 Un partenaire humanitaire

La France reste un partenaire qui appuie les actions humanitaires en Centrafrique. Pas plus tard qu’hier, le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (UNHCR) a annoncé l’appui de la France, s’élevant à 1 million d’euro (650 millions de FCFA), afin de faciliter le rapatriement volontaire et la réintégration des réfugiés centrafricains. Selon le HCR, ceci est un appui crucial dans un contexte mondial de crise humanitaire.

En effet, les Centrafricains attendent plus de cette rencontre qui intervient dans un contexte où le pays vient d’amorcer la 7eme République, à la suite de la promulgation par le Président Touadéra de la Nouvelle Constitution controversée.

Fridolin Ngoulou