Le cabinet d’analyse prospective Peace & Development Watch organise le 29 aout au sein de l’Auditorium de l’Alliance Française, la première édition des « Journées de l’Observatoire », une rencontre dédiée à la société civile centrafricaine. Oubangui Médias a rencontré Mme Kessy Martine Ekomo Soignet, la Directrice Générale du cabinet qui nous présente les objectifs et les ambitions de cette rencontre.

Oubangui Médias : Mme Kessy Martine Ekomo Soignet Bonjour. Vous êtes Directrice Général du cabinet Peace & Development Watch – RCA. D’abord, dites-nous quelle est la mission du Cabinet Peace & Development Watch en RCA ?

Kessy Martine Ekomo Soignet : Bonjour et Merci pour cette occasion que vous nous offrez. Notre cabinet qui veut dire en français « Observatoire pour la paix et le développement en République Centrafricaine » est une structure privée qui a pour mission de produire de l’analyse sur les dynamiques présentes et futures de la RCA. Nous sommes un acteur à part entière de la société civile centrafricaine et nos productions sont mises à disposition des décideurs centrafricains, de la société civile centrafricaine et aussi des partenaires techniques et financiers.

La production d’analyse prend plusieurs formes, cela passe par du suivi-évaluation de projets mis en œuvre par les partenaires techniques et financiers, la recherche académique, la production d’études ciblées et surtout la création d’espaces, que nous appelons des laboratoires, qui sont des cadres de réflexions participatives ouverts à tous.

Oubangui Médias : Vous organisez la première Edition des « journées de l’observatoire » ce 29 aout 2023 au sein de l’auditorium de l’alliance française. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette rencontre ?

Kessy Martine Ekomo Soignet : Ces journées sont le fruit d’un constat que nous avons fait en tant qu’observateurs de la société centrafricaine : Il n’existe à ce jour que peu d’espaces qui permets à la société civile de s’exprimer et par là, nous faisons référence aux organisations mais aussi aux individus, de se mettre ensemble pour réfléchir sur les enjeux présents et futurs dans le pays. Entre autres, nous avons remarqué que la société civile ne se réunit généralement qu’en cas d’urgence et sur des sujets bien précis.

Il y a beaucoup de choses qui se passent et nous avons pensé qu’il serait souhaitable de proposer un cadre régulier aux organisations et aux citoyens qui forment la société civile.

Oubangui Médias : concrètement, en quoi consistent ces journées ?

Kessy Martine Ekomo Soignet : Premièrement, les organisations de la société civile centrafricaine sont très actives et ce, au-delà des financements qu’elles reçoivent. Malheureusement, le fruit de leur travail n’est pas connu par la majorité de la population. Ces informations ne sont pas seulement réservées aux partenaires et aux bailleurs, elles doivent permettre de nourrir et d’animer l’espace civique centrafricain. Notre premier objectif est donc celui de permettre aux organisations de la société civile de partager des informations en mettant en avant les activités réalisées par leur organisation sur le terrain.

Deuxièmement, nous souhaitons permettre aux participants de se prêter au jeu de la prospective. En se basant sur le présent et grâce à des informations clés, la prospective vise à imaginer plusieurs scenarios en fonction de plusieurs futurs possibles et à ajuster ses choix et ses actions en fonction de ce qui advient dans les faits. En tant que société civile, il y va de notre devoir de prendre le temps d’analyser l’évolution de notre pays et ce, au-delà de nos appartenances et de nos convictions.

Nous souhaitons par cette rencontre accompagner la société civile centrafricaine sur son rôle de veille et de force de proposition vis-à-vis des décideurs. Par exemple, le 06 Avril 2023, l’Etat centrafricain a promulgué une loi sur l’adoption de la technologie blockchain en RCA. Il me semble que très peu d’acteurs sont conscients des impacts positifs ou négatifs de cette technologie et pourtant elle est aujourd’hui en phase de prendre une place dans le quotidien des centrafricains.

Les Journées de l’Observatoire permettent donc d’informer les acteurs de la société civile et de les accompagner dans la projection et les modes d’engagement en prenant en compte le fait que nous sommes dans un pays démocratique, les avis et contributions diverses, des populations sont donc les bienvenues.

Enfin, nous souhaitons simplement donner l’occasion à la société civile de parler à la population centrafricaine et aux décideurs. Nous avons mis en place toute une stratégie de communication en ligne et hors ligne avec les radios et la presse écrite, pour nous assurer que les messages clés et thématiques qui seront traités lors des rencontres puissent être vulgarisés auprès de la population centrafricaine, en Sango de préférence. Les comptes rendus seront diffusés auprès des décideurs au niveau national et une version en anglais sera partagée au niveau international afin de faire entendre la voix de la société civile de manière encore plus active.

Oubangui Médias : qui peut prendre part aux rencontres ?

Kessy Martine Ekomo Soignet : C’est une rencontre citoyenne, elles sont donc ouvertes à tous. Nous avons conviés des organisations, des étudiants, des leaders d’opinions. Ces acteurs sont représentatifs d’une société civile dans sa lecture la plus large possible.

 Au sein de notre structure, nous croyons fortement à un engagement dénué d’intérêt financier, il n’y a donc pas de frais de transports prévus. Nous misons sur la qualité des échanges à défaut de la quantité. Notre souhait est que chacun s’exprime librement sans être jugés pour ses points de vue: c’est cela la force de la démocratie et du vivre ensemble.

Oubangui Médias : Alors, dites-nous quelles sont les ambitions réelles de ces rencontres ?

Kessy Martine Ekomo Soignet : Je garde l’expérience du forum de Bangui en 2015. Beaucoup de gens  ont surement oublié l’ambiance lors de ce rendez-vous unique en son genre mais cela m’a énormément marqué de voir les citoyens s’exprimer librement, partager leurs idées et leurs points de vue lors de sessions plénières ou des sous-groupes. Ces contributions se retrouvent aujourd’hui dans beaucoup des stratégies nationales utilisés par le gouvernement, c’est que la voix du peuple a été entendue. Cela m’a convaincu qu’il est possible de recréer cette dynamique et contribuer à un espace civique actif, vibrant et protégés pour l’ensemble des centrafricains.

Oubangui Médias : Kessy Martine Ekomo Soignet, nous vous remercions

Kessy Martine Ekomo Soignet : C’est à moi de vous remercier et rendez-vous le 29 aout 2023 à l’alliance française de Bangui.

Interview réalisée par Fridolin Ngoulou