Difficile de voir le mouvement d’aller et de venir des véhicules et moto dans la ville de Birao en dehors des ONG, de la Minusca et bien entendu des véhicules militaires qui tiennent encore le coup. Pour cause, la difficulté d’approvisionner les marchés locaux en produit pétrolier. Cette situation qui affecte l’ensemble du circuit économique de la région et s’explique par la persistance de la guerre au Soudan.

Les commerçants que nous avons interrogés nous expliquent leurs difficultés de satisfaire la demande notamment en alimentant le marché par les produits tels le super ou encore le gasoil.

« Bien avant la crise au Soudan, on achetait le fût  à un prix raisonnable et on revendait le litre à 850Fcfa. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas car un fût de 200 litres nous coûte un million de francs CFA. Du coup nous vendons le litre à 5000Fcfa », regrette Moussa vendeur de carburant.

Mais son regret n’est pas son seul partage. Il est d’autant plus pour les consommateurs qui se battent pour en avoir malgré la spéculation du prix mais qui in fine n’en trouvent pas. Ils sont partagés entre le découragement et  la recherche d’autres issues alternatives.

Yaya est un artisan au côté de son père qui tient un atelier de construction métallique non loin du marché de Birao. Son unité de production tourne à l’aide d’un générateur. Il a donc besoin d’avoir du carburant pour tourner l’entreprise. Mais hélas!  La rareté affecte son agenda de livraison des clients et menace la poursuite des activités de l’entreprise.

Il ne cache pas son intention de cesser si jamais la situation ne s’améliore guère. « Pour l’instant nous, en avons un peu mais ce n’est pas suffisant. Si la situation perdure, nous serons obligés de fermer l’entreprise le temps que les choses entrent dans l’ordre, alors en ce moment-là nous pourrions travailler sans contraintes majeures », nous a-t-il fait savoir.

La tendance est généralisée et nuit notamment au pouvoir d’achat des ménages. Les femmes pour transformer la farine du maïs, du manioc ou encore du sorgho doivent payer 500 f une petite bassine qu’elles avaient l’habitude de payer à 50Fcfa. Elles expliquent que certains tenants des broyeurs ont cessé leurs activités à cause de la crise. « Cette situation entraîne les femmes dépourvues de pouvoir d’achat de revenir à l’activité manuelle en utilisant le mortier. Ce qui est naturellement fatiguant et pénible », a déploré Achta, femme de ménage.

Cette crise survient dans un contexte de crise des hydrocarbures au Tchad mais aussi à Bangui capitale de la RCA. Elle est le reflet d’absence des stations-services dans les principales villes de province encore moins celle de Vakaga qui pour l’essentiel manque de tout et doit son salut économique au Soudan voisin.

Devant cette situation, la population trouve néanmoins une petite consolation en utilisant l’âne ou encore les chevaux appelés ici les « carreaux » pour combler le gap des engins à deux ou plusieurs roux.

Certains agents économiques tablent sur le respect de cesser le feu ainsi que l’accalmie entre les forces belligérantes au Soudan pour permettre la stabilisation de la situation sur le marché local. Mais pour l’instant, les détaillants et importateurs doivent miser sur le Tchad dernière source d’approvisionnement en hydrocarbure. Ce faisant, l’axe reste et demeure un casse-tête tête à cause du réseau routier  complètement  inexistant et l’insécurité.

Alors que la situation se complique suite à la guerre au Soudan et l’insécurité au sud du Tchad, la ville de Birao a reçu plus de 10.000 réfugiés et demandeurs d’asiles. Ce nombre vient augmenter l’effectif des habitants de cette région qui vivent une situation humanitaire très précaire depuis plusieurs années.

Belvia Espérance Refeibona, depuis Birao