Le représentant résident de la Banque mondiale en Centrafrique Han Fraters soutient que l’usage de la langue nationale le sângö est un atout pour rehausser le système éducatif centrafricain. Il l’a dit dans une interview accordée à Oubangui Médias.

Le gouvernement centrafricain est dans la dynamique de tout mettre en œuvre pour sortir le pays des crises militaro-politique, chercher à rehausser son économie et favoriser un essor en ce qui concerne les condition humanitaires des populations.

Suite à l’attaque échouée des rebelles de la coalition des patriotes pour le changement (CPC) le 13 janvier 2021, le gouvernement a beaucoup investi dans la sécurité. Une position qui est tant félicitée par plusieurs acteurs de la vie politique du pays.

Cependant, la 4ème édition des cahiers économiques de la République centrafricaine présentée le 04 août 2021, a mis un accent particulier sur le capital humain  qui constitue le vecteur du développement d’un État. Cette pensée n’échappe pas au contrôle des autorités nationales. C’est ainsi qu’en commun accord avec les experts de la Banque mondiale en Centrafrique, ils ont baptisé cette 4em édition des cahiers économiques  « Investir dans le capital humain pour préserver l’avenir ».

Pour Han Fraeters, représentant résident de la Banque mondiale en Centrafrique, pour avoir un bon capital humain, il est important que le gouvernement s’investisse dans l’éducation nationale. En agissant ainsi, le pays qui dispose d’une croissance démographique très jeune, disposera des ressources humaines  qualifiées. 

« J’apprécie la résilience du système éducatif centrafricain car à chaque fois que je rencontre les autorités éducatives ou je me rends dans les écoles, je vois que le pays est en train de se battre sur ce plan. Mais, il y a aussi des grands soucis car si on voit le ratio élève et enseignant, c’est vraiment difficile car plus de 120 élèves pour un enseignant par année. Cela ne peut pas favoriser le développement du système éducatif. Il y a aussi de problème au niveau du personnel qualifié et des structures d’accueil et des outils pédagogiques », a indiqué Han Fraeters, représentant résident de la Banque mondiale en Centrafrique.

Cependant, il n’a pas hésité à faire des propositions que le gouvernement pourrait s’en servir : « Le gouvernement avec les partenaires doivent s’y mettre de manière réaliste pour rehausser le système éducatif. L’éducation au niveau du primaire doit aussi se faire dans la langue maternelle qui est le söngö. Cela favorisa la bonne compréhension chez les enfants. Cette proposition ne sera facile à accepter par les parents d’élèves et les enseignants. Mais, si le pays essai cette méthode, vous verrez que le système éducatif prendra son envol ».

Toutefois, il apporte des précisions sur cette proposition : «  Pensez-vous que tous les enfants ont la même capacité de comprendre tout ce que les maitres enseignent dans une langue étrangère ? Et, tant que l’enfant ne comprend pas ce que dit son maitre, alors, l’enfant ne sera jamais un bon élève. N’oubliez pas que la bonne communication se fait dans la langue que comprend son interlocuteur. Pour ce faire, ensemble avec les bailleurs, le gouvernement doit établir un projet à long terme afin d’expérimenter l’enseignement dans la langue nationale et évaluer le résultat », a-t-il souhaité.

A noter que le système éducatif souffre de beaucoup de critique négative depuis presque deux décennies. Plusieurs acteurs pointent du doigt le gouvernement qui ne met en exergue le principe de la méritocratie en ce qui concerne le recrutement des enseignants. En plus de ce problème, le système éducatif fait aussi face à la corruption, les notes sexuellement transmissibles, le manque des structures d’accueil et des outils pédagogiques, l’insécurité grandissante et la pandémie de la Covid-19 qui empêchent l’effectivité des cours au sein des établissements scolaires dans plusieurs villes des provinces. 

Ce tableau révèle combien de fois l’éducation nationale a du pain sur la planche. Il est important que des expertises soient développées et le gouvernement en collaboration avec ses partenaires se mobilise pour y faire face. Nul ne doute que si le système éducatif centrafricain veut se réapproprier de sa lettre de noblesse, une prise de conscience qui fait appel au sens de la responsabilité demeure le véritable défi. 

Brice Ledoux Saramalet