La Centrafrique traverse ces derniers jours une résurgence de l’insécurité. Entre les bruits de botte, le kidnapping, et l’incertitude sécuritaire, l’armée centrafricaine tente de rassurer le peuple qui espère vivre en paix.
La saison sèche a ressuscité les démons de l’insécurité dans le pays. Il ne passe pas un jour sans avoir les nouvelles des attaques des groupes armés. L’armée nationale et leurs alliés russes sont les principales cibles des factions armés dispersées dans la brousse et qui tentent de se reconstituer.
Bruits de botte…
Depuis l’attaque armée de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) de François Bozizé, en 2021 à la porte de Bangui, l’armée avec l’appui des russes, des forces spéciales rwandaises et d’autre part la Minusca a lancé une contre-offensive pour récupérer au moins 80% du territoire autrefois occupé par les rebelles de la Séléka depuis 2013. Mais, sur un territoire vaste avec une faible densité, les groupes armés se sont dispersés dans la brousse. Ils restent une menace importante pour la sécurité. Ces groupes armés sortent en petit nombre pour attaquer les positions de l’armée ou les transports en communs voire des villages avant de se retrancher dans la brousse.
Plusieurs bruits de botte se font entendre dans les provinces voire proche de Bangui, comme le cas de Wawa, situé à 35 Km de Grimari (297 Km de Bangui), où les rebelles ont attaqué une position de l’armée dans ce village, tuant des civiles et brulant des maisons tout en pillant des boutiques, à en croire les sources sécuritaires. Même si la CPC attribue ces bavures à l’armée, nul de doute aujourd’hui que la stratégique de communication des rebelles est d’anticiper pour se laver les mains, attaquer et se déjuger.
Dans le Haut Mbomou, notamment à Bambouti, une milice locale s’affronte contre les rebelles de l’UPC de Ali Darass, membre de la CPC. Cette milice Zandé, née il y a quelques mois dit vouloir défendre le peuple Zandé qui subit les atrocités des rebelles centrafricains, ougandais et soudanais depuis plusieurs années.
Le kidnapping…
C’est une nouvelle approche des groupes armés en Centrafrique. Ils s’empennent aux civils, aux Forces Armées Centrafricaines (FACA), aux ressortissants étrangers et aux religieux.
En l’espace d’un mois, les rebelles retiennent en otage une vingtaine des FACA dans le nord du pays, précisément dans la Vakaga.
Des ressortissants chinois ont été kidnappés dans un chantier minier à l’Ouest du pays. Des civiles sont régulièrement pris en otage dans la partie nord-ouest.
Le samedi 18 mars, le Cardinal Dieudonné Nzapalainga, en tournée pastorale dans la Haute-Kotto a été retenu contre son gré pendant plusieurs heures avant d’être relâché.
Une pratique que la population dénonce vivement, en plus de la pose des mines antipersonnel que les rebelles utilisent dans les conflits en Centrafrique. Les civiles en font les frais régulièrement.
L’incertitude…
L’incertitude nait alors que personne ne connait le véritable plan de ces rebelles. Dans presque tous les communiqués qu’ils diffusent ces derniers jours, la CPC dit s’en prendre au « Président Touadera et ses mercenaires russes de Wagner ».
L’incertitude plane au moment où les rebelles, sans combats arrivent à surgir dans certaines villes proches de la capitale. C’est une stratégique de « saut mouton » qu’ils utilisent, en empruntant les couloirs de transhumance pour contourner les positions de l’armée.
Là où l’incertitude est grande est l’implication de certaines puissances dans la gestion du dossier François Bozizé, le coordonnateur de la CPC.
Personne ne connait le lendemain et la fin du phénomène des groupes armés dans ce pays. Le Président Touadera à Doha au Qatar n’a pas hésité d’accuser l’occident d’entretenir l’insécurité dans le pays pour piller les richesses du pays. Il avait dénoncé le phénomène des groupes armés qui ne finit pas dans le pays.
Et l’armée tente de rassurer
C’est le message d’espoir pour le peuple centrafricain, meurtrie par les conflits armés depuis plus de trois décennies. L’armée rassure par sa présence sur presque tout le territoire national, surtout dans la zone réputée dangereuse. Cette armée, dépourvue des moyens de ses actions fait face aux attaques des groupes armés et ne tarde pas à riposter contre les incursions des rebelles. L’armée nationale, inexistante en 2013, voire dissoute par le président de transition Michel Djotodia tente de remonter la pente. La vision de faire de cette armée de projection une armée de garnison a bien sa place dans ce contexte où les rebelles sont dispersés partout dans le pays.
Cette armée doit avoir sa capacité à répondre à toute forme de menace. C’est là où les partenaires de la Centrafrique doivent investir au lieu de prendre tout le temps pour critiquer les russes qui sont, à l’absence d’appui des autres sont venus aider l’armée nationale à monter en puissance. Une fois l’armée dotée en matériels et qu’elle monte en puissance, les capacités des forces éliées voire de la Minusca vont être réduites progressivement.
L’enjeu aujourd’hui est de former et de doter l’armée nationale des moyens nécessaires afin qu’elle soit à mesure d’assurer la défense du territoire national tout en neutralisant les forces nuisibles dans le pays dont la majorité est constituée des mercenaires étrangers.
Fridolin Ngoulou
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