Dans son dernier numéro du lundi 24 octobre 2022, Oubangui Médias avait souligné dans son article en lien avec les dernières manifestations « qu’avec l’allure où vont les choses, un plan de forcing du processus n’est pas à exclure ».

Le décret pris mardi par le chef de l’Etat apparait comme un premier plan de forcing par le gouvernement, car il est toujours déterminé à passer la loi sur les réformes constitutionnelles.

Le 23 septembre 2022, alors que la Cour Constitutionnelle avait annulé les décrets créant le Comité de réécriture de la nouvelle constitution, le conseillé politique spécial Fidèle Gouandjika avait déclaré qu’un coup d’Etat constitutionnel est toujours possible:  «La Cour constitutionnelle a dit le droit et nous acceptons cette décision. Nous aurions dû la consulter en amont du projet de décret. Nous ne sommes pas inquiets. Un coup d’État constitutionnel est toujours possible».

En effet, le 23 septembre 2022, suite à la requête d’une partie de l’opposition réunie dans le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC) du 30 mars 2016, la Cour Constitutionnelle avait jugé inconstitutionnel la mise en place d’un Comité Chargé de réécriture d’une nouvelle constitution.

La Présidente de la Cour Constitutionnelle le Pr Danielle Darlan a été mise à la retraite à l’âge de 70 ans et des tractations ont commencé pour son remplacement à la Cour Constitutionnelle en tant que représentante des Enseignants du Supérieur en Droit Constitutionnel. Elle a contesté une note adressée par le ministre chargé du secrétariat général du gouvernement à son collègue de l’enseignement supérieur pour lui demander de lancer le processus d’une élection pour son remplacement. Une réunion est d’ailleurs prévues vendredi 28 octobre 2022 pour désigner un nouveau représentant du corps enseignant à la Cour Constitutionnelle.

L’opposition voit un règlement de compte et compte attaquer tout projet visant la destitution de la présidente de la Cour Constitutionnelle.

Au fait, même si la décision de la Cour Constitutionnelle est susceptible d’aucun recourt, le parti au pouvoir soutien que la volonté du peuple est au-dessus de toutes les institutions de la République. C’est dans cette optique que plusieurs dizaines de milliers des partisans d’un Référendum Constitutionnel ont à nouveau exprimé à travers les rues leur volonté d’aller au référendum pour permettre au peuple de s’exprimer sur cette question.

Une grande manifestation a été organisée sur tout le territoire, du moins des grandes villes du pays pour exiger du président la convocation d’un référendum constitutionnel.

Un mémorandum a été remis samedi 22 octobre 2022 au président Touadera à Bangui, dans lequel les manifestants ont demandé au président de démettre la Cour Constitutionnelle et de convoquer dans un délai de 30 jours ou plus un référendum constitutionnel.

Ce décret intervient comme une réponse à la demande des manifestants mais est vu par des analystes de la vie politique comme un élément dangereux pour l’avenir politique du pays marqué par une tension au sujet des réformes constitutionnelles.

Fridolin Ngoulou