L’honorable député de Bangassou 1 Serge Singha Bengba est monté au créneau ce mercredi 6 janvier 2021 pour dénoncer les violences dans la région de Bangassou, les pillages orchestrés par les rebelles de la CPC, la non-assistance des troupes de la Minusca à la population en détresse. Il appelle la communauté internationale à prendre sa responsabilité car l’armée est sous embargo. Interview réalisé à l’issue d’un point de presse ce mercredi à Bangui.

Oubangui Médias : Bonjour honorable, la ville de Bangassou est occupée par des rebelles depuis dimanche, quel est l’aperçu actuel sur cette ville ?

Serge Singha Bengba : Bonjour journaliste.Je veux lancer un cri de détresse par rapport à la souffrance de la population de Bangassou. Je partage les douleurs.

A l’heure où je vous parle, la situation de la population civile dans le  Mbomou en générale et de Bangassou en particulier est catastrophique. Les femmes, les enfants, les hommes, les personnes âgées vivent un vrai drame. Ils sont dans la forêt, dorment à la belle étoile, à la merci de bêtes sauvages, des serpents et des intempéries.

Il y a aussi des morts par noyade parmi les personnes qui essayent de traverser le fleuve afin de se mettre à l’abri dans le village Ndu en République Démocratique du Congo.

Des rebelles étrangers essentiellement, venus de partout et de divers horizons, parmi lesquels les peuls étrangers, même des anciens de la LRA rentrent par dizaine et comme il n’y a pas de la logistique derrière pour leur apporter un soutien alimentaire, ils se paient sur le dos de la population.

Au moment où je vous parle, des dizaines de commerçants se sont fait piller, toutes les ONG humanitaires qui sont dans la ville se sont fait piller. Tout cela se passe au vu et au su de la Minusca. Tout cela m’interpelle parce que, l’une des missions essentielles de la Minusca, c’est la protection de la population civile au-delà de la sécurisation des élections.

Alors, nous avons entendu le représentant de la Minusca dire que la Minusca contrôlait Bangassou. Comment comprendre que les troupes de la Minusca puissent faire des patrouilles et que des personnes puissent se faire voler, des commerces vandalisés et que les habitants fuient et se réfugient dans la forêt et en RDC.

Comment comprendre que, pendant que la Minusca dit assurer les patrouilles dans la ville, des rebelles aussi s’adonnent à des pillages. Cela pose véritablement un problème. Ce qu’on peut dire ce que la mission importante de la Minusca qui consiste à protéger la population aujourd’hui n’est pas respectée. Nous pouvons considérer que la population civile dans le Mbomou en général et à Bangassou en particulier est en détresse et on peut parler réellement de non-assistance à la population civile.

Vous en tant que professionnels des médias, demandez à la Minusca de vous expliquer ce qui se passe. Elle assure que des patrouilles sont effectuées par leurs éléments mais en même temps, les populations fuient, se noient, sont à la merci des serpents, sont dans la forêt, il y’a en d’autres qui meurent, donc, il  y a véritablement des problèmes qui nécessitent des explications.

Oubangui Médias : Selon vous quel est le projet de ces rebelles ?

Serge Singha Bengba : La question que je me pose aussi est que quel est le projet. On nous a dit que les rebelles voulaient rentrer dans Bangui pour empêcher les élections. Mais les élections sont passées et dans Bangassou, nous avons pu voter. Pourquoi est-ce que les rebelles entrent après ? Quel est le projet ? Est-ce pour le pouvoir ?  Le siège de pouvoir de la Centrafrique est à Bangui pas à Bangassou. Quel est le projet ? Le projet c’est la partition qui a commencé ? Il faut qu’on nous réponde à ces questions.

Oubangui Médias : Quel est la situation des Forces Armées Centrafricaines (FACA) dans la ville de Bangassou ?

Serge Singha Bengba : Nous pouvons dire que les Forces Armées Centrafricaines se sont battues en vaillants soldats. Vous n’êtes pas sans ignorer que l’armée centrafricaine est sous embargo et malgré cela, les FACA se sont battues pendant des heures. Quand ils se battaient, les rebelles ne pouvaient pas rentrer dans Bangassou. Il a fallu qu’un moment donné, la Minusca vienne les délocaliser de leur base pour la base de la Minusca et c’est en ce moment-là que les rebelles ont inondé la ville.

L’embargo qui vise les FACA n’a pas de sens parce que, nous nous rendons compte que les rebelles qui viennent de tous les horizons, des peuls étrangers, des rebelles de la LRA, sont hyper armés et plus armés que les FACA. Malgré cela, les jeunes combattants centrafricains se sont battus, ils ont été vaillants et il a fallu que la Minusca puisse les arrêter dans le combat et leur dire de regagner leur base. Un jour, la vérité sortira.

Depuis que les FACA ont regagné la base de la Minusca, la ville est envahie par des hordes des rebelles qui viennent de partout pour piller la population, les ONG humanitaires et les commerces.

La communauté internationale doit prendre sa responsabilité parce que les FACA sont sous embargo.

Oubangui Médias : Honorable, selon vous, quelle sera la solution d’urgence ?

Serge Singha Bengba : La solution d’urgence ce que la Minusca puisse mettre à exécution sa mission pour assurer la sécurité de la population civile. La Minusca ne doit pas aider telle ou telle partie mais assurer la protection de la population civile. La population civile à Bangassou est en détresse.

Ils patrouillent dans la ville, les rebelles pillent, ça, ce n’est pas normale.

Oubangui Médias : Un appel à la population de Bangassou dans cette situation de détresse ?

Serge Singha Bengba : L’appel que je veux leur lancer, c’est de tenir bon. Nous sommes sur nos terres, les gens viennent sur nos terres pour nous chasser de nos terres. Moi je suis confiant, je sais que : « Quel que soit la longueur de la nuit, le jour apparaitra, le soleil apparaitra ».

Je dis à la population de Bangassou d’avoir confiance. Leur peine, un jour, finira et que les réfugiés pourront regagner la terre de leurs enceintes.

Oubangui Médias : Honorable député, je vous remercie

Serge Singha Bengba : C’est à moi de vous remercier.

Interview réalisée par Fridolin Ngoulou/Oubangui Médias