C’est une première en Centrafrique ! Tous les mémoires et ouvrages académiques, passés et à venir, soutenus devant un jury à l’université de Bangui et à l’Ecole nationale d’administration et de la magistrature (ENAM) seront numérisés, sauvegardés et accessibles. La phase de numérisation des mémoires académiques commencera le jeudi 13 octobre prochain à l’ENAM et se poursuivra ensuite à Faculté des Sciences de la Santé (FACSS) à l’université de Bangui. Les besoins de numérisation de l’ensemble des lieux dépositaires des travaux académiques seront ainsi couverts progressivement.  

Le 5 octobre 2022, le Cabinet Peace and Developpment Watch (PDW), une structure centrafricaine et le groupe Urgence Réhabilitation Développement (Groupe URD), institut de recherche basé en France depuis 30 ans, ont annoncé le lancement du projet dénommé « laboratoire du dialogue en Centrafrique ». Ce projet vise à créer un socle documentaire pour permettre de sauvegarder et protéger les productions intellectuelles centrafricaines dans les différentes structures académiques. C’est ce qu’ont annoncé, Laurent Saillard, chargé de recherche, Jean Pierre Amigo, spécialiste en documentation et numérisation du groupe URD en présence du vice-recteur de l’université de Bangui,  Pr. Silla Semballa.

« La vision de la première phase de ce projet est de créer un socle documentaire pour permettre de sauvegarder et protéger les connaissances intellectuelles centrafricaines.  Avec les crises que le pays a connues ces dernières années, il y a eu des pertes de documents uniques. Parmi ceux sauvegardés, certains sont dans un état de délabrement tel que leur contenu est menacé de disparition. Toutes ces données sont une richesse collective pour le pays. Promouvoir l’existence de cette richesse peut être un moyen non négligeable de valoriser l’image du pays. Nous pensons qu’il est important de pouvoir créer un espace pour les rendre éternel dans une certaines mesures. Même si demain, pour une raison ou une autre, les versions papiers sont brûlées, nous aurons au moins la garantie qu’il existe quelque part une copie de ces documents », a expliqué Kessy Martine Ekomo Soignet, directrice générale de PDW. 

Une fois que les documents sont numérisés, ils seront conservés sur des disques durs et mis à disposition au niveau de l’université de Bangui et de l’ENAM. Ce sera accessible à tout le monde. « Nous sommes en train de réfléchir pour voir dans quelle mesure cela peut être accessible dans les maisons des jeunes pour permettre de vulgariser la connaissance centrafricaine », a-t-elle ajoute. 

Ce projet vient à point nommé pour pallier au manque accru du système de sauvegarde et l’archivage des mémoires et des revues scientifiques à l’université de Bangui. Le Professeur Silla Semballa, vice-recteur de l’université de Bangui s’en réjouit. « Il y a longtemps que nous avons ce souci. Nous avons réfléchi pour mettre sur pied un centre de traitement des données pour regrouper ces mémoires. Nous nous sommes confrontés à des difficultés financières pour réaliser cela. Ces productions intellectuelles s’accumulent d’année en année au rythme de 6,000 ouvrages par an. Ce projet est vraiment salutaire pour nous. Nous souhaitons de vive voix que ce projet réussisse. A travers ce projet pourront être rapatriés les mémoires et les thèses des centrafricains soutenues dans d’autres pays que la Centrafrique. Les documents seront ainsi archivés à l’université de Bangui afin de permettre aux étudiants de les exploiter ».

 En parlant ainsi, le vice-recteur de l’université de Bangui a fait allusion à la génération des étudiants de 1969 jusqu’à l’an 2006 qui ont soutenu leurs thèses en France et dans d’autres pays. « La première numérisation va avoir lieu à la faculté des sciences de la santé. La FACSS est la vitrine de l’université de Bangui. Par ce que c’est là-bas que nous formons nos médecins, nos infirmiers et nos sages-femmes qui sont proches de la population. Nous aimerions que ça soit entièrement numérisé. Beaucoup de mémoires sont déjà sous forme numérique. Il y a la possibilité de numérisation facile. La FACSS dispose d’une bibliothèque qui n’est pas dispersée. Nous voulons d’abord commencé par ce qui est plus facile pour nous et pour mieux archiver afin de présenter comme exemple aux autres facultés. Petit à petit nous irons dans d’autres facultés », a-t-il conclu.

A l’exception des rapports de stage qui ne seront pas numérisés, les ouvrages concernés par ce projet sont des mémoires soutenus devant un jury et qui permet l’obtention d’un diplôme comme une licence, un master, un doctorat, ou un diplôme d’ingénieur.

Pétrus Namkoina