C’est le but d’une mission qui est composée d’une délégation de l’UNESCO et le staff dirigeant du Programme Wildlife conservation society en République Centrafricaine (WCS-RCA) du 18 au 23 de ce mois de septembre au parc national de Manovo-Gounda situé au Nord-est de la RCA enfin d’évaluer les efforts du retour de la faune après la dernière crise que le pays a traversée et comme corolaire le vandalisme des édifices publics.
Du parc de Bamingui en passant par la ville de Ndélé pour atteindre le Manovo-Gounda, la délégation de l’UNESCO est très satisfaite des efforts qui ont été déployés par les autorités centrafricaines et le partenaire Wildlife conservation society (WCS) pour la sécurisation de ce joyau qui a permis le retour progressif des espèces comme l’éléphant, le lion, le léopard, l’hippopotame, l’hippotragus, le buffle, le girafe pour ne citer que ceux-là.
Même si de près l’on n’a pas observé directement ces espèces cités, mais à l’aide des caméras placées à l’intérieur de ce parc, plusieurs photos permettent d’attester la présence de tous ces animaux qui ont fui le parc en 2012 à la suite des crises militaro-politiques et le braconnage à grande échelle des bandits armés.
Connue pour son expertise dans le domaine de la protection et gestion écologique, le WCS a signé un protocole d’accord avec le gouvernement centrafricain depuis 2018 aussi dans le cadre de la priorité globale pour l’Afrique, l’organisation a bénéficié d’un appui financier de l’UNESCO pour la sécurisation du complexe des aires protégées du Nord-est dont le parc national Manovo-Gounda St Floris.
Pour faire face aux défis sécuritaire et réduire les cas de braconnages, près de 70 écogardes ont été formés dans un perspectif d’atteindre un effectif total de 300 éléments d’ici 2025 pour sécuriser d’une manière définitive ce complexe du Nord-est de la RCA. Ces écogardes, lors de cette visite ont fait une démonstration de leurs activités quotidiennes pour traquer les braconniers.
Tôt dans la matinée du jeudi, une vingtaine de ces écogardes munis de leurs armes et tous les équipements qu’il faut, ont démontré comment pourchasser les braconniers. Un campement des braconniers a été identifié, colonne par un en direction de ce campement fictif, arrivé à quelques mètres des « braconniers » ces écogardes se sont départagés en deux équipes afin d’encercler lesdits braconniers. Après un affrontement de deux minutes, ces écogardes ont pu mettre la main sur ces « braconniers » et les ont conduits à leur base pour des conduites à tenir. Cet exercice a permis à la délégation de comprendre le rôle que jouent les écogardes dans la sécurisation du Parc Manovo-Gounda.
A cela, il faut ajouter la formation des agents régulateurs de la transhumance appelés communément « Tango » qui ont pour mission de fournir des informations sur les couloirs de transhumance aux éleveurs de bovins.
Selon les responsables de ces centres de formation, il existe une parfaite collaboration entre les éleveurs et ces Tango. Ismaël Moussa l’un des bénéficiaires de cette formation nous livre ce qu’il fait : « Nous avons appris les mécanismes de sensibilisation des éleveurs des bœufs qui souvent en saison sèche se déplacent massivement et notre travail c’est de les orienter afin qu’ils ne puissent pas traverser le parc. Ils sont contents de cette initiative. Qui les évite aussi de certains espèces dangereuses », a-t-il souligné.
Il faut noter que ces Tango sont à majoritairement de la communauté peulh, ce qui est un atout et favorise la parfaite collaboration entre les deux entités.
Le chantier est vaste le WCS seul ne parviendrait pas, d’où la nécessité de l’accompagner afin les objectifs fixés soient atteint.
Dans sa réponse, Dodé Houehounha, chef du secteur culture du bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique centrale se dit satisfait des résultats de la mise en œuvre des projets fait par le WCS : « C’est pour la deuxième fois que nous venons ici en RCA. Cette fois ci c’est pour évaluer les résultats issus de la protection du parc national Manovo-Gounda St Floris ».
« Dans le cadre de la priorité globale pour l’Afrique, l’UNESCO appui le WCS grâce à un financement de la Norvège pour sécuriser le parc de Manovo-Gounda Saint Floris aussi d’aller vers une forme d’opérationnalisation des activités de gestion, tout en envisageant les renforcement des actions de résilience dans la périphérie dudit parc. Donc l’UNESCO reste disponible pour accompagner le WCS », a martelé Dodé Houehounha chef du secteur culture de l’UNESCO en mission d’évaluation en RCA, tout en saluant les efforts du gouvernement centrafricain dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Malgré le contexte difficile de l’insécurité dans ces zones, Félin Twagirashyaka, Directeur-Pays de WCS promet de faire le complexe des aires protégées du Nord-est une matière de développement de la région.
Félin Twagirashyaka espère voir certains animaux comme le rhinocéros qui selon lui était dans le parc de Manovo-Gounda et qui n’est plus. « Nos projets à long terme c’est de voir si le nombre de ces animaux a augmenté et peut être introduire certaines populations de la faune comme le rhinocéros et autres », souligne le numéro du WCS-RCA.
Aujourd’hui, le WCS compte près de cinq cents manœuvres qui sont la plus part des habitants Bamingui, Ndélé etc…
Et dans sa mission, l’organisation ne s’est pas limitée à la protection des parcs mais enveloppe des initiatives sur place pour occuper la population afin de réduire les multiples cas de braconnages des faunes sauvages.
C’est le cas par exemple de la création de l’unité apicole pour la fabrication de miel dans cette région.
A en croire Donatien-Paul Ndakombo, Expert transfrontalier conservation communautaire et moyen de subsistance au WCS, plus d’une vingtaine de groupement y travaillent pour la transformation de miel et chaque semestre, ils peuvent fabriquer plus de cinquante litres de miel pure où 1 litre et demi se vend à 5000 FCFA. Ce qui permet à ces derniers de supporter les charges de leur petite famille.
Au regard de ces dispositifs de suivis écologiques permettant de démontrer l’état de santé du parc Manovo-Gounda St Floris qui est inscrit à la fois sur le critère de biodiversité de processus écologique a rempli toutes les conditions de son retrait du patrimoine mondial en péril. Et ce, grâce à l’expertise de WCS en partenariat avec le gouvernement centrafricain.
Avec une superficie de 1.740.000 ha, Manovo-Gounda St Floris est le plus vaste parc de savanes d’Afrique centrale. Situé à cheval sur les deux zones écologiques, le Parc national du Manovo-Gounda Saint Floris doit son importance à la richesse de sa flore et de sa faune.
Inscrit en 1988 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, ce grand parc du nord a été depuis 1997 considéré comme patrimoine en péril. L’UNESCO a cette année 2023 désigné le parc dans l’aire centrale de la réserve de biosphère du complexe des aires protégées du nord-est. Un processus important pour le retrait de ce joyau des patrimoines en péril.
Christian Steve SINGA
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