Certaines filles centrafricaines déscolarisées commencent à se démarquer par des activités génératrices de revenu pour leur survie. C’est le cas de Jeanne Yatouba, vendeuse ambulante des articles divers dans son chariot de fortune. Elle  a commencé à comprendre que certains métiers notamment la vente des articles dans le chariot de fortune n’est pas réservé qu’aux hommes.

Oubangui Médias s’est intéressé à Jeanne Yatouba connue sous le sobriquet « Polyvalente ». Née le 16 juillet 1992 à Bangui, de teint marron mesurant 1,60 mètre, habitant le quartier Batalimon 3 à Bimbo, Jeanne Yatouba est toujours souriante en poussant ses articles dans son chariot de fortune.

Elle nous accueille gentiment et  nous explique son commerce: « Ce commerce fait dans le chariot de fortune m’a tellement fait du bien car j’ai commencé à vendre depuis fort longtemps. A l’époque, je vendais des bananes plantains braisés dans des plats et quand j’ai vu que mon capitale a augmenté, j’ai jugé mieux acheter des divers articles comme des boucles d’oreilles, des papiers hygiéniques, des brosses à dent, des corbeilles en plastique et autres », a fait savoir cette dernière.

Elle poursuit en disant que : « Etant donné que mes articles ont augmenté en nombre et que je ne pouvais plus transporter dans une corbeille, je me suis résolue à m’acheter un chariot de fortune. Ce que je fais m’a en tout cas aidé. C’est grâce même à cela que je m’occupe de ma famille »

Jeanne totalise neuf ans dans ce métier de vendeuse ambulante en chariot de fortune. Elle explique ses débuts : « Je l’ai commencé depuis le Km5 quand j’habitais le quartier Malimaka dans le 5ème arrondissement de Bangui. Et, par rapport aux malheureux événements que notre pays a connus, j’ai déménagé pour le quartier Batalimon3 à Bimbo derrière l’hôpital Maman Elisabeth Domitien avec mon époux qui est aussi un commerçant au niveau de la Société d’Etat de Gestion des Abattoirs (S.E.G.A). Je suis mère de deux enfants », a expliqué Jeanne Yatouba.

Jeanne Yatouba revient sur les bienfaits de son commerce: « Mon mari est fier de me voir faire ce commerce parce qu’il arrive des fois où quand il est fauché, je lui prête une main-forte. Aussi, grâce à ce commerce je paie les frais de scolarité de nos enfants, je m’occupe des membres de la famille qui viennent en visite chez nous. Vraiment, je suis indépendante dans mon commerce et j’ai de l’argent tous les jours que Dieu fait. Je suis capable de me prendre moi-même en charge ainsi que ma famille», a-t-elle témoigné.

Une véritable autonomisation financière pour Jeanne qui ne manque pas de lancer un appel aux femmes qui attendent tous des hommes ou qui se livrent au vagabondage sexuel pour vivre. « Le vagabondage sexuel et l’alcoolisme ne sont pas dignes pour une femme. Chères femmes, cherchez plutôt à faire des petits métiers comme moi pour faire face à vos différents besoins. Je profite aussi de cette opportunité pour exhorter le gouvernement centrafricain à créer des emplois dans des différents domaines permettant aux centrafricaines de développer les capacités comme les femmes de la sous-région ».

Dit-on que la femme fait le développement. Etant majoritaire dans la vie, leur autonomisation financière serait un atout pour un pays comme la Centrafrique qui sort d’une longue année de conflits armés.

Alexis Ngbodo