La Centrafrique dispose désormais d’un centre de formation digitale et de l’incubateur startup au sein de l’Université de Bangui. L’inauguration a été couplée avec le lancement de la connexion haut débit dans le pays. Le président Faustin Archange Touadéra a rehaussé de sa présence cette double cérémonie, le lundi 15 janvier 2024.

Tout est parti le 04 octobre 2019 à Berberati où le président Touadera a lancé personnellement les travaux de la composante RCA de la Dorsal à Fibre Optique de l’Afrique Centrafrique (CAB-RCA). Après la réception officielle des infrastructures le 6 février 2023 par le Gouvernement, la pose de la première pierre de construction de ce centre de formation digitale et de l’incubateur startup a eu lieu le 29 juin 2023.

Cette inauguration met aussi en service le laboratoire réhabilité et équipé de l’Institut Supérieur des Technologies, situé à l’Ecole Normale Supérieure et celui du lycée technique et vont servir de cadre de référence pour encadrer cette montée en puissance du numérique en République centrafricaine (RCA) avec le passage en haut débit qui va stimuler l’économie nationale et accélérer l’émergence du pays.

L’aboutissement de ce projet va ouvrir désormais un vaste champ d’opportunité en faveur de la jeunesse centrafricaine, heureuse bénéficiaire des retombées positives de ce projet, financé par la Banque Africaine de Développement (BAD) et l’Union européenne mais surtout du haut débit dont le lancement est couplé avec cette inauguration

Le Maire de la ville de Bangui, saluant ces investissements note que l’accès à l’Internet est un indicateur de développement. « Notre pays la RCA est classé parmi les pays les moins connectés du monde. Bangui n’est pas une ville intelligente. De nombreux ménages ne sont pas connectés à l’Internet, c’est un service qui est de nos jours extrêmement couteux pour l’administration publique, les entreprises et la grande majorité de la population. Cette situation a des conséquences directes sur le faible niveau sur le système d’éducation. Ces deux cérémonies constituent une avancée majeure. Nous aurons l’opportunité de combler le retard sur le plan technologique mais aussi de démocratiser cette infrastructure. Bangui aura l’occasion de devenir une ville durable qui tend vers une ville intelligente car l’Internet à haut débit est une fenêtre sur le monde, un secteur stratégique qui est fournisseur d’emploi », relève Emile Gros Raymond Nakombo.

Le ministre de l’Economie numérique, des postes et télécommunications, Justin Gourna Nzacko, l’un des artisans clés du projet CAB-RCA souligne que ce projet passe à sa phase d’exécution. Il rappelle que l’objectif global de ce projet est la réduction de la fracture numérique afin de contribuer à la diversification de l’économie à travers l’économie numérique.

« Ce bâtiment R+1 qui va abriter le centre de formation digitale est équipé de matériels et des outils de technologie avancée, destinés aux travaux pratiques et de formation qui va permettre d’atteindre les objectifs pédagogiques. Il comprend des salles de formation, de plateau technique, des bureaux, d’un incubateur de startup, des salles de réunion. Dans le domaine des technologies web, ce centre permettra d’assurer le développement des sites web, la gestion de contenu e-commerce, les langages, les applications mobiles, les bases des données au moyen des PC et des serveurs qui sont mis à disposition », a présenté le membre du Gouvernement.

Pour le ministre Justin Gourna Nzacko, l’université de Bangui devient un cadre approprié pour la promotion des incubateurs d’entreprises et des startups. Il est prévu un dispositif d’enseignement à distance (e-learning).

Dans le but de faciliter le e-learning aux apprenants des villes de province, le Ministre parle des solutions intermédiaires de connectivité en VSAT qui seront déployées à l’intérieur du pays avec l’appui de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), en attendant l’extension des infrastructures optiques dans les provinces. « Il s’agit des villes de Bambari, Bangassou, Mobaye, Ndele, Birao, Sibut Kaga-Bandoro, Batangafo, Bouca, Damara. Mais déjà, il y a également des centres communautaires qui sont construits à Salo comme à Berberati. Il s’en suivra d’autres dans le cadre de ce projet la formation des formateurs à fibre optique pris en charge par l’’UIT », a-t-il projeté tout en saluant l’implication personnelle du Chef de l’Etat dans ce projet depuis 2007 alors qu’il était chef du gouvernement.

Les partenaires très satisfaits de ce projet

Selon la Banque Africaine de Développement, l’un des partenaires financiers du projet CAB-RCA, cette cérémonie intervient au moment où le lancement commercial des infrastructures optiques mises en place dans le cadre de ce projet est en cours, ce qui consacre la concrétisation du premier dorsal optique national. La Banque, en collaboration avec l’Union européenne est honorée d’avoir accompagnée le Gouvernement dans toutes ces actions structurantes et le modèle ainsi développé sera mis à profit dans d’autres pays du continent.

Son Excellence monsieur l’Ambassadeur de l’Union européenne en RCA, Darius Douglas Carpenter parle d’un projet très concret qui représente les efforts considérables de l’Union européenne et de la BAD avec un don de 17 millions d’euros (11 milliards de FCFA) et de 16,6 millions d’euros (10 milliards de FCFA) de la BAD. « Le projet témoigne de l’engagement continu de l’Union européenne en RCA. L’objectif global de ce projet est de contribuer à la diversification de l’économie centrafricaine, à son désenclavement numérique couplée à l’intégration régionale à travers la CEMAC par l’entremise d’une infrastructure à fibre optique connectées aux pays limitrophes (Cameroun et le Congo) », a précisé la cheffe de la délégation de l’Union européenne en RCA.

Les partenaires n’ont pas manqué de féliciter la coordination du projet CAB-RCA pour avoir mené à bout ce projet intégrateur.

L’aboutissement de ce projet va ouvrir une possibilité à la RCA d’avoir l’accès à Internet à haut débit, un moyen considérable pour le développement. Dans la journée, les sociétés de téléphonie mobile ont signé l’accord avec l’opérateur grossiste Bayobab (MTN) afin de lancer la commercialisation. Tout est parti pour une dizaine de jour pour voir la concrétisation de ce projet au niveau des clients.

Fridolin Ngoulou