Depuis plusieurs mois à Bangui, les voix se lèvent de partout pour demander la modification ou la rédaction d’une nouvelle constitution, jugée incompatible à la réalité du pays. Daniel Nzewe, chargé de mission au ministère de la jeunesse et des sports, fait partie de ceux qui militent pour la rédaction d’une nouvelle loi fondamentale de la République Centrafricaine. Celui-ci a évoqué certaines dispositions de la constitution qu’il juge discriminatoires à l’égard de la jeunesse centrafricaine.

Lors d’une conférence-débat avec les étudiants le 26 août à l’université de Bangui, le chargé de mission au ministère de la jeunesse et des sports, Daniel Nzewe a qualifié les dispositions de l’article 36 de la constitution qui porte sur la limite d’âge de 35 ans pour se déclarer candidat à l’élection présidentielle, discriminatoires à l’égard de la jeunesse centrafricaine. Car, dit-il, si cette constitution existait, le feu président David Dacko ne pourrait pas accéder à la magistrature suprême de l’Etat alors qu’il avait 28 ans.

« Les dispositions de l’article 36 de la constitution sont discriminatoires à l’égard de la jeunesse centrafricaine. La jeunesse centrafricaine c’est la tranche d’âge de 18 à 35 ans. Or, il se trouve que cette constitution dispose en son article 36 que pour être candidat à l’élection présidentielle, il faut avoir au minimum 35 ans le jour du dépôt de candidature. Cela veut dire que la fonction du président de la République n’est pas réservée aux jeunes. Le feu président David Dacko a pris le pouvoir lorsqu’il n’a que 28 ans. En sommes, ces dispositions exclues les jeunes à la course présidentielle », a déclaré Daniel Nzewe.

Le chargé de mission au ministère de la jeunesse a affirmé que la constitution du 30 mars 2016 est un copier-coller de la constitution du Mali de 1992. Elle avait été imposée par la communauté internationale aux autorités de la transition à l’époque par l’entremise de la MINUSCA et du PNUD. Selon ses propos, les constitutionnalistes centrafricains n’avaient pas eu le temps de transformer cette constitution. Ils se sont attardés juste sur les dispositions transitoires qui ne cadrent pas d’ailleurs à la réalité de l’heure. « Les dispositions transitoires ne cadrent pas avec la situation actuelle. La rédaction d’une nouvelle constitution ne donnera pas nécessairement l’occasion au président Faustin Archange Touadéra de briguer un 3e mandat. Car, s’il avait l’intention de se représenter pour un 3e mandat il devait prendre juste l’article 153 qui porte sur les verrous et soumettre au référendum afin de sauter tous les verrous. La réécriture d’une nouvelle constitution sera salutaire pour notre pays. Cette constitution du 30 mars 2016 est bancale. Il faut léguer un héritage solide à la jeune génération », conclut-il. 

Cette conférence-débat s’était déroulée autour du thème : historique de la rédaction de la constitution du 30 mars 2016, forces et faiblesses. Elle a vu la participation de plus d’une centaine d’étudiants venus de différentes facultés de l’université de Bangui.

Pétrus Namkoina