Le monde a célébré le 15 juillet, la journée mondiale des compétences des jeunes. Cette journée a été instituée par l’Organisation des Nations Unies (ONU) en vue de valoriser les compétences des jeunes au niveau local, national et mondial. En Centrafrique, les jeunes peinent à se faire valoir sur le plan professionnel par manque de compétences. Certains vivent mêmes dans des conditions déplorables et n’arrivent pas à s’épanouir à cause de multiples maux qui enfreignent leur épanouissement. A la lumière de cette journée passée inaperçue, il s’avère très important que l’on porte un regard particulier sur la situation des jeunes en République Centrafricaine.

En Centrafrique, la jeunesse représente 70% de la population, ce qui constitue un atout favorable pour son développement. Force est de constater que cette jeunesse est aujourd’hui marginalisée. La crise que le pays a traversée depuis fin 2012, n’a fait qu’aggraver la condition de vie de plusieurs jeunes. Elle est utilisée que pour des fins politiques comme un bouclier, un accompagnateur des leaders pour la réalisation de leurs pensées personnelles soit pour prendre les armes et détruire le pays.

Frappée de plein fouet, non-seulement par la pauvreté, le chômage, la mauvaise condition d’études, mais aussi par manque d’attention  à leur égard, les jeunes trouvent difficilement de l’emploi. Des jeunes que nous avons rencontrés à Bangui dénoncent le fait que sur le marché de l’emploi, on demande beaucoup plus des compétences ou d’expériences professionnelles de plus de cinq ans. Ce qui, selon eux, a augmenté considérablement le taux de chômage en milieu jeune. Ils ne savent à quel saint se vouer pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles.

« Trouver de l’emploi devient un casse-tête pour les jeunes. Alors qu’ils  ont de potentiels pour développer ce pays. Les étudiants qui finissent leurs études à l’université de Bangui avec des diplômes que ça soit licence ou master se butent au problème d’expérience professionnelle sur le marché de l’emploi. Certains d’entre eux cherchent par divers moyens leur réinsertion dans la société à travers les activités socio-professionnelles mais n’y arrivent toujours pas. Que deviendraient-ils ? » S’interroge un leader jeune qui a requis l’anonymat. Car, a-t-il dit, cette condition constitue un obstacle l’avenir de la jeunesse estudiantine.

Selon les statistiques établies par l’Agence Centrafricaine de Formation Professionnelle et de l’Emploi (ACFPE), établie en 2016, le taux de chômage en Centrafrique est d’environ 82% en milieu jeune. 73% de jeunes sont affiliés à l’ACFPE où ils ont déposé des demandes d’emplois.

Education et formation, base d’un avenir meilleur

Les nombreuses crises qui ont secoué le pays n’ont pas donné du crédit à une bonne éducation. A l’intérieur du pays, presque la quasi-totalité, des écoles sont détruites par des groupes armés soit utilisées comme des casernes pour ces derniers. Le système éducatif est caractérisé par un manque d’enseignants qualifiés. A cela s’ajoute, le nombre insuffisant  des infrastructures scolaires et l’état de délabrement avancé de certains bâtiments. Et pour cause ?

Peu scolarisés et moins instruits, bon nombre de jeunes se lancent dans les activités génératrices des revenu comme : des vendeurs à la sauvette, des conducteurs de mototaxis, colmatage des routes pour générer de l’argent afin de se prendre en charge. D’autres deviennent des consommateurs des substances toxiques : la cigarette,  l’alcool, la drogue. Ce qui pourrait, d’ailleurs compromettre leur avenir.

Evelyn Rodrigue, étudiant en 2e année de droit à l’université de Bangui indique pour sa part que la déperdition scolaire conduit de plus en plus les jeunes à la violation des valeurs démocratiques. Il ajoute que de nos jours, les jeunes confondent les valeurs démocratiques à des actions politiques et se lancent dans des mouvements et associations politiques en vue d’avoir de quoi pour survivre. « Dans le passé, les valeurs démocratiques sont des principes qui permettent à tout le monde de vivre en symbiose dans la société. On s’est rendu compte que la jeunesse est passée hors de ces valeurs et confond ces valeurs à une carrière politique. Je demande à mes paires de se battre afin de s’affirmer et trouver un emploi  qui les convient » a-t-il souhaité.

En République centrafricaine, il est établi que c’est une infime partie de jeunes qui a la chance d’avoir du travail dans les conditions voulues par la loi. Beaucoup de ceux qui travaillent ne sont pas protégés, rémunérés comme il se doit et tout ceci constitue des problèmes graves pour l’émancipation de cette jeunesse.                   

Pétrus Namkoina