Près d’un mois aujourd’hui après une mobilisation convoquée par le Front Républicain, le cercle de réflexion pour une Constitution républicaine (CRCR) a mobilisé plusieurs dizaines de milliers de personne à Bangui et à l’intérieur du pays pour montrer la volonté manifeste du peuple centrafricain pour la révision de la loi mère centrafricaine.

Ils sont à majorité des jeunes, des hommes et des femmes à répondre favorablement à l’appel du CRCR, dit cercle de réflexion pour une Constitution Républicaine. Ceux-ci ont tenu des banderoles et des vieux morceaux de carton ou on pouvait lire : « Oui à une nouvelle Constitution », « chaque peuple a droit à une Constitution qui lui convient », « nous voulons aller au referendum », etc…. Ces mêmes messages se retrouvent sur les banderoles des manifestants à l’intérieur du pays.

Bangui, précisément à la place des martyrs, autour de rôle, les représentants des formations politiques, des mouvements des femmes et des jeunes conviés à cette marche et certaines personnalités religieuses n’ont pas caché leurs motivations pour ce projet de révision de la loi fondamentale. Jean Christophe Gazanguiza, président de la délégation spéciale de la commune de Bégoua, en prenant la parole au nom des maires de la RCA, a souligné que toute œuvre humaine n’est pas parfaite, la Constitution du 30 mars 2016 selon lui regorge des imperfections d’où nécessité de la modifier.

Soulignons qu’un mémorandum a été remis au Premier ministre Félix Moloua présent à la manifestation, accompagné par certains membres de son gouvernement à l’exemple du ministre d’Etat de la Justice Arnaud Djoubaye-Abazène, Aristide Briand Réboas de la Jeunesse et des sports, Moukadas Noure de l’éducation et de l’enseignement secondaire et la cheffe du département des touristes Jennifer Saraiva, le ministre Contrôleur du secteur parapublic Roméo Gribingui et biens d’autres.

Dans ce document, les organisateurs à cette marche ont cité quelques articles comme 73, 74, et 76 qui selon eux ne reflètent plus les réalités politiques actuelles et notent aussi le caractère discriminatoire de la Constitution du 30 mars 2016, en son article 30 autorisant seulement des personnes âgées de plus de 35 ans à se présenter à l’élection présidentielle, alors que dans l’histoire de la République Centrafricaine, David Dacko était devenu à 28 ans.

Pour le coordonnateur du CRCR, Hyppolite Ngatté, il y a aussi des jeunes vertueux qui peuvent conduire la destinée de ce pays, donc il est hors de question d’écarter la jeunesse centrafricaine qui jouisse aussi des potentialités à postuler comme candidat à la présidentielle.

En réponse, le chef du gouvernement Félix Moloua a promis de remettre ce document à l’ayant droit, et se dit très surpris de cette mobilisation qui a vu la participation de toutes les couches sociales à Bangui,  Bossangoa, Sibut, Bangassou, Birao, Bambari, Berberati, Zemio, Paoua, Mbaiki, Carnot, Ndélé….

Lors de cette marché, on pouvait aussi voir des dissidents de certains partis politiques de l’opposition à marche. Il y a des manifestants au nom du parti Kwa Na Kwa , MLPC courant originel et RDC. Les leaders de ces partis ont dénoncé cette pratique, à l’exemple du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) de Martin Ziguele  et le Kwa Na Kwa de François Bozizé à travers son président par intérim Christian Nguénébem.  Le parti Kwa Na Kwa était représenté par le président de la jeunesse Kevin Sosthène Kpefio, suspendu du parti pour avoir participer au dialogue républicain qu’une partie de l’opposition avait boycotté. Ces leaders dénoncent une manipulation de la part des organisateurs de cette mobilisation.

Il est aussi important de préciser que depuis l’annonce de la révision de la loi fondamentale de la RCA, des avis se divergent autour de ce projet. Les proches du pouvoir veulent coute que coute modifier la Constitution du 30 mars 2016 donnant l’occasion au chef de l’Etat Faustin-Archange Touadéra de briguer un troisième mandat mais du côté de l’opposition démocratique ce projet est mal aperçu. Pour ces derniers, la priorité de l’heure c’est l’amélioration de la condition de vie des centrafricains qui vis au-dessous de 1 dollar par jour. Une partie de l’opposition a créé le Bloc républicain pour la défense de la Constitution du 30 mars 2016.

Pour l’heure le Chef de l’Etat Faustin-Archange Touadéra ne s’est pas encore prononcé sur ce sujet, même si le gouvernement a déjà donné un avis favorable.

Aussi, l’opposition démocratique qui a mis en place une plateforme n’a pas encore envisagé  pour contrecarrer sur le terrain ce projet controversé.

Le pays tend vers un nouvel référendum afin de départager les partisans de OUI et du NON.

Jean Ngbandi