Les populations NGBANDI occupent un territoire situé au sud de la République Centrafricaine entre la Sous-Préfecture de Mobaye et Bangassou. Il s’agit d’un écosystème de forêt dense humide vers Bangassou qui décline en forêt dense sèche vers l’Ouest. Les NGBANDI, originaires de la Nubie (Egypte) ont migré dès le siècle XV vers le Sud-Ouest pour des contraintes écologiques et en fuyant des razzias des négriers arabes ainsi que de la guerre sainte entre le DARFOUR et le KORDOFAN, pour aller s’installer en République Démocratique du Congo aux bords du fleuve Mbari et Shinko. Actuellement, ils habitent au bord du fleuve Oubangui, entre la RCA et le RDC . On peut trouver également quelques groupes au Congo Brazzaville, au Sud-est de Cameroun et au Sud-Ouest du Soudan. En RCA, ils se sont installés principalement entre Mobaye et Bangassou. Sa langue, le NGBANDI ou SANGO, est devenu la langue nationale de la RCA. A l’intérieur du groupe NGBANDI on peut distinguer : Sango, Yakoma, Dendi, Mbangi.

Au XIXème siècle les Yakoma formaient une forte Nation. Avec le minerai de leurs mines de l’Ouellé, ils avaient fabriqué une monnaie de fer, acceptée sur une grande partie du territoire centrafricain actuel et nommée guinza. En effet, La nation NGBANDI battait la monnaie depuis très longtemps avant l’arrivée des colons.

L’histoire des populations NGBANDI avec les colons, et avec ceux-ci, celle de la Centrafrique, commence en 1887 avec la première expédition belge, commandée par l’officier VANGELE, qui arrivait dans la région NGBANDI, en bateau de vapeur à la recherche d’ivoire. En 1889, les français arrivaient 600km à l’Ouest, fondant le poste de Bangui dans la course pour prendre le contrôle de la rivière droite de l’Oubangui. Le contact tant d’un côté du fleuve comme de l’autre va se voir facilité par l’adoption de la langue Sango, pidgin employé traditionnellement pour le commerce par les populations NGBANDI. Les NGANDI vont se dédier au transport des expédions coloniales vers le Haut Oubangui, et même jusqu’au Nil, et ceci pendant de longues périodes, créant ainsi une forte relation avec les colons qui les considéraient : • nécessaires pour le voyage comme piroguiers par le fleuve • réceptifs, soumis à l’autorité colonial, coopératifs et entrepreneurs • homogènes culturellement, socialement et linguistiquement • et installés stratégiquement tout au long du fleuve.

De plus, les villageois, habitant au bord du fleuve, en profitent pour s’approvisionner en nourriture et produits des colons. Et ils ont commencé également à faire le commerce avec eux en relation avec les mêmes marchandises et nombreux produits qu’ils échangeaient traditionnellement avec les NZAKARA et ZANDE, avec lesquels existaient en même temps une rivalité. En tout cas, ils étaient très appréciés du colonisateur. Ils ont plus rapidement intégré les postes de l’administration accédé á l’éducation. Aujourd´hui la plus grande partie des intellectuels du pays sont des YAKOMA-SANGO.

Les villages NGBANDI se composent d’environ 100 à 300 cases. Elles sont circulaires avec des parois basses faite d’écorces et un toit conique en herbe qui descend presque jusqu’au sol. Elles se dressent sur deux à quatre rangées au bord d’une rue.

L’exercice du pouvoir n’a pas connu d’organisation centrale mais se sont constitués comme d’unités indépendantes ou KODORO. L’exercice du pouvoir se régit par les principes hiérarchiques de : droit d’aînesse et de masculinité. Ce sont les ancêtres qui veillent à son respect.

Le GBYA est le titre donné aux souverains NGANDI, signifiant monarque, dynaste souverain. La population les distingue des MAKONZI, chefs de canton et de village imposés par les colons en destituant les GBYA, mais ces derniers ont gardé tout le respect et obéissance. D’autres personnages sont essentiels : GUERRIERS D’ELITE : qui souvent se constituent en corporation nommée LOMBE. Ils doivent faire preuve de courage. Autrefois étaient des gens très importants avec une grande influence. • FORGERONS : ils font les scarifications ainsi que la circoncision. Ils sont guérisseurs en même temps. • FETICHEURS-DEVINS : hommes et femmes, disciples de BENDO. Ils détiennent des pouvoirs surnaturels et constituent le lien entre morts et vivants.

Les SANGO-YAKOMA portent des scarifications, un tatouage caractéristique composé de petites ex- croissance de peau au milieu du front (entre 6 et , faites verticalement. Ce sont les forgerons qui font ces marques identitaires.

La langue, son indépendance, le respect des aînés, l’accueil, l’honnêteté, la recherche de la vérité, son amour du travail et la solidarité caractérisent ces peuples.

Les SANGO-YAKOMA se sont groupés en villages denses habitant dans chaque quartier les membres d’un même lignage. Le 1er né est le CHEF DE FAMILLE : c’est lui qui possède le TOLO pour le culte des ancêtres, le tambour NGO, le couteau de léopard et le KENGO qui est le symbole de l’Indépendance absolue.

Le célibat n’existe pas, il ne se conçoit pas. Les mamans sont les garantes de la virginité de leurs filles. Traditionnellement, si elles avaient failli, la jeune mariée encourait le risque de mourir ou d’être stérile. Traditionnellement ce sont les parents du garçon qui font le choix de sa future femme. L’opinion de la mère a un poids exceptionnel. Pour la dot, le futur mari donnait aux parents de la fille une certaine somme, d’une valeur moyenne de 100 nguiza, en nature, ou en ivoire, en cauris, en armes diverses.

La polygamie est très répandue et sans limite de nombre d’épouses. Malgré la subordination de la femme face à l’homme, les femmes YAKOMA-SANGO jouissent d’une plus grande marge de manœuvre que chez les autres populations.

Traditionnellement si une femme est surprise en adultère, elle était mutilée (d’une oreille, d’une phalange …). Apres on amène au TOLO quelques gouttes de son sang. Maintenant, on la bat et c’est le sang du cabri égorgé qu’on amène chez le TOLO. La viande de ce cabri est partagée entre les membres de la famille du mari, mais c’est interdit au mari et à la femme de manger.

Chez les SANGO-YAKOMA il y a une forte hiérarchie dans la fratrie : il existe la notion du droit d’aînesse avec une incessante remise de cadeaux des cadets aux aînés, des plus jeunes aux plus âgés, d’une génération à la précédente. De plus le jeune frère doit un respect obligatoire à son grand frère. Le petit frère ne peut pas s’assoir avec la femme du grand frère.

Les NGBANDI ont des chants et danses traditionnelles comme le : • Gbaduma : danse très saccadée et physique, elle se danse en agitant son dos de manière convulsive et le bassin aussi. • Le Lengué : beaucoup moins physique. Sa particularité est qu’il se danse avec des hochements de tête et des épaules en avançant avec des petits pas en avant et en arrière et puis à gauche et à droite.

Pour l’artisanat, les femmes fabriquent des poteries avec de l’arde ramassée au bord du fleuve. Les hommes forgerons qui jouent un rôle clé fabriquent des objets en métal. Les YAKOMA sont dépositaires d’un patrimoine particulier de fabrication d’armes de jet (harpons) utilisées pour la pêche. Ce sont des spécialistes du travail de fer et du cuivre ainsi que de son extraction, reconnus depuis l’ancienneté. Dans la région d’Ouango, le travail de la forge demeure aujourd’hui important.

Les NGBANDI croient en un DIEU SUPREME (NZAPA) mais on ne fait pas de représentations figuratives. Il est androgyne et commande le reste du panthéon NGBANDI composé des autres divinités comme Matombe, Bibinon, Bandombe Ketua, Lombe, Kanda, Mdawele. Selon leur mythologie, Les premiers hommes ayant peuplé ce pays venaient d’en haut. Ils se multiplièrent et invitèrent des groupes humains qui vivaient dans la forêt comme des sauvages à se joindre à eux et les civilisèrent. C’est ainsi que l’ancêtre fondateur, BANGALAPUMBA a eu huit enfants : Gbule, Gboma, Kulegenge, Dungam Tongu, Mbambu, Goro et Bandia. Ils passèrent alors sur la rive nord de l’Oubangui et de là, ils peuplèrent les deux rives du fleuve. On évoque aussi des génies de la forêt/GINARO, les objets de rituel employés sont les cendres et les métaux. Il y aurait également les génies de l’eau ou MBOMBA à qui on offre sans égorger des poulets blancs liés à des perches, ou des œufs. Il y a aussi des DEVINS, hommes et femmes, disciples de BENDO, qui font des prédictions avec des cauris ou des souris. Il existe une importante présence de la SORCELLERIE, Les sorciers (LIKUNDU ou NDI) sont des humains qui deviennent malfaisant provoquant la mort des autres pour s’approprier de leur chair. La victime suite à des actes magiques, commence à maigrir et finalement elle va mourir sans cause manifeste. Le sorcier mangera son cœur. Seuls les hommes KOKORO étaient capables de neutraliser les sorciers. Il existe également des Société Secrètes des Hommes LI « sorte de possédés, ayant dans la cavité abdominale un KUNDU (déformation spécifique ou tumeur) grâce auquel ils ont un pouvoir aussi mystérieux que dangereux »

Les ancêtres sont objet de culte. Ils assurent la cohésion du groupe, spécialement les ancêtres paternels. Ce sont eux qui garantissent la santé, la fécondité, la paix, la réussite.

Les cérémonies de deuil sont très importantes chez les SANGO et YAKOMA. Traditionnellement : Les hommes ou les femmes qui ont perdu un proche se mettent, soit autour de la ceinture, soit autour des reins, une gerbe de paille dont l’extrémité pend librement. Les femmes se noircissent le front y compris l’arcade sourcilière. D’autres ajoutent des guêtres de paille qui ressemblent à des jambières. A la perle Bavocha, certains préfèrent la Kinja, qui est une plaque de fer forgée.

Il existe également de fortes croyances sur les JUMEAUX-NGBO. Les parents sont tenus d‘organiser des danses et des repas en l’honneur de leurs enfants qu’ils croient doués de pouvoirs extraordinaires et dont, par la suite, ils subissent les caprices extravagants.

Sources : Mendiguren, Wikipedia.

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