Située dans la préfecture de la Mambéré Kadeï, la ville de Berberati en dehors du diamant et de l’or est connue aussi pour son célèbre piment très piquant. Il est de couleur jaune en forme d’enrobé et flétri. Ayant un parfum agréable, ce piment cultivé dans la localité soulève beaucoup de d’interprétation. La rédaction de l’Oubangui Médias en mission dans cette ville s’est intéressée à l’histoire du piment jaune.

L’on ne peut parler de la ville de Berberati sans parler de son fameux piment jaune, appelé communément « Gbêngbéngué » en gbaya, ce qui signifie « gros piment ». D’après certains natifs de Berberati, le nom du piment cache l’histoire d’un homme du nom de Gbéngué qui aurait mangé le piment sans modération et est décédé par la suite. D’où le nom de « Gbêngbéngué ».

Le piment jaune est devenu comme une marque de la ville de Berberati. Si on affecte un fonctionnaire dans la ville où si un commerçant décide de faire ses affaires à Berberati, le premier conseil que les gens lui donnent c’est  fait : « attention au piment jaune ».  Aussi, si un jeune homme qui s’est installé dans la ville et décide d’épouser une fille de Berberati, on le stigmatise en disant : « il a déjà mangé le piment jaune ».

C’est quoi cette histoire ?

L’histoire du piment Gbêngbéngué peut être considérée comme un mythe. Elle raconte que tout homme qui n’est pas natif de la ville et qui mange le piment « Gbêngbéngué », préparé dans une sauce par une fille ou femme de ladite ville, ne pourrait jamais traverser le pont de Batouri, c’est à dire qu’il va abandonner sa famille pour rester auprès de cette dernière.

Mr Zépherin Wessambo, un ancien et chef du quartier Djambala 2 nous clarifie l’histoire du piment jaune en disant qu’auparavant, leurs grands-parents pouvaient utiliser le piment jaune pour envoûter où assassiner les enfants gourmands : « Pour ce piment, nos grands-parents étaient capables de tuer un enfant qui mangeait sans leur laisser le reste de nourriture aux anciens. Et la nourriture qu’ils aimaient manger avec ce piment était le coco avec le champignon communément appelé ‘’sacossa’’. C’est ce qu’on nous a raconté ».

Il a ajouté que le piment Ggêngbégué en lui-même ne peut pas être utilisé pour envoûter une personne car, l’excès d’en manger peux mettre fin à la vie d’une personne. Il est très piquant et peux provoquer la mort. Par contre, certaines personnes utilisent le piment pour désenvouter et chasser les mauvais esprits.

Cependant, le chef Zépherin Wessambo a soulevé une problématique très importante: « si les femmes natives de la ville de Berberati utilisent ce piment pour envoûter les hommes pourquoi les hommes n’utilise-t-ils pas ce piment jaune pour conquérir les belles femmes afin qu’elles aussi abandonnent leurs foyers pour rester à Berberati? Je crois que, c’est le comportement et l’attention qui attirent l’homme et si elles devraient envoûter un homme cela devrait être avec une autre pratique, mais pas le piment ».

D’autres explications du Piment jaune

D’autres sources anonymes de Berberati comprennent l’histoire autrement : « Il ne s’agit pas de piment jaune, mais de la couleur jaune, attribuée aux belles femmes à teints clairs de Berberati. Vous savez qu’ici, le climat est doux, nous sommes dans la zone d’équateur. Il y a des pygmées qui sont comme des métisses. Les filles autochtones aussi. Regardez ma peau, c’est jaune, malgré mon âge avancé. Donc, on disait que si tu sors avec une fille brune de Berberati, tu ne pourras jamais l’abandonné pour rentrer chez toi, si tu es venus d’ailleurs, principalement les fonctionnaires qui sont affectés dans la ville. Les preuves sont là, il y a des fonctionnaires qui sont restés ou qui ont fait des enfants avec les filles d’ici, même les étrangers, notamment les Camerounais », a raconté à Oubangui Médias, Jacqueline, une mère d’une soixantaine d’années, qui dans sa jeunesse a fait un enfant avec un militaire affecté dans la ville de Berberati.

« Le piment jaune, c’est la beauté des femmes de Berberati. Nous sommes dans une zone de diamant, cette zone attire plusieurs personnes et les filles d’ici se font belles aussi pour attirer les hommes. C’est juste ça. Tu sors avec elles, mais tu risques de rester faire ta vie ici. Cette pratique se passe dans beaucoup des régions du pays. Donc, ce n’est pas le piment en tant que complément d’aliment », nous aussi expliqué Moussa Madeleine, une commerçante au marché central de Berberati.

Le piment jaune est cultivé aussi partout en Centrafrique. Mais, c’est à Berberati que cette histoire se raconte depuis plusieurs décennies. Mais selon les explications, il ne s’agit nulle part de l’utiliser pour conquérir les hommes.

Milca Bissidi