Le Conseil de Sécurité de l’ONU a renouvelé vendredi dernier pour un an le mandat de la Minusca. Ce renouvèlement n’a pas fait assez d’échos au sein de la population centrafricaine car elle n’a pas été une surprise.
Ce renouvèlement s’est opéré dans un contexte de tension entre le gouvernement et la mission onusienne en Centrafrique, une tension créée à la suite de l’incident survenu le 1er novembre proche de la résidence du président Faustin Archange Touadera.
Ce jour-là, des casques bleus égyptiens nouvellement arrivés à Bangui, selon la version officielle du gouvernement, prenaient des photos de la résident du chef de l’Etat. Interpellés, ils n’ont pas obtempéré. Après des tirs d’intimidation sans succès pour les arrêter, ils ont heurté à mort une fille de 16 ans avant d’essuyer des tirs de la garde présidentielle qui a occasionné une dizaine de blessés.
Même si la Minusca donne une autre version et refuse de coopérer avec le gouvernement pour une enquête conjointe, l’opinion nationale était surprise de la présidence de ces casques bleus proche de la résidence du chef de l’Etat.
Des manifestations ont été organisées par une certaines organisations de la jeunesse contre les multiples cas d’accidents provoqués par des véhicules de la Minusca. La tension semble être visible entre la mission onusienne et les autorités centrafricaines. Des communiqués contradictoires ont été publiés par les autorités Centrafricaines et la mission de l’ONU en Centrafrique.
Mais le gouvernement, par la voix de la diplomatie a su éviter le débordement afin d’instaurer le climat de confiance. La dernière sortie médiatique de la ministre des Affaires Etrangères Sylvie Baipo-Temon sur RFI illustre combien le gouvernement de Henri-Marie Dondra a évité de justesse une crise diplomatique.
C’est dans la foulée de cette tension que le Conseil de Sécurité des Nations-Unies a renouvelé pour une année supplémentaire le mandat de la Minusca qui garde son caractère « robuste », tout en ayant une orientation particulière pour appuyer le processus du dialogue Républicain en cours de préparation.
Sept ans de critique vis-à-vis de la Minusca
A sept ans de présence dans le pays, les forces onusiennes font toujours l’objet de critique parfois violentes pour ne pas parvenir à restaurer la paix et mettre hors état de nuire les rebelles qui ont pris une bonne partie du territoire en otage depuis 2013.
La mission onusienne est accusé de passivité. Elle est aussi accusé de connivence avec les rebelles. La Minusca est accusé de violer son propre mandat « Robuste » en laissant les rebelles s’emparer de plusieurs villes de l’intérieur du pays avant de franchir les portes de Bangui. Cette mission onusienne de plus de 12.000 hommes fait l’objet de critique au quotidien et visée par plusieurs manifestations des organisations de la société civile.
Le nouveau mandat reconduit les différentes tâches que la Minusca est appelée à exécuter au cours des 12 prochains mois en RCA.
Mais l’accusation du contingent portugais de trafic de diamant ternie l’image de la Minusca et renforce la défiance de la population vis-à-vis de l’Onu.
Fridolin Ngoulou
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