Ces derniers temps, on assiste à des malentendus parmi les membres du bureau du Conseil National de la Jeunesse Centrafricaine (CNJCA), affectant profondément cet organe de la jeunesse centrafricaine.

Tout est parti de la participation ou non de la jeunesse au comité de rédaction d’une nouvelle constitution. Alors que certains membres du bureau estiment qu’il faut y prendre part pour défendre les intérêts de la jeunesse, notamment la levée de verrou fixant à plus 35 ans l’âge requise pour être candidat à la présidentielle et l’érection du CNJCA à une institution républicaine pour garantir son indépendance, d’autres membres du bureau ont été catégorique car, ce projet de réécriture de la nouvelle constitution vise en fond à offrir une présidence à vie au président Touadera.

Pour départager les deux camps, la base, composant des leaders des jeunes avaient voté à majorité pour que le bureau du CNJCA envoie deux représentants. Ce qui a été fait. Mais, selon les informations Oubangui Médias, là où le bât blesse, ceux qui ont été désignés n’ont pas ceux-là finalement qui ont été entérinés par le décret présidentiel. Ceci concerne le vice-président Carl Michael Kikobet Pataki, le 1er vice-président du CNJCA dont son nom avait remplacé un autre leader désigné par la présidente du CNJCA Pamele Audrey Derom.

Une guerre sans précédente est alors lancée entre les deux premières têtes du CNJCA, qui  ne partagent pas une même vision politique en dehors de leurs charges à servir la jeunesse, au sein du CNJCA apolitique. Cette guerre intervient alors que les tractations pour la succession de la présidente ont déjà commencé. Le mandat du bureau actuel prend fin en février 2023 et l’actuelle présidente ne pourra plus briguer un autre mandat pour plusieurs raisons dont son âge. 

La présidente du CNJCA affirme être attaquée

Sur les réseaux sociaux, Pamela Audrey Derom, à la tête du CNJCA avait dénoncé les menaces et les intimidations de mort qui mettent en dangers sa vie. Des hommes armés non identifiés ont fait incursion à son domicile, brisant les pare prise du bus de la jeunesse. Mais, l’élément le plus déclencheur de cette division est la suspension de quelques membres du bureau par la présidente pour le non-respect des textes statutaires qui régissent l’organisation, notamment la participation aux activités politiques. Parmi les membres du bureau sanctionnés, se trouve le vice-président Carl Michael Kikobet qui a vu d’un mauvais œil la décision prise par sa présidente.

En revanche, le vice-président accuse sa présidente d’être de connivence avec le Bloc des Républicains pour la Défense de la Constitution (BDRC), un bloc de l’opposition. Il organise un rencontre avec quelques leaders statutaires pour démettre la présidente, en s’autoproclamant président par intérim. Le lendemain, un groupe de jeune envahi le siège du CNJCA, bloquant l’entrée à l’équipe du bureau notamment à la présidente. 

A en croire certaines indiscrétions, les anciens présidents de cette institution de la jeunesse centrafricaine seraient en train de se concerter pour  mener des pourparlers auprès des deux camps en vue régler ce problème. Mais, il nous semble que ces anciens leaders sont aussi divisés vue la position politique de certains.

Quel sera l’avenir de la jeunesse ?

Avec cette allure, l’avenir de la jeunesse centrafricaine EST hypothéqué, car le CNJCA qui est censé faire la leçon à la jeunesse centrafricaine en vue de nourrir l’esprit de pardon, de vivre ensemble, de la cohésion sociale est divisé et la  politique a pris le dessus.

Les jeunes surtout des provinces attendent d’eux la mobilisation du gouvernement et des partenaires pour la formation professionnelle des jeunes dans presque tous les domaines tels que la maçonnerie, la plomberie, la couture, l’élevage… Ce comportement discourtois et potins donne toujours raison aux Hommes politiques de manipuler facilement la jeunesse. Des hommes armés aussi en font pour entrainer les jeunes à prendre les armes pour détruire le pays. Si déjà l’organe qui a la responsabilité de rassembler les jeunes est fragilisé, cette jeunesse est alors sans repère, surtout que les jeunes accusent les anciens et les politiques de mauvaise gouvernance entrainant le sous-développement du pays. Cette jeunesse est le reflet d’un gangstérisme politique que le pays vit depuis plusieurs décennies.

Ce qui est sûr, la Centrafrique a manqué une politique fiable en matière de la jeunesse. La jeunesse constitue majorité de la population centrafricaine (65%). Mais 70% sont des chômeurs. Cette jeunesse est actrice et victime des crises que le pays connait depuis plusieurs décennies. L’analphabétisme a gagné ce milieu, faisant d’eux une proie facile pour la manipulation politique et aux fins armés. Les réels problèmes de cette jeunesse n’ont jamais été posés.

Avec l’allure où vont les choses, le Conseil National de la Jeunesse risque de connaitre le même sors l’Association Nationale des Étudiants Centrafricains (ANECA), qui a été suspendue après une crise qui l’a profondément rongé.  Donc, le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’éducation civique doit prendre ses responsabilités pour mettre de l’ordre, tout en respectant les textes de base de ce conseil de la jeunesse.

Aux dernières nouvelles, le ministre de la jeunesse Aristide Briand Reboas a reçu le bureau du CNJCA hier mardi en les invitant de respecter les textes et à revenir au bon sentiment dans un délai d’une semaine, sans cela, une mesure conservatoire sera prise.

Judes Romain Koualet